Nos chers voisins britanniques viennent de perdre une deuxième reine. Celle qui régnait sur l’empire de la mode avec ses créations spectaculaires, son humour et son engagement politique, Vivienne Westwood, a tiré sa révérence à 81 ans. Alors que le mot « punk » est sur toutes lèvres, Mixte revient sur 5 grands moments de la vie de Lady Vi qui ont fait d’elle une icône punk.

Elle est de celles qui ont façonné la mode. Pionnière de l’esthétique punk dans les années 1970 avant de venir icône du Nouveau Romantique début 1980 et de remettre au goût du jour les corsets et les compensées dans les années 1990, Vivienne Westwood s’est imposée au fil des décennies comme une marque de renommée mondiale. Entre coup d’éclats mode avant-gardistes et actes militants (très) médiatisés, l’infatigable Vivienne défendait l’idée d’une mode engagée politiquement et socialement, utilisant sa notoriété pour défendre des causes. Disparue le 29 décembre dernier, elle a remporté de nombreux prix, fait l’objet de livres, d’expos de documentaires et reste une source d’inspiration majeure pour tous·tes passionné·es de mode et de révolution. Pour continuer à célébrer l’esprit punk de Westwood, nous avons voulu revenir sur 5 faits marquants qui l’ont hissé au statut d’icône. God bless the (Fashion) Queen.

1. En ouvrant une boutique de fetishwear à Londres

Née dans un petit village du comté de Derbyshire (centre de l’Angleterre), Vivienne Westwood est l’aînée d’une famille modeste de trois enfants. Elle quitte sa région natale à 17 ans pour Londres où elle étudie la mode et rencontre Malcolm McLaren, son futur mari et, accessoirement, aussi futur manager des Sex Pistols. Animés par le même désir de rompre avec le mouvement « Peace and Love », le duo lance la boutique SEX sur King’s Road à Londres en 1976. C’est ici que les deux enfants terribles posent les bases d’un style nouveau, le PUNK, index et petit doigt en l’air. Avec ses looks porn et SM friendly en vitrine, la boutique se fait repérer plus vite que prévu. Parmi les clients de la boutique des ados à la recherche de sensations fortes, des passionnés de fétichisme, des travailleurs du sexe, des queens de la mode hardcore, … bref un joyeux noyau dure de ce qui deviendra l’épicentre du punk à Londres. Malcolm voit dans ce mouvement une manière de diffuser ses idées situationnistes et d’appliquer les préceptes du philosophe français Guy Debord. Quant à Vivienne, elle embrasse ce mouvement de liberté à la fois contestataire et provocateur comme une occasion pour définir la mode du « No Future », en rupture avec l’esthétique de hippie des décennies précédentes. Alors que les Sex Pistols s’impose comme le groupe phare des late 70s, leur notoriété permet à Lady Vi de s’exprimer à travers eux : chemises en toile de parachute, confectionnées avec des légendes tirées des romans d’Alex Trocchi sur la poitrine, T-shirts aux slogans provocateurs ou encore accessoires fétichistes, … les trois membres du groupe punk-rock sont les parfaites égéries de la créatrice britannique bien partie pour bâtir un empire.

2. En faisant un doigt à Margaret Thatcher

Les années 80 sont celles qui inscrivent Westwood au Panthéon de la mode. Avec sa collection « Pirates » en 1981 où elle fait défiler des boucaniers parés de dents en or et matelots aux tenues unisexes, ou encore sa ligne Printemps-Été 1985 baptisée « Mini-Crini » où on retrouve sa crinoline en tweed façon punk, la créatrice britannique devient une légende vivante. En 1989, alors au sommet de sa carrière et de sa notoriété, Vivienne s’attaque à l’une des plus hautes figures de l’autorité au UK. Elle apparaît grimée en Margaret Thatcher en couverture du numéro d’avril du magazine Tatler avec comme titre « This Woman Was Once a Punk ». La cover a été immortalisée par le photographe Michael Roberts et est apparue sur d’immenses panneaux publicitaires lors de la London FW de cette saison. “Margaret Thatcher était une hypocrite. C’est ce à quoi je pensais”,  a écrit Vivienne dans ses mémoires de 2016, Get a Life ! “Je pensais : il y a un enfant dans un lit d’hôpital et il y a des caméras de télévision. Je vais montrer au reste du monde à quel point je me sens concernée… J’étais tellement fière de mes compétences d’actrice ! ». Il y a de quoi.

3. En campant sur un blindé devant la maison de David Cameron

Pionnière de l’upcycling dans la mode et du « buy less », elle a été l’une des premières à prendre des engagements forts pour la protection de l’environnement et contre la surproduction. Elle était une véritable activiste, peut être la seule dans la mode à ne pas avoir été accusée de greenwashing. Dans le prolongement de ses engagements, elle annonce en 2007 ne plus utiliser de fourrure dans ses prochaines collections. Elle rejoint l’association PETA qui lutte contre la maltraitance animale et le rang d’autres designers anti-fourrure comme Tommy Hilfiger, Calvin Klein ou encore Stella McCartney. En septembre 2015, alors que le premier ministre britannique David Cameron est fortement critiqué pour sa politique sur le gaz de schiste, la créatrice part avec un groupe de militants écologistes manifester debout sur un blindé devant la maison de vacances du politicien. Punk AF.

4. En soutenant publiquement Julian Assange contre le monde entier

Entre deux collections spectaculaires et des happenings écolos, la créatrice a aussi trouvé le temps de soutenir le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, pendant environ une petite décennie. Accusé d’espionnage par les États-Unis et blacklisté à peu près partout, le lanceur d’alerte australien trouve en la créatrice britannique l’un de ses meilleurs soutiens médiatiques. Lors de son expulsion de l’ambassade et son arrestation en avril 2019, la créatrice de mode dénonce « la corruption du gouvernement et la mort de la justice. » Alors que le procès d’Assange bat son plein à Londres en juillet 2020, elle s’enferme dans une cage géante devant le tribunal pour protester contre son extradition. Emprisonné depuis 2019, Julian Assange a demandé une permission de sortie exceptionnelle pour assister aux obsèques de la créatrice. « Vivienne était une Dame et un pilier de l’anti-establishment. Elle était audacieuse, créative et une bonne amie. Le meilleur de la Grande-Bretagne. Elle nous manquera terriblement, à moi et à beaucoup d’autres », a-t-il déclaré depuis la prison de haute sécurité britannique de Belmarsh, à Londres.

5. En étant (tout simplement) fière de vieillir

Dans une industrie franchement dominée par l’apparence et le culte de la jeunesse éternelle, Vivienne Westwood a une fois de plus montrait qu’elle ne faisait pas comment tout le monde, en acceptant tout simplement le temps qui passe. Pendant que ses homologues masculins se défiguraient à coup d’injections et de lifting hardcore, Vivienne n’est jamais tombée dans le piège d’essayer de rester physiquement jeune. Pas de chirurgie esthétique ni de botox, juste un esprit rebel et avant-gardiste qui maintenait la créatrice dans une forme olympique que beaucoup lui enviait. »La vie devient plus riche en vieillissant », a-t-elle déclaré avec enthousiasme à The Independent, en 2002, avant d’ajouter : « J’aime vieillir et je n’ai aucun problème avec ça. » Et pour bien appuyer son propos, Vivienne n’hésite pas à couper sa crinière rousse en 2014, qu’elle remplace par une coupe gris argenté naturelle. « Elle voulait couper le rouge depuis un certain temps et laisser ses cheveux blancs, pour montrer qu’elle est fière de son âge », déclarait un proche de la créatrice au Telegraph.