« On a un rôle social »
Autour de lui ? “Un noyau dur, des gens qui ne sont plus là mais toujours là.” Pendant sept ans, le festival n’a été organisé qu’avec des fonds publics qui provenaient de la ville et du département du Var. L’État et la région sont venus plus tard, les fonds privés sont arrivés à la huitième édition. Et en 2014, Chanel est devenue partenaire du festival. “Depuis que je travaille, on me dit qu’il n’y a pas de moyens. C’est faux. Il faut sortir du carcan de l’administration. Aujourd’hui, on a peur de tout, on vous explique grosso modo que si vous vous lancez dans quelque chose, il va vous arriver des ennuis… Le parapluie est ouvert 365 jours par an.” Sa réussite, Jean-Pierre Blanc la doit aussi à ses talents de persuasion, de “communicant” – même s’il n’aime pas l’expression. Qui peut lui résister ? Il a déjà convaincu les plus grands noms de la mode de présider le jury : Paco Rabanne, Yohji Yamamoto, Karl Lagerfeld, Azzedine Alaïa, Christian Lacroix, Dries van Noten… “Il y en a qui ne sont jamais venus et ne viendront jamais.” On ne lui fera pas l’affront de lui demander qui. Et puis, qu’importe ! Le côté “star” c’est bien, mais la vocation du festival, c’est le social. “Tout ce que nous organisons est gratuit, le festival mais aussi les ateliers pour les enfants qui se tiennent toute l’année. On a un rôle social. J’ai toujours pensé que le service public avait un sens très fort : il faut qu’on soit dans des logiques comme cela. On a une chance inouïe de vivre en France.”
Travailleur infatigable, Jean-Pierre Blanc est également professeur invité à la HEAD, à Genève, un rôle qu’il prend très à cœur. “Je suis un autodidacte, je n’ai aucune formation, j’ai appris sur le tas, avec le temps. Ce dont je suis sûr, c’est que ce sont les gens que j’aime et souvent des artistes, qui me touchent plus que les autres. J’ai compris que c’était le sens de ma vie. Faire partager ça avec générosité, sans sombrer dans la béatitude.” Il rejoint ainsi André Malraux, une autre de ses “figures tutélaires” pour qui l’art est avant tout une recherche d’émotions. N’était-ce pas lui d’ailleurs qui disait : “L’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme” ?
Festival International de mode, de photographie et d’accessoires de mode, du 25 au 29 avril à Hyères