M. Vous êtes aussi apparue dans Orpheline, d’Arnaud des Pallières, en 2016 et L’Amant double, de François Ozon, en 2017. Quelle a été votre première expérience de cinéma ?
F. S. C’était en 2015. Je doublais Lily-Rose Depp dans La Danseuse, de Stéphanie Di Giusto. À chaque fois que la réalisatrice me demandait de continuer à jouer un petit peu après avoir dansé, le fait de m’exprimer autrement qu’avec le corps me plaisait beaucoup. Petit à petit, j’ai laissé cette envie grandir, et après le tournage de Vernon Subutex, j’ai écrit à Fanny Minvielle, agent chez UBBA. Je me trouve un peu culottée d’avoir fait ça parce que je n’avais pas grand-chose à lui montrer. Nous nous sommes rencontrées, je lui ai confié mon envie d’être comédienne. Comme elle a aussi des affinités avec la danse, elle est venue me voir à Avignon dans Anna, un spectacle chorégraphié par mon amie Laura Arend, qu’on va tourner un peu partout, au Luxembourg, en Allemagne, au Burkina Faso, en Israël, à New York, au Texas, au Panama… J’avais vraiment envie d’être actrice, mais c’est difficile de se sentir légitime parce qu’il y a plein de danseurs qui, à l’âge de 30 ans, deviennent comédiens ou professeurs de yoga. Moi je fais les deux. Un vrai cliché.
M. Comment imaginez-vous la suite ?
F. S. Tout s’imbrique. Ma philosophie, c’est de rester ouverte à tout ce qui peut se passer. Je n’ai pas le sentiment de m’éparpiller en jouant. Au contraire, je continue dans la même direction. Quand je chorégraphie, je fais rire les danseurs car je leur demande toujours d’imaginer des histoires à partir de leurs mouvements. Ça rejoint la danse-théâtre conçue par Pina Bausch : le chorégraphe part d’un mot, la tendresse, par exemple, à partir duquel les danseurs inventent cinq mouvements. Ils peuvent aussi changer leurs émotions sur un même geste. La comédie et la danse sont très liées. Aujourd’hui, s’il fallait que j‘arrête la danse un an pour un rôle, je le ferais. J’ai conscience qu’être comédien, c’est un métier. Je voudrais suivre des cours pour avoir une base qui me permettrait de reprendre trois fois la scène lors d’un casting et que ce soit bien même si ça ne tombe pas un bon jour. En danse, j’ai acquis une technique. Là, par exemple, j’ai un orteil cassé, mais je peux danser.