Parce que nous l’avons vu (plusieurs fois) en concert, osons affirmer que la musique française s’est trouvée une nouvelle voix tout aussi forte et singulière que celles de ses aînés. Une personnalité exsudant la mélancolie, la Bretagne, le foot, l’amour, le vrai. Rencontre avec cette nouvelle étoile de la chanson autour de la sortie de son premier EP, Mélancolie F.C., mixé par Julien Delfaud (Phœnix, Clara Luciani, Lou Doillon, Lomepal…), d’une témérité face aux épreuves et d’une intimité déchirantes.
Mixte. Le thème de notre numéro tourne autour des destinations inconnues.
Hervé. Ça tue.
M. D’où viens-tu ?
H. J’ai grandi avec ma mère et l’un de mes grands frères en banlieue parisienne, à Fontenay-sous-Bois, entre Trappes et Versailles, l’A13 et les Champs (Élysées, ndlr), à 45 minutes de Paris en Transilien. J’allais jouer au foot à Montigny-le-Bretonneux, à 30 minutes de chez moi. Je suis resté là-bas jusqu’à mes 18 ans, et puis je suis monté à Paris bosser et faire de la musique.
M. Tu étais quel genre d’enfant ?
H. Ça dépend des périodes ! (Rires) Jusqu’à 8-10 ans, j’étais assez joyeux, cool, mais hyperactif et hypersensible. Très vite, l’école ne m’a plus intéressé… J’ai failli sauter une classe, même deux, mais je ne l’ai pas fait et je me suis ennuyé. Au lycée, j’ai complètement décroché et j’ai passé mon bac en candidat libre.
M. Ton exutoire passait davantage par le foot ou la musique ?
H. J’ai commencé le foot à 4-5 ans. Le piano, je l’ai découvert plus tard, vers 10-12 ans, à travers une compile de musique classique qui traînait à la maison, avec une super jolie fille sur la pochette. Une sorte de best-of de Beethoven, les sonates, tout ça… Et là, le son du piano m’a transcendé complètement. Je me suis mis à jouer sur la table, c’était fou, j’avais des frissons partout. Ma mère a dit : “OK, on va voir ce qu’on peut faire…” À la maison, on n’était pas dans ces codes de la culture bourgeoise : danse classique, cheval et piano. On a trouvé un piano d’occase, je m’y suis mis et ça n’a pas fonctionné du tout. Il y avait comme une forme de dyslexie entre mes oreilles, le son et mes mains. J’ai abandonné l’école de musique, le piano est resté là, j’ai continué le foot jusqu’à 15 ans environ. Je me suis retrouvé à la maison avec ce clavier, j’ai repris quelques leçons, et là, j’ai compris. On dit souvent : “quand tu le sais, tu le sais”. Eh bien, je l’ai senti. Je me suis dit : “Je vais taffer, je m’en fous d’être connu, je vais juste organiser ma vie pour en faire le plus possible.” Aujourd’hui, j’éprouve encore ces premières sensations.
M. Tu n’as pas eu peur de décrocher de l’école ?
H. Pas du tout. Parallèlement au lycée, j’ai commencé à travailler à 16 ans pour acheter du matos et pouvoir bosser la musique chez moi. Mon meilleur pote avait une boîte de services. Mon premier job a été un déménagement chez Lagardère place de l’Étoile, de la remise en état. Et puis, je travaillais pendant les vacances de la Toussaint et de février. Ça me permettait de m’acheter des fringues, d’inviter mes copines au cinéma et de faire de la musique. Une fois que j’ai eu le bac, ma mère m’a dit : “Très bien, maintenant ça va le faire, on va se débrouiller”. On est partis avec elle et mon frère en Scénic à Pigalle chercher une carte son…