Veste en cuir, manchettes d’oreilles et choker Alexander McQueen

Le nouveau numéro de Mixte pour la saison automne-hiver 2019/20 a choisi de se concentrer sur le futur incertain qui nous attend. À l’heure des agitations politiques, des mouvements sociaux, de la crise climatique et de la cristallisation des différents types d’engagements, une seule question subsiste : où allons nous ? « Destination : Unknown ».

Daniel Arsham y pense tous les jours. Marine Serre aussi. L’artiste Joshua Citarella sans doute également. Hervé, Nelson Beer, Cléa Vincent ou Vendredi sur Mer nous proposent de l’attendre en dansant. Attendre quoi ? Cet avenir incertain, cette possibilité d’une île, d’un quelque chose dont nous ne sommes plus très sûrs qu’il sera joyeux ou positif. Longtemps, notre préoccupation principale a été de nous demander : “qui sommes-nous ?” Aujourd’hui, notre questionnement bascule plutôt du côté de : “où allons-nous ?” Même la mode, pourtant encline à rester dans sa bulle, a senti le vent tourner. La disparition de Karl Lagerfeld en février nous signalait la fin absolue d’une époque, comme un signal au début d’une fashion week bardée de propositions dark et guerrières apocalyptiques.

D’où ce constat : destination ? Inconnue. Pour Mixte aussi, c’est la fin d’une époque. De la mienne, en tout cas. Une aventure qui aura duré près de 15 ans et 64 numéros. Ça en fait, du papier ! Mais aussi des rencontres, des coups de cœur et de gueule. J’ai connu le magazine en format mensuel, bimestriel, trimestriel, semestriel, toujours différent, toujours lui-même. De village gaulois dans un grand groupe de presse, nous sommes passés publication indépendante, avec de joyeux bureaux dans le cœur de Paris. Paru en février 2005, mon premier numéro au sein de l’équipe de Mixte proposait en couverture The Kills, photographiées par David Bailey. À l’époque, le rock faisait vibrer la mode, les gens applaudissaient à la fin des défilés, nos moindres faits et gestes n’étaient pas étalés en simultané sur les réseaux sociaux, Chanel faisait des shows sans scénographie et Hedi Slimane affirmait une silhouette filiforme. Nos préoccupations se résumaient à savoir si untel, rencontré la veille, allait nous rajouter dans ses “Top Friends” sur MySpace, et si nous allions avoir un pass pour le festival des Inrocks. Et une décennie et demie plus tard, tout a changé, ou presque (merci Hedi, pour ta constance).

À l’heure où j’écris ces lignes, il fait 40 °C À Paris, l’assemblée vient de voter le CETA malgré les exhortations de Greta Thunberg et Boris Johnson a été nommé premier ministre de mon pays d’origine. C’est avec beaucoup de nostalgie et pas mal de fierté que je boucle mon dernier numéro de Mixte. Merci à ma “famille” du journal et à tous ceux que j’ai croisés au fil des saisons. Je me lance moi aussi vers un futur incertain. Destination ? Inconnue.