Avec son nouveau label Wildside, le créateur japonais Yohji Yamamoto s’ouvre à une mode genderfluid, réalisée en collaboration avec des artistes et des marques minimalistes, comme Dr. Martens et Ambush.

À bientôt 80 ans, Yohji Yamamoto n’est de toute évidence pas prêt à prendre sa retraite. Preuve en est, la création d’un tout nouveau label qui a vu le jour cette semaine, baptisé Wildside. Le styliste japonais, qui a, entre autres, habillé Elton John sur plusieurs de ses tournées et a créée les costumes de la plupart des films de Takeshi Kitano, a toujours pensé et retravaillé la couture traditionnelle, en combinant des éléments occidentaux et orientaux à sa guise. Sa signature ? Des coupes amples et des couleurs sombres, comme le noir “enveloppant” selon ses mots – une constante dans ses créations. Sa personnalité, très humble, et son esprit avant gardiste ont fasciné nombre d’artistes, comme le réalisateur Wim Wenders, qui lui a consacré un documentaire. Si sa mode a toujours été profondément androgynes, avec des silhouettes féminines inspirées du vestiaire masculin, avec Wildside, il va un cran plus loin et imagine une mode résolument unisexe.

Wildside prend un parti pris fort, celui de concevoir une mode non-genrée, en s’associant à d’autres marques minimalistes et genderfluid pour chacune de ses collections. Parmi les marques associées à Wildside on retrouve Ambush, Dr. Martens, Hysteric Glamour, Minedenim et Needles. Le pop art innovant d’Ambush côtoie les tenues sportives et décontractées de Needles, l’élégance intemporelle de Borsalino et la modernité de Minedenim… On trouve ainsi dans le vestiaire Wildside des pantalons larges et brodés, ornés de motifs rouges (utilisés pour sa collection “Flowers and Boyhood”), des bleus de travail et des tenues sportives afin de les réintégrer dans l’avant-garde vestimentaire. L’idée est de rassembler sous cette marque “l’essence” même du travail de Yamamoto, au-delà du simple cadre de la mode vestimentaire. C’est pourquoi ce projet conceptuel met aussi en avant des artistes photographes, peintres, des œuvres d’architectes : Daido Moriyama, Takeru Amano, Takay… Des artistes qui, comme Yamamoto, travaillent sur les formes géométriques, les nuances d’ombre et de lumière, et portent une grande attention aux détails. Avec un appel certain vers l’indiscipline, l’incontrôlable, le sauvage, bref le “wild side”.