Disparue ce dimanche 16 juillet à l’âge de 76 ans, l’actrice, chanteuse et muse Jane Birkin avait acquis le statut de star. Mais au-delà de son style et de son art, elle a surtout marqué son époque par son engagement politique. Retour sur 5 fois où Jane Birkin nous a montré qu’elle était bien plus qu’une simple et banale icône de mode.

On vous dit Birkin, vous pensez forcément Gainsbourg, “Je t’aime, moi non plus”, l’accent British qui prône la fluidité des genres (La chaise, le chaise… Who TF cares ?) et le sac Hermès qui porte son nom. D’ailleurs pour la petite histoire, c’est dans un avion pour Londres, alors qu’elle est assise à côté du PDG de Hermès et qu’elle renverse par mégarde son sac bordélique bourré à craquer, qu’elle lui suggère de créer un nouveau sac quatre fois plus grand que le Kelly et avec des rangements. C’est d’ailleurs Jane elle-même qui fait le croquis sur un sac à vomi. Chic. Jane c’est donc ce mélange d’élégance, de franc-parler et de désinvolture, à l’image de ses looks iconiques qui envoyaient un gros fuck au patriarcat et à la bourgeoisie (mini-robe transparente, panier en osier pour sortir chez Maxim’s au risque de se faire recaler…). Mais alors que tout le monde et plus particulièrement les médias mode semblent s’exciter et s’extasier sur la style icon qu’elle était — ainsi mise en avant parce que blanche et bien mince, rappelons-le, soit la silhouette parfaite pour renforcer l’imaginaire du look et de la morphologie de la « parisienne chic et effortless » —, c’est d’abord et surtout l’engagement politique de Jane Birkin qu’on devrait retenir et célébrer. Jane ce n’est pas qu’une muse qui a donné son nom à un sac, c’est aussi une militante engagée contre l’extrême droite et pour les droits des femmes, une fervente défenseure des droits LGBT, une véritable écolo ainsi qu’une activiste radicale pour les droits des migrant·e·s et des sans-papiers. Retour en 5 points sur les engagements d’une véritable social justice warrior.

1. Jane contre la peine de mort

 

Jane est une fille de résistant. Elle a donc été habituée dès son plus jeune âge à marcher contre la peine de mort. Quand elle arrive en France dans les années 60, elle continue de s’engager dans ce combat en allant manifester pour l’abolition de la peine capitale, notamment aux côtés de Robert Badinter. En 2007, Jane Birkin déclarait au micro de France Inter : “Quand j’ai rencontré Serge, il pensait que c’était très impopulaire de marcher contre la peine de mort. C’était pour mon bien. Il considérait qu’à peine arrivée en France, j’allais mal me faire voir”.

2. Jane pour les droits des femmes

 

En 1972, Jane Birkin participe aux manifestations pro-IVG devant le TGI de Bobigny alors que se tient le procès de quatre femmes accusées d’avoir aidé Marie-Claire Chevalier, une lycéenne victime de viol, à avorter illégalement (ce fameux procès étant celui qui a d’ailleurs fait connaître publiquement l’avocate féministe Gisèle Halimi). Si on parle de Jane Birkin et des droits des femmes, on ne peut évidemment pas évincer les violences conjugales qu’elle a subies de la part de cette vermine de Serge Gainsbourg qui avait reconnu l’avoir tabassé et abusé d’elle. “il y a eu beaucoup de crises. J’en ai eu marre d’être sa chose”, déclarait Jane Birkin dans son autobiographie Munkey Diaries, en évoquant des scènes de violences pendant lesquelles “Gainsbourg lui en mettait une ou deux”…

3. Jane, meilleure alliée de la communauté queer

 

En 2012, Jane Birkin défilait pour défendre la loi pour le mariage et l’adoption pour tous alors que les réacs de la manif pour tous faisaient tout pour pourrir le débat avec leurs propos homophobes nauséabonds. Déjà en 1974, elle avait pris corps et âme la défense du film La Pirate de Jacques Doillon, qui avait fit scandale lors de sa présentation au festival de Cannes car elle y jouait une mère de famille éprise d’une autre femme…

4. Jane, antifasciste et pro-migrant·e·s

 

En 2002, quand Jean Marie Le Pen accède au second tour de l’élection présidentielle française, Jane Birkin manifeste et brandit une pancarte “100% contre Le Pen”. Pas trop étonnant pour une fille d’immigrés qui s’est toujours engagée pour la cause des régugié·e·s. En 2010, elle continue de montrer son engagement et son soutien au sans-papiers en participant à une manifestation contre la politique sécuritaire portée par Nicolas Sarkozy. Lors de la manif, son char passe devant le ministère de l’immigration et là elle se met à chanter “Les p’tits papiers”, chanson de Gainsbourg, réécrite pour l’occasion afin de correspondre à l’actualité politique. Badass. La même elle déclare d’ailleurs au journal L’Humanité : “je sais à quel point il est difficile de s’intégrer dans un pays surtout lorsqu’on est stigmatisé par ses dirigeants politiques.J’ai été accueillie peut-être parce que j’étais jolie et anglaise et c’est infiniment plus facile que si je venais d’afrique du nord“. Mic drop.

5. Jane, l’écolo anti-croco

 

À la fin de sa vie, Jane Birkin s’est davantage engagée pour une véritable politique écologique et pour la défense de l’environnement. En 2018, après la démission de Nicolas Hulot, elle signe (avec plus de 200 personnalités) une tribune demandant une action politique « ferme et immédiate » face au changement climatique. Fashion escandalo : en 2015, elle désacre le sac qui porte son nom en demandant à Hermès de débaptiser le sac ‘Birkin Coco », dénonçant des « pratiques cruelles réservées aux crocodiles au cours de leur abattage ». Respect éternel.