Mixte Magazine

1. Le coup de maître de Glenn Martens chez Diesel

Si la saison Automne-hiver 2022 devait appartenir à un créateur et à un seul, ce serait sûrement Glenn Martens. Non content d’avoir sorti une collection Y/Project qui restera comme l’une de ses meilleures depuis qu’il est à la tête de la maison, mais aussi d’avoir proposé une collection couture pour Jean Paul Gaultier qui a secoué le petite monde de la mode par sa beauté, son drama et sa créativité, le créateur belge a réussi à s’imposer cette année comme l’une des personnalités majeures de l’industrie notamment grâce à sa première collection réalisée pour Diesel où il a pu montrer toute l’étendue de son talent dans la confection denim. Dans une sorte de set faisant penser à une caverne parsemée d’énormes sculptures gonflables de mannequins (littéralement) le cul en l’air, face contre terre et agenouillées (qui rappelaient par la même occasion les œuvres subversives de Niki de Saint Phalle), Glenn Martens a montré de longs trenchs imposants, des mini-jupes ou encore des jeans classiques revus avec des coutures ondulées et bancales. Le tout complété par quelques éléments de motorsport (vestes de moto moulantes, jupes en cuir à l’allure de ceinture) et l’utilisation de fourrures et moumoutes en tout genre parsemées ici et là, avec une volonté prononcée pour un choix de couleurs criardes (vert acide, rose, orange, lamé etc).

2. Les débuts réussis de Matthieu Blazy chez Bottega Veneta

Après le départ soudain de Daniel Lee de chez Bottega Veneta (qui avait réussi à refaire rentrer la marque dans le top 5 des marques milanaises), on attendait beaucoup de son nouveau directeur artistique Matthieu Blazy. Si la pression était forte, le designer belge passé par Balenciaga, Raf Simons, Maison Margiela Artisanal, Celine, et Calvin Klein a malgré tout réussi son pari et rempli sa mission en proposant une collection en continuité avec les silhouettes passées de Lee et de nouveaux éléments qui annoncent son propre style à venir pour la maison italienne. Point fort : du tailoring, du lamé, des imprimés, des robes, de la fourrure mais surtout l’utilisation du cuir si cher à l’identité Bottega Veneta mais cette fois-ci décliné dans différentes teintes colorées (marron, rouge, brun, noir, violet parme, jaune acide). Mais ce sont surtout ses silhouettes à l’apparence normcore jean + débardeur blanc (cela dit plus subtiles et complexes qu’il n’y parait) qui ont apporté quelque chose de frais quand elles étaient associés à des accessoires ultra-désirable comme les sacs à main en cuir tressé.

3. L’éternelle fantaisie de Gucci

Une fois de plus Alessandro Michele a marqué les esprits en mettant la fluidité des genres au centre de sa collection. D’abord avec une collaboration avec Adidas, mais aussi avec l’utilisation de vêtements dits plutôt féminins associés à des silhouettes masculines et vice versa. Résultat, on a pu voir toutes sortes de costumes à double boutonnage, des smokings en velours, des casquettes de baseball, de la fourrure, du cuir, des imprimés, du monochrome criard, du lamé, du mix and match ou encore des robes de Gala. Bref, un gloubiboulga mode dont seul Michele a le secret. D’ailleurs, cette collection tire son nom, “Exquisite Gucci”, du jeu de salon surréaliste Cadavre Exquis, par lequel une collection d’images ou de mots était collectivement assemblée en un tout plus convaincant… Tout s’explique.

4. La femme-double de Fendi

Avec sa collection automne-hiver 2022, Kim Jones nous a probablement offert l’un de ses meilleurs crus depuis qu’il est à la tête de la maison romaine. Déjà parce qu’il a permis à Bella Hadid de faire son grand retour sur les podiums après presque deux ans d’absence (big up !) mais surtout parce qu’il a eu la bonne idée de réadapter de façon réussie des classiques de la maison Fendi. D’un côté, une inspiration boudoir, avec des silhouettes diaphanes (dans des tons roses poudrés, beiges, verts pistache) jouant sur la nudité et la transparence notamment grâce à l’utilisation de mousseline de soie ou de coton. De l’autre, des silhouettes plus strictes et plus sombres piochant dans les codes du tailoring (grand trench, tailleur, pantalon cintré, taille haute etc), donnant ainsi l’idée d’une femme-double, autant à l’aise dans son intimité et sa fragilité que dans son caractère et sa force de persuasion. L’inspiration pour cette saison, a expliqué Kim Jones, lui est venue lorsque Delfina Delettrez Fendi – la fille de Silvia, tu connais – s’est présentée au bureau dans une chemise de la maison issue de collection de 1986, qui à son tour a été référencée par Karl Lagerfeld en 2000. Makes sense.

5. L’héritage éclectique et subtil de Prada

Depuis que Miuccia Prada a fait venir Raf Simons chez Elle, Prada fait des étincelles. Et celle collection automne-hiver le montre davantage. Pour cette saison, la créatrice italienne et le créateur belge ont décidé de revister et réinterpréter les classiques et éléments constitutifs du vocabulaire Prada : silhouettes sobres, pièces du vestiaire masculin subtilement modifiées pour embellir et célébrer le corps féminin, manteaux aux décolletés architecturaux, jupes corolles, vestes tailoring, bombers XXL brodés, pulls imprimés Wallpaper, manteaux en tweed ornées de plumes etc. Bref, le meilleur de Prada dans une silhouette toujours sharp, conceptuelle et intellectuelle. Prada or Nada, comme on dit.

6. La tendance “Moumoute toute”

Alors que l’icône incontestée des années 2000, aka Britney Spears, est sur le point de prendre sa grande revanche en mettant fin à des années de mise sous tutelle abusive de son propre père, la mode a décidé d’invoquer l’an 2000 sur les podiums de cette saison SS22. Coïncidence ? je ne crois pas. C’est d’abord pendant la FW de NYC qu’on avait observé ce revival des 00’s avec des robes, des jupes et des tuniques portées par dessus des pantalons chez Helmut Lang et Thom Browne. Puis, à Milan, chez Blumarine, on se voyait carrément s’enjailler sur « Baby One More Time » comme à la bonne époque devant le lâché de papillons sur les tops et les ceintures qui s’offrait à nous. A Paris, Miuccia Prada, herself, a confirmé que les années 2000 revenaient bel et bien en force cette saison avec son défilé Miu Miu et ses micro-jupes taille basse. Free Britney and bring the 00s back. Okay, le message est bien passé.

7. La tendance “Dures à cuir”

À quoi ressemblerait Milan sans le cuir ? Probablement à des pâtes sans sauce tomate. Alors pas étonnant que les marques italiennes aient ressorti cette année la matière qui leur a permis de se faire une renommée à l’internationale. Le cuir squatte ainsi les collections de Diesel, Tod’s, Prada, Versace, MSGM, MM6 Maison Margiela ou Gcds.

8. La tendance “Let’s have a kinky”

À Milan, on s’est dit que ce serait bien cette saison de montrer son côté kinky et BDSM. Pourquoi pas, ça ne mange pas de pain. Vue chez Versace, Blumarine, Roberto Cavalli ou encore Gcds.

9. La tendance “Lamé de fond“

Autre tendance à ne pas négliger cette saison à Milan, c’est le grand retour du lamé eighties, avec un côté tacky revendiqué et remis au goût du jour. Vu chez Roberto Cavalli, Moschino, Diesel, Gcds ou encore Alberta Ferretti.

10. La tendance “Velvet Underground”

C’est l’hiver alors forcément, il est temps de ressortir son vieux velours, qu’il soit utilisé en costume, en robe, en veste, comme chez Moschino, Alberta Ferritti, Emporio Armani ou Blumarine.

11. La tendance “Bonsoir Boudoir“

On a déjà la tendance kinky, alors pourquoi pas ne pas avoir une tendance boudoir un peu plus douce et sensuelle mais tout aussi sexy en jouant avec des éléments de lingerie ? C’est le cas chez Fendi, Alberta Ferretti, Gcds et Versace.