Mixte Magazine

Après avoir présenté sa collection Métiers d’Art dans la capitale sénégalaise en décembre dernier, la maison Chanel, avec son pôle artisanal le 19M, lance un programme international de trois mois à Dakar : l’exposition “Sur le fil” qui célèbre la richesse et la diversité locales des métiers de la broderie et du tissage. Soit un savoir-faire et un patrimoine auquel le 19M est particulièrement sensible. Réalisée en partenariat avec l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) sur le site du Musée Théodore-Monod d’art africain, l’expo se concentre sur l’histoire de la broderie et du tissage associés à d’autres disciplines artistiques comme la peinture, la photographie ou l’installation, mettant ainsi en valeur la richesse créative du Sénégal et les valeurs humanistes de son l’artisanat.

“Il faut comprendre cette exposition dans le cadre de la présence de Chanel à Dakar et au Sénégal, a expliqué Bruno Pavlovsky, Président de Chanel SAS et du 19M. Quand nous avons commencé à travailler sur notre volonté d’aller vers l’Afrique avec Virginie Viard (directrice du studio de création mode de Chanel, ndlr), tous les gens que nous avons rencontrés nous ont emmenés vers Dakar, parce que c’est tout simplement le hub créatif de l’Afrique subsaharienne. Le défilé métiers d’art 2022-2023 a ainsi planté une graine. Celle de l’envie d’engager un dialogue créatif avec le Sénégal“. Avant d’ajouter : “Notre discours était clair : ‘Chanel soutient ce programme, mais sans s’imposer dans l’histoire que vous allez raconter. Vous avez carte blanche pour exprimer l’identité de Dakar que nous ne connaissons pas encore’”.

Résultat, sur le site de l’exposition, on peut découvrir une quarantaine d’œuvres et d’installations de près d’une trentaine d’artistes et artisans contemporains du Sénégal, du Mali, d’Afrique du Sud, de Bolivie et de France. Plusieurs de ces pièces ont d’ailleurs été réalisées spécifiquement pour l’événement, certaines en collaboration avec les Maisons d’art du 19M, quand d’autres ont été prêtées par des artistes, des institutions publiques ou des collections privées. Certaines collaborations en particulier ont permis de créer des passerelles entre Aubervilliers et Dakar : c’est le cas par exemple du projet de Julian Farade et des brodeuses de la ville sénégalaise Ngaye Mékhé qui ont réalisé et réinterprété ensemble des pagnes de coton utilisés pour porter les bébés.

Enfin, pour célébrer la transmission intergénérationnelle et les liens entre patrimoine et monde contemporain, l’exposition présente également les œuvres de cinq artistes dits “les modernes” : Alioune Badiane, Viyé Diba, Kalidou Kassé, Souleymane Keita et Abdoulaye Ndoye. Leurs longues carrières ont contribué à façonner la trajectoire de l’art au Sénégal, notamment grâce à l’utilisation des textiles dans leurs pratiques. Leurs œuvres seront présentées successivement dans l’exposition pendant 2 semaines chacune.

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