Avec sa sublime collection “The Beginning”, présentée vendredi soir à Rome, Pierpaolo Piccioli, directeur artistique de la maison Valentino, prouve que la Haute Couture et son patrimoine peuvent aussi être proche de la réalité.

Rouge carmin, rose shocking, bleu éléctrique, turquoise estival, noir et blanc intemporels, capes et jupes fluides comme l’eau, fleurs structurées, plumes volantes, broderies graphiques… Une centaine de looks comme une vague enjouée, déferlant avec douceur le long des célèbres marches de la place d’Espagne, au centre de Rome. Pour Pierpaolo Piccioli, directeur artistique solo de Valentino depuis 2016, mais plus de 20 années de maison au compteur, ce défilé symbolisait un retour aux sources. Symbolique, d’abord, puisque le trajet du podium reliait le lieu du tout premier atelier Valentino, sur la Via Gregoriana en haut des marches, à celui de la maison actuelle, sise au Palazzo Mignanelli. Personnel, car l’adolescent Piccioli faisait le mur pour venir tenter d’apercevoir les défilés-spectacles que Monsieur Valentino donnait sur ces mêmes marches pendant les années 80. Artistique, car ce show en forme de démonstration fait passer le sympathique couturier vers un autre niveau de créativité et d’engagement.

Valentino Couture FW 22-23 « The Beginning »
Valentino Couture FW 22-23 « The Beginning »

Depuis plusieurs saisons déjà, le directeur de Valentino utilise son podium comme une manière de réagir aux diktats de l’époque actuelle. Il est l’un des rares à proposer une réelle diversité dans ses castings, et à sublimer ces différences à travers la beauté de ses créations. Cette collection haute couture mettait l’art des ateliers Valentino au service de la diversité, et vice-versa. Looks hétéroclites aux tons lumineux, servant le savoir-faire des brodeurs ou des plumassiers, du flou comme du tailleur. Casting de haute volée, comme un reflet d’un quotidien passé à la baguette magique, où corps, origine et genre s’envolaient au service d’une silhouette d’exception. Peu importe au final que telle robe majestueuse soit portée par un jeune homme fluet aux cheveux roses, que tel costume fluide s’affiche sur une femme, que les corps soient frêles ou généreux sous les drapés, que Kirsten McMenamy (véritable héroïne omniprésente de cette saison couture!) soit humaine ou déesse sous sa couronne de plumes: c’est la magie du vêtement et de l’ensemble qui faisait sens, comme une leçon de légèreté à tous les niveaux.

Valentino Couture FW 22-23 « The Beginning »
Valentino Couture FW 22-23 « The Beginning »

En présentant sa collection, Pierpaolo Piccioli insistait sur le fait qu’il s’inspirait d’un lieu réel, où lui et ses équipes vivent et travaillent au quotidien. Si le show en lui-même était bien sûr un événement, le message était celui d’une rencontre entre magie et réalité. Lors de la préparation du défilé, le créateur se confiait sur l’envie de faire passer un message sur l’inclusion et l’ouverture d’esprit en s’appuyant sur la beauté d’une silhouette haute couture. Objectif atteint, avec les honneurs. Impossible également de ne pas penser au clin d’œil envers cette Place d’Espagne tel qu’elle existe pour les habitants et les visiteurs de Rome, cadre un rien cliché qui inspire aussi bien les artistes confirmés que les peintres mercantiles qui viennent y vendre leurs toiles. En ce vendredi soir de juillet 2022, l’artiste était Pierpaolo Piccioli, maestro de l’inclusion et de la colorimétrie, venu proposer sur cette toile de fond une véritable masterclass de beauté au cœur même de la Grande Bellezza. La ville, comme la maison – Piccioli a tenu à venir salué accompagné des petits mains de son atelier – s’en souviendront longtemps. Les autres étaient émus, tout simplement.

Valentino Couture FW 22-23 « The Beginning »
Valentino Couture FW 22-23 « The Beginning »
Valentino Couture FW 22-23 "The Beginning"