Veste et pantalon en viscose et polyester Acne Studios, ceinture en cuir clouté Alaïa, baskets en cuir J.M Weston, bagues Quatre Grosgrains et Quatre Clou de Paris en or blanc, Bague Quatre Black Edition en or blanc pavé de diamants et acier PVD noir Boucheron

Auteure-compositrice-interprète, Cléa Vincent a marqué cette année la scène musicale de la pop française avec son deuxième album « Nuits sans sommeil » et la récente sortie cet automne de son clip « Sexe d’un garçon ».

À 34 ans, Cléa Vincent garde le goût d’une enfance heureuse et un charme adolescent. elle cultive un univers joyeux où le spleen n’est jamais qu’une épine égarée dans le cœur. Plusieurs EP et deux albums (le dernier, Nuits sans sommeil, est paru au printemps) ont installé sa voix juvénile et acidulée dans le paysage musical français, portée par une écriture aux regrets sans drame. En la rencontrant, On découvre une personnalité profonde, d’une bonté rare et d’une coolitude sans nom. Avec elle, l’insomnie se change en occasion d’aimer.

Mixte. Ton album s’intitule Nuits sans sommeil. C’est parce que tu vis la nuit ? 

Cléa Vincent. Mes parents organisaient de grosses teufs à la maison. Très tôt, j’ai vu ce que c’était de faire la fête entre adultes. J’ai toujours aimé danser. C’est à partir de la Sixième, avec les premières boums, que j’ai trouvé ma place dans la société. C’était l’époque des débuts des Daft (Punk, ndlr), de Clandestino de Manu Chao. J’ai rapidement senti que la musique était un moyen de s’intégrer. Aussi, en choisissant cette voie et de faire des concerts, les artistes sont amenés à se montrer la nuit. Et dans la nuit, je me sens super bien. Je ne crois pas du tout être un vampire, ni une personne toxique, je suis plutôt quelqu’un de très timide à la base. Pour Nuits sans sommeil, j’ai eu envie de boucler toute une nuit, du coucher au lever du soleil. J’ai collectionné tous les morceaux que j’avais en rapport avec la nuit.

M. À quel âge as-tu écrit ta première chanson ? Quel regard portes-tu sur tes débuts ? 

C. V. Ma première chanson, c’était à 22 ans… En fait, c’est fou quand j’y repense. Ce qui me frappe et ce qui me plaît dans la vie, c’est qu’à 20 ans, tu as déjà les idées hyper claires. On manque un peu d’expérience, mais on ne change pas tant que ça. D’ailleurs, je continue à chanter mes premiers titres. Ce que je racontais à 22 ans était même plus brut que ce que j’écris aujourd’hui. C’était fort, comme si les premières chansons avaient ce truc de terriblement nécessaire. J’ai beaucoup de tendresse pour cette période, même s’il y avait plein d’imperfections, que je parlais trop entre les morceaux durant les concerts et que je m’excusais d’être là !

M. Ta voix a gardé une forme d’imperfection que tu sembles cultiver. 

C. V. J’ai un côté très “frenchie” dans mes chansons et dans le chant. On a cette tradition en France, Françoise Hardy, France Gall ou Jane Birkin ne sont pas en mode démonstration de voix. Je pense avoir une identité vocale un peu cuivrée qui peut créer du clivage. Il y en a qui ne me supportent pas, et c’est tant mieux ! (Rires) Quand je joue à l’étranger, on me renvoie souvent à ce côté frenchie qui plaît beaucoup. Je pense que ça va aussi avec un comportement sur scène, entre quelque chose de libéré, sans être trop démonstratif, de dévergondé et d’un peu sur la réserve. C’est assez culturel.

M. Tu es par ailleurs très connectée à la chanson française actuelle. Qui sont tes amis “du milieu” ? 

C. V. J’aime vraiment le mouvement actuel. Tout le monde écrit super bien. J’adore “Papillon” de Voyou. “La Grenade” de Clara Luciani est un énorme tube et Juliette (Armanet, ndlr) a des morceaux qui te restent dans la tête pendant des heures. Je suis aussi très proche des Pirouettes, d’ailleurs Vickie a réalisé mon dernier clip (“Dans les strass”, ndlr). Je côtoie Fishbach et Juliette régulièrement, et depuis longtemps. On sait que l’on peut compter les unes sur les autres. Par ailleurs, j’ai monté un spectacle avec deux chanteuses qui sont comme des sœurs pour moi, Carmen Maria Vega et Zaza Fournier (“Garçons”), qui sont dans des styles de chansons complètement différents. L’amitié ne se décide pas ; elle va au-delà des chapelles et c’est ce que je trouve intéressant. Il y a Kim Giani aussi, un artiste bordelais qui sort des albums depuis vingt ans et qui est pour moi comme un mentor. Je l’accompagne sur scène et on écrit des chansons ensemble. Je travaille également avec Raphaël Léger du groupe Tahiti 80 pour l’écriture, la réal et la prod.

Pull en mohair et pantalon en velours Forte_Forte, baskets en cuir J.M Weston

M. Tu partages avec The Pirouettes un rapport très fort à l’enfance. Certains titres sont presque de l’ordre des comptines. 

C. V. Des comptines, peut-être pas ! (Rires) Mais c’est vrai qu’il y a un peu de ça. Des mélodies à la Elli et Jacno. L’autre jour, j’entendais Arielle Dombasle dire qu’elle était restée bloquée à 12 ans. Dans mon cas, je dirais 17… Les chansons sortent comme elles sortent parce qu’elles sont directement liées à des émotions. Les mélodies ressemblent au graphique du cœur qui bat. On a tous nos propres amplitudes. La mienne est très petite comparée à celle de Mariah Carey… (Rires) On chante comme on est. Quand tu vois Flora (Fishbach, ndlr), c’est quelqu’un d’hyper intense, parfois noire et parfois dans une joie qui touche le ciel. Moi je suis plus romantique que ténébreuse, mais j’ai mes petits spleens…

M. En parlant de spleen, pourquoi le single “Nuits sans sommeil” est-il si mélancolique ? 

C. V. Ça parle de la transition de vie, c’est une chanson rituelle sur le passage à l’âge adulte. Elle parle d’un arrachement à l’adolescence. J’ai tourné une page, volontairement. Je suis restée très longtemps avec un garçon, mon amour de jeunesse… J’ai eu un mal fou à le quitter. La chanson est un avant-goût de l’après. Je ne suis pas du genre à regarder les vieilles photographies, mais hier je suis retournée voir son profil. J’ai revu des photos de nous. On était jeunes. C’était tellement joli. Les titres les plus forts sont ceux qui sont liés à de vrais états physiques, à des moments importants de la vie, comme cet album de Michel Berger écrit après que Véronique Sanson l’a quitté. Un album de survie.

M. Est-ce que tu fais particulièrement attention à ce que tu vis, pour pouvoir ensuite l’écrire ? 

C. V. J’essaie de ne pas trop me stresser avec ça. La musique, je l’écris facilement. C’est parfois plus dur pour les paroles parce qu’il faut avoir quelque chose à dire ! (Rires) Mais je suis traversée par plein de questions ad vitam æternam. Être une femme de 34 ans, c’est évidemment différent d’une femme de 25 ans. De nouveaux sujets arrivent. L’engagement, la famille, ce que tu as à y perdre ou à y gagner. J’ai aussi des copines qui s’intéressent au polyamour ou au total lâcher-prise sensuel… Tout ça m’intéresse. Et avec l’âge, vient une forme d’assurance aussi, qui me pousse à me dépasser. J’ai envie d’assurer. Je n’ai jamais autant bossé mon instrument.

M. Tu vois ton destin comme définitivement lié à la musique ? 

C. V. C’est une belle façon d’être heureuse, et ça fait du bien à la tête et au corps. Chanter et interpréter ne me demandent pas beaucoup d’efforts, comme si j’avais une facilité à m’approprier certaines chansons. J’espère que ce n’est pas prétentieux ! J’ai une voix qui touche certaines personnes, alors autant m’en servir. Ne pas le faire serait comme avoir un don dans les mains et ne pas s’en servir pour masser. Ce serait vraiment dommage. En tournée en France jusqu’à fin novembre avec son Nuits sans sommeil Tour 2019.

Veste en laine Woolrich, robe en crêpe et blouse lavallière en mousseline de soie Valentino

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Coiffure : Leslie Thibaud @Airport Agency. Maquillage : Megumi Itano @Calliste Agency. Assistante Photographe : Lisa Marleen Muller. Assistantes Styliste : Audrey Le Pladec, Claire Roussel.