Maison Margiela Haute Couture AH25-26

Des départs, des arrivées, des absents. Pour l’automne-hiver 2025, la semaine de la Haute Couture parisienne a vu passer du beau monde avec les premiers pas de Glenn Martens chez Maison Margiela, le défilé d’adieu de Demna Gvasilia chez Balenciaga, le tout sans oublier les maisons de toujours, Chanel, Schiaparelli et Armani et la jeune garde représentée par Germanier ou Robert Wun. Récap’ en 10 moments forts.

1. DERNIÈRE DANSE CHEZ BALENCIAGA

Dernier bal pour Demna Gvasalia, qui fut, dix ans durant, le directeur artistique de la maison. À cette occasion, des cols Nosferatu ont fait le show aux côtés de blousons en taffetas et de roses, en éponge de soie blanche, épinglées sur neufs smokings « one-size-fits-all ». Une Isabelle Huppert et une Kim Kardashian passent. Puis, des bijoux en diamant blanc et émeraude naturelle, et un manteau impraticable font place pour une dernière danse, à la mannequin Eliza. Elle qui a si longtemps ouvert les collections de Balenciaga a clos le défilé final dans une robe de mariée sans couture Haute Couture. Standing ovation. Rideau.

2. BEAUTÉ PLASTIQUE CHEZ MAISON MARGIELA

Pour son premier défilé pour Maison Margiela, le nouveau directeur artistique Glenn Martens nous a convié dans un palais en lambeaux, qui nous laisse tout sauf de marbre. Façon The last of Us, les 50 silhouettes aux teintes ferrailles s’organisaient entre une poétique tendresse et une complexité post-apocalyptique. On a donc pu assister à l’éveil brutal de manteaux en plastiques rigides, de jupes au motif gibier, de robes nébuleuses envahies de rouille ou de lichen, de corsets étouffants en satin duchesse, de cuirs mazoutés. Et de bottes Tabi évidemment. De quoi survivre, espérons-le, à la prochaine infection de Cordyceps.

3. DU COEUR À L’OUVRAGE CHEZ SCHIAPARELLI

Pour cette nouvelle collection, Daniel Rosberry a plongé son regard dans le rétroviseur. Hommage aux collections des années d’avant-guerre d’Elsa Schiaparelli, le défilé était un bestiaire fantastique où se frôlaient des trous de serrure en céramique, de la laine de Donegal, des touffes d’organdi de soie, des satins brillants. Et des strass évidemment. Cœur battant de la collection, une robe rouge inversée, les seins dans le dos et l’organe palpitant au creux du cou, clin d’œil à l’oeuvre de Salvador Dali réalisé en 1953 et recouvert ici de cristaux et de pierres semi-précieuses. Et voilà, on a un Swarovski dans l’œil.

4. ÉCUME DES JOURS CHEZ IRIS VAN HERPEN

Cette saison, Iris Van Herpen est sous l’eau. Plus de 9 mois d’investigations créatives ont été nécessaire pour donner vie à ce défilé chavirant. Sous le jeu de lumières de l’artiste Nick Verstand, on était immergé·e·s dans un écosystème aquatique fait de tulles froissés, d’organza translucides et de crinolines géantes. « Cette collection est littéralement une collaboration avec la nature » raconte la créatrice faisant aussi écho à la robe bleue palpitante et bien vivante, enduite de Pyrocystis Lunula algae. Bref, un plongeon, la tête la première, dans tout ce que le biodesign peut offrir de plus beau.

5. À TRAVERS CHAMPS CHEZ CHANEL

À l’occasion de la dernière collection du studio de création et avant que Mathieu Blazy ne reprenne les rennes de la maison, Chanel s’est mis sur son 31. Rue Cambon. Car c’est dans une ambiance feutrée et intimiste, rappelant les premiers défilés de la maison, qu’on a découvert une palette automnale à la simplicité époustouflante, allant vers un camaïeu de blancs. Les 46 silhouettes se jouaient des transparences, dévoilant ce qu’il faut de nombril, envahissant le tweed de mohair ou accueillant dans un froissement de sequins, de broderies et de dentelles parfois combinées, des épis de blé, énième porte-bonheur de la maison.

6. CRÉPUSCULE D’ÉLÉGANCE CHEZ ARMANI PRIVÉ

Papillon de lumière ou oiseau de nuit, la femme Armani Privé a choisi de ne pas choisir. Intitulé « Noir séduisant », le défilé se présentait comme un vestiaire du soir somptueux où se bousculaient des silhouettes sensuelles, mais mystérieuses. Des vestes de smoking gondolées côtoyaient des robes fourreaux au décolleté vertigineux, des broderies aux teintes vives crépitaient au contact de sequins et des noeuds enveloppent, au choix, la taille ou le cou. Un béret-bibijoux rétro, est également venu chapeauter l’ensemble. Bref, une collection se jouant des contrastes et passant à la vitesse de la lumière, du sombre au flamboyant.

7. RÊVE ÉVEILLÉ CHEZ ROBERT WUN

Âmes sensibles s’abstenir. De sublimes terreurs nocturnes se sont glissées dans le défilé de Robert Wun qui, cette saison, explore « le rituel de l’habillage en une histoire ». Pour ce réveil en sursaut, on a vu une robe démente façon tombée du lit avec des traces ensanglantées entièrement brodées, un peignoir rongé de pierreries roses avec serviette pour les cheveux assortie, une armure coupante portée en sac à main, des bras menaçant faisant la révérence ou soutenant un voile en tulle, des griffes acérées et des mutations décadentes. Frissons garantis.

8. TOURNER MANÈGE CHEZ GERMANIER

Vous aimez les fêtes foraines ? Germanier aussi. Cette saison, direction un très beau manège. Des robes bouffantes piñata se sont invitées à la fête auprès de vermicelles de gâteaux parsemés sur un pantalon, des décorations de cocktails et des pompons en papier ornaient des robes de gala. Clou du spectacle, des costumes de motard, tout en strass et en adrénaline, ouvraient la circulation à une robe à la Jeff Koons, tous ballons dehors. Des robes en cascade de baudruches avec les effigies d’Hello Kitty et de Kuromi finissaient de souffler un vent nouveau. Alors, vous referez bien un petit tour ?

9. SIMPLICITÉ COMPLEXE CHEZ LEVER COUTURE

En off  du calendrier officiel, Lessja Verlingieri, la créatrice d’origine ukrainienne n’a, comme Amel Bent, qu’une seule philosophie. Intitulé « Anatomie de l’identité », le défilé s’est ouvert par une performance poignante de la ballerine Katja Khaniukova. Cette dernière a laissé ensuite place à une époustouflante quête identitaire où les robes du soir s’exprimaint en maille superposée, tulle drapé et taffetas métallisé. Acidulée, vaporeuse, ébouriffante, la femme Lever Couture expose les différents traits de sa personnalité, oscillant à la fois entre être « sûre d’elle mais pas fragile, audacieuse mais pas tapageuse ».

10. MIX PARFAIT CHEZ CELINE

Si Celine n’a pas présenté de Couture mais sa collection prêt-à-porter SS26, la marque est connue depuis un moment pour introduire la semaine de la couture, en défilant la veille du calendrier officiel. Un moment à marquer d’une pierre blanche puisqu’il s’agit de la première collection du nouveau directeur artistique Michael Rider pour la marque. Après une décennie Hedi Slimane, Céline semble, aux côtés de Rider, reprendre quelques couleurs. Des couleurs primaires se sont ainsi mêlées à quelques cuirs et slims rock, foulards griffés et autres gilets boutonnés. Un sac, sûrement cousin germain du Luguage dessinée par Phoebe Philo, a fait également une première apparition très désirable. Le tout, sous une pluie de broches, de grelots et autres breloques. Bref, un Triumph.