La mode pour tous ?
Probablement encore plus précurseurs que les marques elles-mêmes, les gamers n’ont pas attendu les maisons de mode pour créer leurs propres vêtements et habiller leur avatar dans leurs jeux favoris. Échappatoire idéale pendant le lockdown, Animal Crossing donne entres autres activités (chasse, pêche, cueillette…) la possibilité aux joueurs de designer des vêtements. Certains ont d’ailleurs saisi l’occas’ pour réaliser des versions digitales de pièces de marques comme Raf Simons, Mowalola, Gucci, Prada ou encore Rick Owens pour leur personnage, créations ensuite uploadées sur différents comptes Insta dédiés. @animalcrossingfashionarchive, l’un des comptes en question, a d’ailleurs été approché par des designers tels que Marc Jacobs, Valentino ou Maison Margiela, qui en ont profité pour créer des looks pour le jeu en collab avec le compte aux plus de 47 k abonnés. Ensuite, plusieurs autres marques indé ont suivi la mouvance et envahi le jeu de leurs créations, comme Marine Serre ou Kévin Germanier. Après tout, rien de vraiment anormal à ça quand on connaît l’historique du virtuel démocratisé dans la mode. Depuis deux ans environ, des créateurs de contenus digitaux présents un peu partout dans le monde ont bâti de nombreux projets répliquant des looks et des pièces de grandes maisons pour habiller les Sims. Parmi eux, Olivia, du compte Insta @badddiesims, confiait il y a quelques mois à Dazed : “J’ai commencé à créer pour les Sims car je ne trouvais pas de vêtements qui allait avec mon propre style”. Au-delà du design de vêtements, le virtuel apparaît surtout comme une plateforme d’expression totalement libre. “Les Sims, c’est un jeu incroyable qui permet de créer un monde à part dans lequel je peux m’exprimer sans peur de jugements issus des standards imposés par la société”, expliquait de son côté @idsims, autre créateur de tenues digitales. Dans cette communauté, on trouve également les Simstigrammers, des créateurs de Sims version mannequins qui défilent sur les podiums, vont aux soirées red carpet, et font la cover des magazines virtuellement. Une vie en ligne qui permet aux utilisateurs de se projeter dans un monde où eux aussi font partie de l’élite. De son côté, le gaming mode bat tous les records. De la plateforme en ligne Roblox – qui permet aux joueurs de créer, acheter et vendre des articles de mode digitaux – aux apps telles que Covet Fashion ou Drest, dont le principe est d’habiller des mannequins virtuels avec des vêtements de luxe, on assiste à un réel engouement avec un nombre d’utilisateurs qui ne cesse d’augmenter. Enfin l’avènement d’un catwalk 3.0 universel, inclusif et démocratique ? Quoi qu’il advienne, cette nouvelle utopie virtuelle de la mode annonce une suite sans précédent. Car on parle déjà de l’internet du futur, basé sur la 3D et appelé “le metaverse”. Et si celui-ci n’est encore qu’un concept, on sait déjà qu’il s’agira d’un monde virtuel toujours accessible, “d’un univers sans barrière au nombre de participants, qui aura sa propre économie, et où les individus et entreprises pourront créer, posséder, investir et vendre”, comme le définit Matthew Ball, investisseur en capital risques dans la Tech et parmi les premiers théoriciens du concept, dans un essai publié en janvier sur son site. Notre avatar est bien parti pour vivre sa meilleure vie. Et le mieux fringué du monde, si possible.