Colette mon amour – Julien Tell

Le documentaire “Colette mon Amour” réalisé par Hugues Lawson-Body, sort officiellement le 20 Décembre et revient sur l’histoire du concept-store qui semblait toujours venir du turfu.

Maison Kitsune Souvenir Shop – Paul Jeong 

“Colette, c’était Internet avant Internet”, disait Kanye West pour résumer l’essence du magasin-phénomène Colette, qui a squatté le 213 rue Saint-Honoré pendant 20 ans. Il en sort souvent des vertes et des pas mûres, mais sur ce coup là, on peut dire que Kanye avait raison. Car depuis 1997, si vous habitiez ou étiez de passage à Paris, c’est bien ici qu’il fallait aller pour savoir avant tout le monde ce qui allait faire fureur en matière de design, mode et technologie.

Colette mon amour – Julien Tell

A l’origine, Colette c’était le rêve de Colette Rousseaux, fille de poissonniers, de tenir un lieu avec sa fille, Sarah (Andelman), où cohabiteraient art, mode, beauté, culture, design et musique, où on pourrait déjeuner et passer la journée entière. En 1997, Paris était dans le creux de la vague et un peu à la ramasse niveau grands magasins comparé à Londres, New York ou Tokyo. Le duo mère-fille gagnant avait pris sous le bras un co-frondateur, Milan Vukmirovic, qui est ensuite parti en 2002 pour devenir designer en chef de Gucci (sous Tom Ford), puis directeur de création pour Jil Sander. L’idée était simple: proposer des produits inexistants en France pour attirer un public en quête de découverte et d’originalité.

Avec ses produits qui semblaient venir tout droit du turfu, ses décors et ses vitrines atypiques, Colette s’est imposée comme une référence autant pour les Parisiens que pour le reste du monde. On y venait trouver un CD inédit en Europe, un vêtement de créateur inconnu mais qui deviendrait grand (Mary Katrantzou, Christopher Kane, Kim Jones…), les baskets introuvables ailleurs, un gadget geek ultra pointu ou un taille crayon improbable. Bref, dans n’importe quel domaine, la curation de produits mettait à chaque fois dans le mille à l’heure où Internet n’en était qu’à ses balbutiements. Et pour être toujours un temps en avance, la team Colette avait le don d’envoyer du lourd niveau collabs, entre autres, l’Apple Watch présentée en avant-première en Septembre 2014 et toute une ribambelle de sneakers inoubliables (New Balance, Asics, Reebok,…). Ajoutez à cela un restaurant, le Water Bar, avec des plats bons et à des prix raisonnables et vous avez la recette d’un succès mondial.

Colette Tokyo – Lena Jay

Mais bon, YOLO comme dirait l’autre. Fin 2017, contre toute attente, le temple de la hype ferme définitivement ses portes, nous mettant au passage un gros coup de bambou. Mais c’était surtout histoire de nous confirmer encore une dernière fois son sens aigu de la com’ du business, comprenant mieux que quiconque le timing d’un adieu au revoir réussi.

Pour se consoler et faire perdurer encore un peu ce lieu mythique, le photographe Hugues Lawson-Body a réalisé le reportage “Colette mon amour” qui revient sur les six derniers mois avant la fermeture du concept-store. Rassemblant des témoignages de l’équipe du magasin, du responsable du stock aux attachés de presse en passant par les serveurs du Water Bar, des interviews de créateurs du monde entier, de stars de la culture pop, d’artistes tels Kaws, Futura 2000 ou encore Pharell Williams, le documentaire porte un regard plein d’amour sur cet endroit pas comme les autres avec en bonus des anecdotes croustillantes de Virgil Abloh.

AYA & AMIAYA par Lena Jay

Colette mon amour – Lena Jay

Sac Off-White x Colette mon amour – Paula Long Jelong