Dior Cruise 2024

Des tee-shirts à slogan, des collaborations avec des femmes artistes du monde entier et une lecture féministe de l’héritage de la maison Dior, la créatrice laisse à l’Histoire de la mode une trace indéfectible. Retour en dix points sur ses plus grands moments.

Après huit ans de bons et loyaux services, Maria Grazia Chiuri a annoncé officiellement son départ de la maison française. Un secret de polichinelle pour une bonne partie de l’industrie de la mode où les rumeurs sur son départ enflaient depuis plusieurs semaines. Première femme à la tête d’une telle maison de Couture, la créatrice originaire de Rome cède sa place au designer irlandais Jonathan W. Anderson qui dirigera les départements femme, homme et accessoires et présentera sa première collection à l’occasion de la fashion week parisienne Homme FW25/26 au mois de juin prochain. En attendant ce nouveau départ, Mixte revient sur les 10 moments les plus iconiques de Maria Grazia Chiuri à la tête de Dior.

1. Quand elle a réinventé le t-shirt à message
Dior Printemps-été 2017

Lors de la fashion week printemps-été 2017, Maria Grazia Chiuri casse l’industrie et internet en faisant apparaître sur le catwalk une mannequin arborant un t-shirt au message percutant : “We should all be feminists”. Un statement emprunté à l’autrice et philosophie nigériane Chimamanda Ngozi Adichie. Une façon pour la créatrice italienne d’asseoir dès le début de sa prise de fonction son engagement pour la cause féminine. “J’ai voulu l’écrire sur un T-shirt blanc, porté sur une jupe de tulle noir, très féminine, pour insister sur le fait que féminité et féminisme peuvent et doivent être complémentaires, avait déclaré Maria Grazia Chiuri à l’époque. “Le fait d’être la première femme à devenir directrice artistique de Dior me donnait une grande responsabilité vis-à-vis des femmes”.

2. Quand elle a relancé les slingback
Slingback J’adior, Printemps-été 2017

Dévoilés lors du défilé printemps-été 2017, les slingback aux rubans estampillés “J’adior” sont l’une des marques de fabrique de la “Maria Grazia Chiuri era”. Devenus un accessoire incontournable, copiés par la fast fashion à foison, elles dévoilent le talon en version ballerine ou escarpin et bénéficient du savoir-faire ancestral des ateliers de la maison de couture. Noires, beiges, denim ou toile-de-jouy, pièces collector en vue.

3. Quand elle a créé un it-bag
Le sac Book Tote lors du défilé Dior Printemps-été 2018

Inspiré par un voyage en Argentine et des techniques artisanales qui consistent à personnaliser les selles à l’aide de dessins découpés et pensé pour voyager avec ses livres l’été, Maria Grazia Chiuri a inventé pour le printemps-été 2018, l’un des sacs devenus emblématiques de la marque – et l’un des meilleurs best-sellers – le Book Tote, ce cabas brodé et personnalisable. Avant d’arriver chez Dior, la créatrice avait d’ailleurs fait ses armes avec la ligne de maroquinerie chez Fendi puis chez Valentino où elle a supervisé le département accessoires avant d’être nommée codirectrice avec Pierpaolo Piccioli.

4. Quand elle a rendu hommage à Dalí et consors
Dior couture Printemps-été 2018

Pour sa collection Couture printemps-été 2018, c’est vers le surréalisme que Maria Grazia Chiuri se tourne. Man Ray, Dalí, Miró, Magritte, mais surtout Leonor Fini, une femme peintre du mouvement. Le Musée Rodin est alors transformé en un gigantesque échiquier, le catwalk paré d’un damier noir et blanc qui fait échos aux jeux de lumières des créations où les plumes jaillissent, les ligens sont déconstruites et les masques, plutôt que de cacher les yeux, les subliment, clin d’œil au travail de Dalí, obsédé par l’organe. S’en est suivi un bal dans les jardins du musée Rodin, qui rappelait la grande époque de monsieur Christian Dior, lui, obsédé par les bals.

5. Quand elle a désinvisibilisé l’histoire des Teddy Girls
Dior Printemps-été 2019-2020 © Sarah Pintadosi

Comme pour de nombreuses collections, pour celle de l’automne-hiver 2019-2020, Maria Grazia Chiuri puise dans l’Histoire du féminisme. Cette année-là elle décide de piocher dans celle des Teddy Girls, le pendant féminin des Teddys Boys, un mouvement militant né dans les années 50 en grande Bretagne et issu du milieu ouvrier. Parmi les coupes fifties propres à la maison, des carreaux punk et encore un tee-shirt à slogan qui casse Internet où est inscrit “Sisterhood is global” qui fait référence à l’anthologie d’écrits féministes du même nom, parue aux États-Unis dans les années 1970 sous la houlette de Robin Morgan.

6. Quand elle a fait de la femme une divinité
Dior Couture Printemps-été 2020

Pour sa collection printemps-été 2020, Maria Grazia a une nouvelle fois affirmer son amour des femmes ainsi que leur caractère (quasi-)divin ; et ce à travers une installation monumentale de l’artiste américaine Judy Chicago construite dans les jardins du Musée Rodin, lieu emblématique où sont présentées les collections couture de la maison Dior. Baptisée “The Female Divine”, (la femme divine), l’installation en question était composée de calicots géants brodés où l’on pouvait notamment lire What if Women Ruled the World ? » (Et si les femmes dirigeaient le monde). Vous avez quatre heures.

7. Quand elle s’est inspirée du Caravage
Campagne Dior Printemps-été 2021

Après sa campagne Resort 2021 inspirée par les peintures préraphaélites, Maria Grazia Chiuri a renoué une fois de plus avec l’art classique pour la campagne de sa collection printemps-été 2021. Réalisée par la photographe Elina Kechicheva, ladite campagne évoquait les compositions baroques et l’utilisation de la lumière à la manière du Caravage. Cette direction artistique entretenant un dialogue avec l’art, Maria Grazia Chiuri l’avait entamé depuis plusieurs saisons, d’abord à travers le court-métrage signé Matteo Garrone, puis avec le défilé pharaonique de Lecce, suivi de la campagne Resort 2021.

8. Quand elle a popularisé l’art d’Eva Jospin
Dior Printemps-été 2023

Au Jardin des Tuileries cette fois-ci, pour présenter la collection printemps-été 2023 intitulée Nymphées et inspirée par Paris et Catherine de Médicis, Maria Grazia Chiuri choisit l’artiste alors montante, Eva Jospin pour signer le décor. Le résultat, une grotte baroque réalisée en carton et inspirée par celle des Buttes Chaumont, de la Villa Lita en Lombardie ou encore par les fresques du Palais chinois de Palerme. Une atmosphère organique, symbolisant le changement et la métamorphose, propre au travail de l’artiste, ancienne pensionnaire de l’académie de France à la Villa Médicis à Rome… Ville natale de Maria Grazia Chiuri.

9. Quand elle a upgradé l’Écosse
Dior Cruise 2025

Après avoir présenté sa collection Cruise 2024 au Mexique, Maria Grazia Chiuri a choisi de s’envoler pour l’Écosse pour y présenter sa collection Cruise 2025. Elle a plus particulièrement investi les jardins du château de Drummond, un joyau architectural du pays de Marie Stuart. Résultat, la collection, qui avait été en partie élaborée avec des artisans locaux, mélangeait habilement les références historiques et vestimentaires écossaises, allant de la Renaissance à l’emo, en passant par le punk, le grunge et l’aristo, avec des silhouettes composées de bonnets à pompon, kilts et tartan, cachemires, vestes Barbour ou encore plaid brodé. Probablement l’une des meilleures collections croisière réalisée par Maria Grazia Chiuri à la tête de Dior.

10. Quand elle a tiré sa révérence dans sa ville natale
Dior Cruise 2026

Pour présenter sa dernière collection croisière 2026, qui était composée aussi de quelques silhouettes couture, Maria Grazia Chiuri a choisi d’aller à Rome, sa ville natale. C’est donc au sein de la Villa Albani Torlonia que Maria Grazia Chiuri a mis en scène cette collection dont la vision principale trouve racine dans la figure d’Anna Laetitia Pecci, plus connue sous le nom de Mimi Pecci Blunt, une aristocrate du XXe siècle, mécène des arts et fondatrice du Teatro della Cometa, un théâtre historique que Maria Grazia Chiuri, avec sa fille Rachele Regini, a récemment acheté et restauré. Tous les chemins mènent à Rome.