Black performance
Après avoir collaboré à divers projets avec Comme des Garçons, Samuel de Saboia vient de dévoiler une collection à Paris avec le label de mode brésilien P.Andrade, tout en sortant un premier album de rock entièrement autoproduit. C’est fin 2022 qu’il choisit de se lancer dans la musique. Un nouveau projet qui lui tient à cœur et pour lequel il n’hésite pas à vendre quelques toiles afin de le financer : “J’ai monté un groupe avec des amis de longue date – je les connais depuis que j’ai 10 ans. On s’est réunis en studio afin d’enregistrer un album que je produis entièrement de manière indépendante.” On a beau être jeune, brillant et avoir du succès, cela n’empêche pas de ressentir un bon vieux syndrome de l’imposteur lorsqu’il s’agit de se lancer dans l’inconnu : “Au début, j’avais peur que ce que j’ai accompli dans le monde de l’art ne soit pas reconnu ou respecté dans la musique. Même si j’ai baigné régulièrement dans un univers musical depuis mon enfant, au travers de scènes ouvertes, de DJ sets et de jam-sessions, je me disais : ‘Est-ce que les gens vont accepter ? Ou est-ce qu’ils vont juste me voir comme un bolos qui essaie de chanter ?’ Mais en réalité, dès que j’ai commencé, cela a été super libérateur.”
Une libération qui le voit déjà présélectionné parmi les nommés des prochains Latin Grammy Awards (le 13 novembre, à Las Vegas). De la musique à la peinture, l’artiste s’imagine à travers ses arts comme un conteur d’histoires, lui qui aime tant lire celles des autres, du White Album de Joan Didion à A Little Devil in America : In Praise of Black Performance, du poète et essayiste Hanif Abdurraqib (qui prend l’exemple de Joséphine Baker pour célébrer ce que la Black performance a de puissant à travers le monde). De quoi, peut-être, lui donner envie de s’essayer, un jour, à une autre forme d’expression : la littérature. “Je pense que si j’étais écrivain, je ferais plutôt du thriller ou du mystère. Parce qu’en vrai, je ne veux jamais tout livrer d’un coup. Je préfère que le sens se révèle petit à petit.” Rendez-vous dans cinq ans.