En 2006, Nadine a un coup de foudre pour le Brésil et plaque tout pour s’y installer et développer un savoir-faire mode au sein des favelas, d’abord avec l’association ModaFusion qui travaille avec les femmes, puis au début des années 2010 avec l’établissement de la Casa Geraçao, première “école de mode” dédiée aux enfants et adolescents des quartiers difficiles de Rio. Un parcours compliqué mais couronné de succès, avec défilés à la Fashion Week de São Paulo à la clé. Après les attentats de 2014, Nadine ressent le besoin de rejoindre la France, afin d’y dupliquer son projet. Très vite, le 93 s’impose comme un choix évident : “C’est le département le plus jeune de France, le plus métissé aussi, avec plus de 150 nationalités recensées, mais qui détient aussi le plus faible taux de scolarisation et le record de chômage.” Des parallèles avec le Brésil qui ne la laissent pas indifférente, tout comme le hasard : une rencontre avec l’entrepreneur Cyril Aouizerate, sur le point d’ouvrir son Mob Hotel à deux pas des Puces de Saint-Ouen, bouscule tout. Il propose un local pour héberger la nouvelle école, la première promotion fait sa rentrée en septembre 2017. “Le plus difficile a presque été de recruter les élèves ! Il a fallu aller à leur rencontre, leur proposer de les aider dans la rédaction de leurs dossiers de candidatures…” Diffusé en juillet 2019 sur C8, le documentaire Seine-Saint-Denis style de Florie Martin, produit par Mélissa Theuriau, revient sur les temps forts de cette première année : rendez-vous avec les enseignants, les professionnels (Jérôme Dreyfuss, Maroussia Rebecq de la marque Andrea Crews…), création de maillots pour l’équipe de France mythique de 1998 et rencontre avec Zidane, préparation du défilé… Mais aussi les absences à répétition, les décrochages… Si les élèves ont une personnalité hyper forte et attachante, ils gèrent aussi trajets interminables, emplois du temps compliqués, problèmes familiaux. “Nous sommes une Casa, souligne Caroline Tessier, impliquée depuis le début et codirectrice depuis la rentrée 2018. Cela implique forcément un côté très proche, voire maternel dans nos relations avec les élèves. L’absentéisme est un problème important.” Pour trouver un écho auprès d’élèves issus de parcours atypiques, la Casa 93 a mis en place un programme pédagogique très particulier : “Nous avons déjà gagné deux prix d’innovation pour notre approche, souligne Nadine Gonzales. L’idée est de mettre en valeur à la fois le personnel et le collectif.