MIXTE. Tu es d’origine mexicaine, qu’est-ce que tu gardes de cette culture ?
Omar Apollo. Mes parents sont nés à Guadalajara au Mexique, puis ils ont immigré aux États-Unis où ils ont mis du temps à obtenir la citoyenneté américaine. En fait, mon père a passé la frontière et est allé dans l’Indiana où une connaissance lui avait trouvé un boulot. Puis il est rentré au pays et il est tombé amoureux de ma mère, avec qui il est retourné aux États-Unis. Ils ont emporté la culture mexicaine avec eux. Il y a tout un tas d’usages chez les Mexicains américains qui diffèrent de ceux du Mexique, la langue, la nourriture. On parle le spanglish, avec des mots inventés. Au Mexique, il y en a qu’ils ne comprennent même pas ! J’ai deux frères et une sœur, je suis le petit dernier. C’est la position du souffre-douleur en général, mais j’ai été protégé par mes frères, notamment celui avec lequel j’ai habité ensuite à Los Angeles. Quand j’étais plus jeune, je ne suis pas allé beaucoup au Mexique. Maintenant, j’y vais très souvent. J’y ai encore plein de famille, j’y passe des vacances, j’adore la nourriture. Récemment, j’ai fait toutes les photos et le stylisme de mon album à Mexico City. Mon directeur artistique, Mexican Jihad, a longtemps été architecte là-bas. On s’est rencontrés via des amis communs.
M. Tu as commencé la musique comment ?
O. A. D’abord, j’ai dansé dans un groupe folklorique quand j’étais écolier. C’était marrant, j’adorais ça. Mes parents écoutaient beaucoup de musique mexicaine, Pedro Infante, Stella Nunes, Juan Gabriel, Los Panchos, des chansons romantiques. Dans toutes les régions du Mexique, il y a énormément de styles musicaux différents. Certains de mes cousins du Nord écoutent toujours la même musique que mes parents. J’ai appris à jouer de la guitare à l’église. Et puis, je me suis perfectionné en regardant les doigts des guitaristes. Quand YouTube est arrivé, j’ai découvert plein d’accords. Au début, il n’y avait pas de tutos, je mettais les vidéos sur pause et je copiais les positions. Aujourd’hui, j’écris toutes mes chansons à la guitare. Je sais un peu pianoter, mais il faut que j’apprenne vraiment parce que j’aimerais beaucoup savoir jouer du piano.
M. Quels musicien.ne.s t’ont influencé ?
O. A. Oh, il y en a plein ! Alicia Keys, Mariah Carey, Brandy, Destiny’s Child, Monica… En grandissant, j’ai découvert Aretha Franklin, Lauryn Hill, Joni Mitchell. En fait, je ressentais davantage les émotions que la musique. J’ai fait mes premiers pas dans le chant sur des titres mexicains des années 1950. Ensuite, j’ai commencé à mixer sur la radio de l’école, du R&B, de la soul. Et il y a eu Prince, qui m’a énormément influencé. Le chant en falsetto, comme lui, c’est ce que j’ai adopté en premier. J’avais peur de m’en servir, il m’a délivré de mes craintes. J’aime chanter plus fort aussi, mais pas trop déjanté non plus.