“Mexico, Mexico… Sous ton soleil qui chante hé hiiii”, chantait Luis Mariano. Eh bien, c’est raté mon coco puisque le défilé Dior Cruise 2024 a eu lieu sous une pluie tropicale torrentielle. Mais pas grave. “The show must go on” comme dirait l’autre, car ce n’est certainement pas quelques gouttes de pluie qui auraient pu empêcher l’événement de se dérouler (à vrai dire, la maison française est coutumière des trombes d’eau : remember le défilé croisière 2018 à Chantilly sous la pluie et dans la boue, ou encore le défilé croisière 2020 organisé à Marrakech et presque annulé à cause d’un orage bien vénère…).
Finalement, c’est ça la mode. Une industrie qui n’arrête jamais et qui continue, coûte que coûte. Et Dior l’a bien compris en envoyant ses mannequins se faire rincer sur le catwalk qui avait été installé au sein du Colegio de San Ildefonso, cette ancienne école d’art bâtie en plein coeur de Mexico City au XVIème siècle et où Frida Kahlo a rencontré Diego Rivera lorsqu’elle n’avait que 18 ans. L’occasion pour Maria Grazia Chiuri de s’inspirer de la figure emblématique de la peintre et artiste féministe mexicaine afin de créer cette nouvelle collection. « C’est incroyable comme elle était précurseure de toutes les discussions que nous pouvons avoir aujourd’hui. Elle est une artiste symbolique. L’artiste féminine la plus importante dans le monde », a expliqué Maria Grazia Chiuri qui a eu l’idée d’organiser son défilé croisière au Mexique à l’automne dernier en visitant l’exposition Frida Kahlo au musée Galliera de Paris.
Ça, c’est pour la partie réf et moodboard. Mais l’autre vraie raison de ce déplacement au Mexique, c’est l’aspect financier de la chose bien sûr. En bonne industrie capitaliste qu’elle est, la mode ne peut décemment pas se priver du Mexique qui est devenu le premier marché du luxe d’Amérique latine depuis la fin de la pandémie. Tiens, tiens… Business is business. Mais comme la marque Dior et sa directrice artistique Maria Grazia Chiuri font bien les choses, elles ont collaboré avec des locaux comme Hilan Cruz Cruz, un tisserand Nahua et co-fondateur de l’atelier textile Yolcentle, Pedro Meza Meza, fondateur de Sna Jolobil, ou encore Remigio Mestas et Narcy Areli Morales, qui ont créé Rocinante, une entreprise qui s’efforce de revigorer l’artisanat traditionnel à Oaxaca. Et ça n’est pas fini : Maria Grazia Chiuri a aussi travaillé avec les Morenos, une famille de chapeliers traditionnels, ainsi que Rafael Villa Rojas, qui tient des ateliers de joaillerie à Mexico. Le tout sans oublier les dernières silhouettes de robes en coton blanc ornées de broderies rouges créées par la Mexicaine Elina Chauvet, une artiste et militante associée à un collectif d’artisanes. Retour en cinq points sur une collection rendant à la fois hommage à Frida Kahlo et au concept de la métamorphose (coucou les papillons), et revenant sur des silhouettes déjouant les frontières du masculin-féminin.
1. FAIRE DANS LA DENTELLE
On le répète encore pour les deux du fond : à l’origine les collections croisière ont été pensées en référence à la saisonnalité de l’arrivée en boutique de cette offre, le mois de novembre, correspondant historiquement au départ en croisière ensoleillée des riches clientes de l’avenue Montaigne… Du coup, il faut penser légèreté, été, diaphane… D’où la dentelle. CQFD.