Un grand carton à dessin, des posters de 3 mètres de haut, un gros pinceau, de la colle, une partition de musique … C’est un peu interloqué qu’on a réceptionné le défilé Loewe de Jonathan Anderson. Mais, on a vite compris où celui-ci voulait en venir. Le créateur avait pris la décision de s’éclipser des podiums cette saison et de nous livrer son show à domicile, en pièces détachées, comme pour le co-construire avec lui. Un défilé DIY, si on veut. On a donc joué le jeu et en déployant les posters géants de mannequins à échelle 1, on a découvert une véritable explosion pop faîte de volumes extravagants. Manches ballons, pantalons bouffant en taffetas, robes à crinolines en broderies anglaises… Les looks sont imposants, presque statuesques et semblent conçus pour les mesures de distanciation sociale (so 2020). Jonathan Anderson a tablé sur un savant mélange des genres, avec une influence très pop, voire presque punk. Ses modèles portent des robes à crinoline de duchesses mais les robes sont en tulle noir et les duchesses font du skateboard.
Séparé physiquement de son équipe et avec des ressources très limitées, Jonathan Anderson a conçu cette collection en plein confinement. C’est cette période de contraintes et de restrictions qui l’a conduit à écouter ses envies profondes et à retourner à cette esthétique craftée que le créateur avait su insuffler à ses débuts chez Loewe. Décidé à se libérer de la pression du marketing et des ventes, le designer a laissé parler sa créativité et en est sorti plus ressourcé que jamais. “C’est à ce moment que je suis retombé amoureux de la mode” déclare-t-il.