La version bleu blanc rouge de la légendaire émission de télé-réalité américaine de drag queens, “RuPaul’s Drag Race”, arrive à toute allure le 25 juin, date de la pride de Paris. En attendant la diffusion des premiers épisodes, l’émission a dévoilé le casting de queens en compétition et un premier teaser. Let’s Sissy that walk!

On ne présente plus la légendaire émission de compétition de drag-queens de Ru Paul née aux Etats-Unis en 2009. Avec 14 saisons, 3 récompenses aux Emmy Awards et 10 adaptations à l’étranger, RuPaul’s Drag Race est devenue un véritable phénomène et a largement contribué à donner de la visibilité à l’art drag à l’international, resté jusqu’alors très marginalisé. Avec 10 versions adaptées en dehors des states, on s’impatientait de voir Drag Race débarquer un jour en France. Après une longue attente, l’annonce de l’arrivée de l’émission et le début du tournage en mars dernier a chamboulé la scène drag française. “Les participantes ont été prévenues un mois avant le début du tournage. Elles se sont immédiatement ruées sur leur téléphone pour qu’on leur fasse des tenues. Certaines avaient réservé des créneaux avant même de savoir si elles étaient prises ou non.” confie Axel Boursier, costumier indépendant en charge des tenues de plusieurs queens pour l’émission. Un défi de taille attendait Endemol et France TV, à la tête de la production de Drag Race France, créer un programme de divertissement drôle, créatif et engagé, soucieux de défendre les intérêts et la diversité de l’art du drag à la française sur fond d’acceptation de soi.

Drag Race France, diffusion le 25 juin à 20h sur France 2 et France TV Slash.

Le jury – élément clé du show, chargé de désigner la queen la plus démente de la sélection – a été révélé en mars dernier. Aux commandes ? Nicky Doll, drag queen incontournable de Paris à NYC et participante dans la saison 12 de l’émission de Drag Queen, Kiddy Smile, éminence de la scène ballroom française et figure de l’empowerment queer et Daphné Burki. L’annonce du tournage de l’émission, alors que le casting était encore inconnu, avait créée une vague d’inquiétude dans le milieu drag. Quelle représentation l’émission allait-elle donner de celui-ci ? “La scène drag française va de la queen policée à a queen très politisée. Je crains que l’émission ne représente qu’une seule vision du drag français, celle qui colle au format du programme”, s’inquiétait alors Vajinette de la Vologne, vainqueure de la 3ème édition du concours Drag Contest, lancé sur Insta. D’autres craignaient un nombrilisme parisien au détriment d’autres scènes, comme Lyon, réputée pour être plus queer et plus punk. Le suspens est tombé il y a quelques jours avec la révélation des queens retenues au casting. Sur 450 prétendantes au trône, 10 queens ont été retenues pour participer à la compétition. Parmi elles, des représentantes de la scène parisienne foc, mais aussi de Clermont-Ferrand, Bordeaux et Toulouse, une femme trans, La Briochée et deux queens racisées. Peut mieux faire niveau représentation, mais pour une première, c’est déjà pas mal, en sachant qu’il aura fallu 13 saisons pour l’émission mère de Ru Paul aux Etats-Unis pour voir une femme trans dans les rangs de la compétition. La petite soeur française de RuPaul Race Drag affiche visiblement la volonté de ne pas tomber dans les mêmes écueils que l’émission américaine…

Pour nous faire patienter jusqu’au 25 juin, un premier teasing vidéo du show a été dévoilé et, à en voir les images, on peut s’attendre à des moments assez mythiques. Challenges, battles de lipsync et costumes de folie semblent être de rigueur. Le premier épisode a prévu de mettre la barre déjà très haute avec un défilé ayant pour thème « Liberté, Egalité, Jean Paul Gaultier », le créateur de mode a d’ailleurs été convié à élire la gagnante pour l’occasion aux côtés du jury permanent, et un lipsync sur les paroles de « Brûler le feu » de Juliette Armanet. L’émission a pris le parti de ne pas reprendre les expressions emblématiques du show de Ru Paul comme « Okuuur » et « Sashay Away », et de créer son propre champ lexical français, un « devoir envers la communauté drag française » selon Nicky Doll. Cette mission a été confiée à Raphaël Cioffi, co-producteur et plume légendaire au service de Jean Paul Gaultier depuis plusieurs années. Tous les ingrédients et talents semblent a priori réunis pour faire de l’adaptation française du show de Ru Paul une réussite. Et cela tombe plus qu’à pique, alors que l’état du Texas, républicain obviously, se penche sur un projet de loi visant à interdire la diffusion de shows drag sous prétexte de protéger les enfants « d’adultes déviants », Drag Race France apparaît comme un beau point levé bleu blanc rouge.