De Guy Bourdin, on retient principalement ses clichés provocateurs et iconiques qui ont rempli les pages des magazines de mode et les panneaux d’affichage des campagnes publicitaires des grandes maisons de luxe. Or ce dernier, photographe autodidacte jouant avec l’absurde, le sublime et le surréalisme, était essentiellement un conteur capable de condenser des romans entiers, généralement policiers ou noirs, en une seule prise. Et c’est particulièrement cet aspect de son intention compositionnelle et narrative que Giorgio Armani a décidé de mettre en lumière à l’Armani/Silos. Pour l’occasion, le créateur italien et The Guy Bourdin Estate ont sélectionné une centaine de photographies, comprenant à la fois des clichés iconiques et des images moins connues. D’un côté, l’expo se concentre sur l’utilisation de couleurs saturées – caractéristique essentielle du style de Guy Bourdin – dans une salle entièrement composée de rouges, de verts et de roses. De l’autre, l’expo s’intéresse aussi à son approche de la forme déconstruite, notamment lorsqu’il joue avec les mannequins. Ensuite, une vingtaine de photographies en noir et blanc exposées viennent démontrer la parfaite maîtrise des contrastes par Bourdin. Enfin, une section explore l’amour de Bourdin pour le cinéma, élément central de sa créativité, avec une sélection d’images de campagnes publicitaires montrant ce qui semble être des scènes de crime ou des poursuites policières, faisant allusion à sa fascination pour Alfred Hitchcock et à la thématique de « l’intrigue mystérieuse ».