Sculptrice, plasticienne, peintre : ce n’est pas une mince affaire de catégoriser Jan Melka, qui avoue avoir beaucoup de mal à s’autoproclamer “artiste” : “J’ai pendant très longtemps rejeté cette appellation car pour moi, tout le monde devient artiste à partir du moment où il·elle crée. Je trouvais ça fou et hautain de me considérer ainsi. Pourtant, je peins tous les jours, je dessine, et je pense sans cesse à ce que je peux créer. Je préfère dire que je suis créatrice. Et désormais, lorsque je dois me présenter, je dis que je suis peintre, car même dans mes œuvres sculptées il y a toujours de la peinture.” En attendant de voir ses huiles exposées, l’artiste prépare une série de sculptures à mi-chemin avec le mobilier : “Des sortes de poufs en cuir ou en toile dans lesquels on pourra s’asseoir comme dans des doudous géants.” Une convocation de notre âme d’enfant qui n’est pas pour déplaire à celle qui fête cette année son trentième anniversaire : “Je suis quelqu’un de très nostalgique, je repense beaucoup au passé, au temps où on s’ennuyait sans être collé·e·s à nos portables, à l’insouciance qui était la nôtre… Je fais d’ailleurs attention à rester du mieux que je peux dans le moment présent, en savourant chaque minute. J’ai un peu l’impression de planter des graines afin de rendre mon futur meilleur, mais je n’ai pas de grandes attentes, je laisse venir les choses. Il m’a fallu dix ans de carrière pour apprendre. La persévérance a remplacé l’instinct, je m’applique plus qu’avant, mes traits sont moins naïfs. Je commence enfin à avoir un discours sur mon travail, à comprendre et expliquer ce que je fais. Je suis au début d’un nouveau cycle.” Appelons cela de la maturité.