Mixte Magazine

1. Show off et star système

Du simple caméo à l’étroite collaboration, Milan a brillé par ses invités très spéciaux sur le catwalk, fait assez rare dans la capitale de la mode italienne pour être relevé. Si certains ont misé sur l’avenir comme Tokyo James qui a fait clôturé son show par le prometteur Rickey Thompson ou GCDS qui a convié Rina Lipa, la sœur de Dua, la plupart ont préféré le retour de fame. D’un côté les super models, Kate Moss chez Bottega Veneta, Carla Bruni chez Tod’s ou encore Noami Campbell chez Boss (qui a aussi fait clôturer son show par le rappeur Future). De l’autre, les super stars de la télé-réalité dont Paris Hilton chez Versace et Kim Kardashian chez Dolce&Gabbana. La preuve que cette dernière en fait toujours plus ? Fière d’avoir participé à l’élaboration de la collection en tant que curatrice en piochant dans les archives de la maison de 1987 à 2077, Kim Kardashian a salué avant le duo de designers. Le résultat de cette collab’: le bling a supplanté le glamour sicilien. On en oublierait presque toutes les sorties ultra-problématiques, homophobes et racistes de la marque italienne… Mais rassurez-vous, on n’oublie pas.

2. Un’emozione signée Gucci

Le débrief est unanime, la palme de l’émotion est décernée au show Gucci où 68 paires de jumeaux ont défilé main dans la main. La musique intense, rythmée d’une prose sur la gémellité, la surprise créée par un lever de rideau inattendu à la fin du spectacle, révélant ainsi que les mannequins qui défilaient étaient tous accompagnés de leur frère jumeau ou sœur jumelle ou encore le message politique dissimulé derrière ce geste… Tout était réuni pour créer l’émotion. Pari gagné pour Alessandro Michele qui présentait une collection inspirée par les années 80 (coucou les sacs Gremlins et les looks « Stranger Things ») et la relation de sa mère avec sa sœur jumelle, comme le questionnement de l’union et de l’identité nationale, à la veille des élections législatives italiennes menacées par l’ombre grandissante de l’extrême droite.

3. Toute première fois

Parmi le flot des défilés milanais, deux baptêmes du feu étaient particulièrement attendus. D’abord chez Trussardi, où le duo GmbH, formé par Benjamin Huseby et Serhat Isik, a offert un élan de modernité et de subversivité à cette vieille maison bourgeoise. C’est néanmoins en s’inspirant de son passé et notamment des années 80 et 90, que le duo allemand a su réécrire son présent : un savant mélange de sexyness Y2K et de sensualité, des “liquid dress” en satin ornées de manches extra longues se frottant à la virilité du cuir ample. Autre jeune talent en vue, le britannique Maximilian Davis, tout juste débarqué chez Salvatore Ferragamo, a lui aussi passé le test haut la main en insufflant à cette institution italienne un vent de fraîcheur tout en respectant les fondamentaux (le rouge et le glamour).

4. Le ciné drama de Prada

C’est dans un décors cinématographique AF (il peut, il a été conçu par Nicolas Winding Refn, le réalisateur de Drive) que Prada a ouvert le bal. Des silhouettes impeccables sous la coupe du duo désormais iconique de Miuccia Prada et Raf Simons ont défilé dans une atmosphère mystérieuse et surréaliste, ambiance film noir. Les faux cils sont tellement fournis qu’ils ressemblent à des larmes, l’office wear est carré, les jupes crayon comme tailladées et les jeux de superpositions et de transparence deviennent les outfits d’un réalisme incisif où “les aléas de la vie façonnent les vêtements” et non l’inverse, comme l’a déclaré Miuccia Prada.

5. En tenir une couche

Vous ne savez plus quoi mettre ? Enfilez tout, couche que couche. Veste sur chemise, sur chemise, sur top à manches longues… Chez N°21, même les accessoires comme le collier et la ceinture se chevauchent les uns les autres. La règle d’or pour maîtriser l’art de la superposition ? Jouer sur la transparence comme chez Prada et Dsquared2 ou encore sur les longueurs comme chez Etro où la mini-jupe fendue ceinture à la chemise XXL. Les adeptes des imprimés sauront aussi se laisser tenter par le chaos artistique de Matty Bovan où la jupe fendue, elle-même rehaussée de jupons révèlent des cuissardes moulantes chamarrées. Ce n’est jamais trop.

6. Chez Fendi, Kim Jones passe au vert

Après avoir célébré les 25 ans du sac baguette en grande pompe à New York, Fendi a offert à Milan, un show coloré aux inspirations Y2K et dont tous les éléments, des cargo pants aux mules à plateforme en passant par le combo beige-fluo, s’imposent déjà comme les tendances de l’été 2023. “J’aime observer les créations de Karl et les faire évoluer, visuellement et techniquement”, a déclaré Kim Jones à propos de cette collection SS23. Son obsession estivale ? Un vert néon décliné sur les vestes, les pulls doudou, les robes en satin et les accessoires comme ces chaussures compensées aux lignes arrondies. Une teinte qui vient contraster des silhouettes plus minimalistes au nuancier sobre, allant du tabac au marron glacé.

7. La mariée était en noir

Tendance inattendue pour des collections estivales : l’été 2023 se fera tout en noir. D’après Tagwalk, plateforme de datas spécialisée dans la mode, le terme “grunge” a d’ailleurs connu une augmentation de plus de 267% comparé à la Fashion Week de Milan SS22. Le must ? L’ambiance “balck widow” italienne tout en voilage et porte-jarretelles comme chez Dolce&Gabbana et Versace. Bougies, miroirs et “rebelle attitude”, Donatella Versace admet s’être inspirée “des femmes confiantes, intelligentes et un peu divas” ambiance Madonna période “Like a virgin”. Pas prêt.e.s pour la dentelle ? Optez pour la version plus soft et contemporaine vue chez Philosophy di Lorenzo Serafini, MM6, Ports 1961 ou encore AC9.

8. Faire un gros plouf

Et s’il fallait piquer une tête pour ne pas finir sous l’eau ? Maillots de bain à strass, robes filet de pêche et Bob L’Éponge comme égérie, chez GCDS, on plonge la tête la première dans un univers festif et provoque avec une collection qui appelait à l’amour de soi, la libération des corps et la liberté d’expression. Chez Moschino, les robes et les accessoires en formes de bouées portaient un vrai message. Inspirée par le terme “inflation”, la pool party de Jeremy Scott était aussi le moyen de dire : “Parfois, on a l’impression de se noyer mais il faut garder de la place pour la joie, non?” Enfin, chez Blumarine, Nicola Brognano a projeté “sa” Petite Sirène, une créature rebelle, aux atours goth et sexy.

9. La vie comme dans une boite de Quality Street

La vie, c’est comme une boîte de bonbons, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Du rose dragée de Vivetta et Act n°1 au vert citron et rose corail des collections Sportmax, Fendi et Genny, les défilés milanais ont frôlé l’overdose du sucre raffiné. Ce qu’il faut en retenir ? Pour l’été 2023, les teintes acidulées se portent combinées et se déclinent sur des matières fluides et satinées, histoire de ne pas finir en papillote. Du rose, du vert, du bleu, du lilas, on passe au sucre !

10. Les shows performances

L’autre mot d’ordre de cette Fashion Week milanaise ? Créer l’inattendu et pour certains, transformer le défilé de mode en véritable performance artistique. Côté “indé”, chez Sunnei, les modèles étaient installés dans le public et se levaient tour à tour avant de se changer derrière une “porte magique”, s’agissant là encore de jumeaux pour créer l’illusion. Ambiance Grand Bêtisier chez Avavav, où les mannequins s’étalaient par terre intentionnellement (coucou Carrie Bradshaw). Côté “grosses productions”, Moncler a célébré ses 70 ans tout en superlatifs réunissant 1952 danseurs réunis sur la Piazza del Duomo où se pressaient environ 18000 invités. Quant au défilé Diesel, il se déroulait autour de la structure gonflable la plus grande du monde, une œuvre du studio Dennis Vanderbroeck, certifiée par le Guiness Book des records. Toujours plus ?

11. House of La Beige

Uniforme de l’été 2023, le beige en total look aperçu chez Salvatore Ferragamo, Tod’s et Max Mara. La chemise, les chaussures mais aussi la cravate et le sac, les silhouettes beiges se démarquent par des volumes fluides, des pantalons larges à pinces et des vestes longues ambiance inspecteur Derrick at the office. Chez Jil Sander, le beige se décline sur du court, quant au nuancier de Giorgio Armani, lui tire sur le gris. C’est parti pour la “monochrome vie”.