L’école finit par voir le jour, mais est détruite au bout d’une semaine. Kifah ne laisse pas les soldats s’opposer à son dessein. Après des années où l’éducation a vécu, pire que dans la clandestinité, dans le reniement de la culture, les femmes lasses, ont continué de construire. Plus de dix classes ont vu le jour malgré la situation hostile. Dans les années 2000, sous Ariel Sharon, tout empire : “l’armée empoisonnait notre eau pour nous chasser de nos terres, qui étaient nos seules sources de revenus”, se souvient Kifah. Au vu de leurs luttes quotidiennes, la femme et sa communauté auraient pu à juste titre détester le monde pour sa dureté. Pourtant, elle décide de faire du tatreez pour s’en émanciper.
La coopérative de brodeuses était née. Ces dernières y racontent leurs histoires de nettoyage ethnique à l’aide de fils et d’aiguilles. Les motifs du Tatreez pouvaient à une époque représenter le drapeau palestinien pour contourner son interdiction par exemple. Ces broderies sont aussi des machines à remonter le temps, où mères et filles se rassemblent pour raconter leurs riches traditions. “Je me demandais pourquoi ma mère utilisait toujours le vert et le rouge dans ses tatreez. Elle me répondait que ce sont les couleurs des collines du sud d’Hébron qui regorgent d’anémones et d’oliviers, et qui symbolisent la Palestine. Les significations varient, que l’on vive au nord, au sud, à Jérusalem, à Bethléem… Dans la région de Jaffa, on trouve beaucoup d’agrumes et de verdure, par exemple”, se rappelle Sana Adraa.