Mémoire collective
Issu du photojournalisme, Édouard Richard découvre l’île en 2020, lors d’un voyage en compagnie de Raya. Le couple évoque alors l’idée du projet Kwir Nou éxist, sans toutefois savoir exactement quelle forme lui donner : “J’ai commencé par enregistrer des entretiens audios simplement au micro. Puis, assez vite, on s’est mis à les filmer, indique le photographe. On pressentait déjà qu’on pourrait en faire autre chose plus tard. Mais au départ, c’était surtout une manière de me nourrir en comblant un manque de culture. J’avais un vrai écart à rattraper.” Le couple prend alors le temps de rencontrer la communauté locale et range ses appareils photos durant plusieurs semaines : “On voulait juste écouter, comprendre et établir des relations. On a d’abord approché les figures de proue du mouvement, puis, progressivement, on a élargi notre cercle. Chaque année, on revenait un mois ou deux, parfois davantage. C’était un travail patient, organique et enraciné.”
Peu à peu, un médium s’est imposé : celui du portrait. Simple, épuré, et toujours dans un environnement naturel, afin de rendre hommage à la flore et aux paysages envoûtants de La Réunion : “On aurait pu faire du reportage, capter l’effervescence de ce qui se passe sur l’île et adopter d’autres formes visuelles, mais on a choisi le portrait, parce qu’on voulait créer des figures de représentation. Des images fortes et visibles. Les afficher sur les murs, pour que les enfants les voient en passant et que la future génération puisse se reconnaître : découvrir des personnes créoles, queer, fières et puissantes. C’est ça le plus important, et tant mieux si ça résonne plus loin.” Présentée cet été au jardin des Tuileries, à Paris, l’exposition s’est envolée en août pour La Réunion, avant de poser ses valises en octobre à Rio, puis à São Paulo dans le cadre de la saison France-Brésil.