M. Comment définirais-tu ton style musical et comment l’as-tu forgé ?
Y. Mon style n’a pas de définition précise, c’est du Yamê. Je fais de la musique, et en ce sens, je me définis à travers la musique, pas à travers un style particulier. Yamê, c’est le mélange de plein d’influences différentes : la voix de Papa Wemba (chanteur congolais décédé en 2016, ndlr), celle de Matthew Bellamy de Muse et sa manière de jouer du piano, mais aussi le rap, qui reste le style de musique que j’ai le plus poncé ! Quand je compose, ça m’arrive de partir sur une instru très hip-hop, et d’y ajouter une interprétation inspirée de la chanson française, je vais me mettre à rouler les “r” à la manière d’un Charles Aznavour. C’est instinctif, je n’y réfléchis pas à l’avance.
M. Dans ton son “Bahwai”, sorti sur ton EP Elowi en 2023, tu dis “pour changer de vie, j’ai dû hausser le ton”. Est-ce une référence à tes débuts dans la musique ?
Y. Pas seulement, il y a plusieurs sens dans ce vers. De manière générale, je pense qu’on ne peut pas vivre en lowkey. Dans la vie, il faut aller chercher ce qu’on veut. Après le confinement, lorsque j’ai décidé de ne plus retourner au bureau et de demander une rupture conventionnelle à mon patron pour avoir le chômage – et donc une chance de tenter une carrière dans la musique –, j’ai dû hausser le ton. Ce n’est qu’un exemple, mais c’est l’idée que, quand on veut vraiment quelque chose, il faut oser le demander et gueuler si nécessaire. Mes débuts dans la musique, ça a été un rush. J’ai quitté mon taff en 2021, et “Bécane” a explosé en 2023. Ça a été beaucoup de nouvelles responsabilités, de nouveaux paramètres, mais surtout un énorme kiff.
M. Comment as-tu géré le fait de sortir de manière assez soudaine de l’anonymat ?
Y. Je ne suis pas du genre à traîner en terrasse, je suis plutôt casanier. Quand je ne suis pas sur scène ou en studio, je reste chez moi, je joue à mes jeux vidéo. Si je sors pour voir mes potes, je mets mon casque, je prends ma moto, personne ne me voit ! Je n’ai pas vécu la sortie de l’anonymat comme un truc difficile ou toxique, car je n’ai pas percé trop jeune, j’avais déjà 30 ans, et donc une certaine maturité vis-à-vis de ça.