Mixte. Commençons par le début, justement. Pourquoi avoir choisi d’appeler ce show The Beginning ?
Pierpaolo Piccioli. Pour moi, chaque début de collection est un nouveau départ, surtout en haute couture. Ici, tout commence par le tissu qu’on vient draper sur le mannequin, et tout se passe sur l’instant. Nous sommes tous des êtres changeants, l’acte de créer à un moment va donner un résultat très différent six mois plus tard, même en partant d’une base identique. Au bout de 23 années de maison, je ressentais aussi le besoin d’avoir une forme de conversation virtuelle avec Monsieur Valentino lui-même, comme si je voulais comprendre ce qu’il subsiste de son travail dans ce que je fais, et combien ma propre personnalité a influé sur la maison. Je n’aime pas la nostalgie, donc il ne s’agissait pas de retourner dans les archives pour trouver tel ou tel imprimé et le reprendre à ma manière. C’était plus une idée d’impression ou de ressenti, un esprit Valentino. J’avais envie de traduire cette émotion, cet enchantement.
M. D’où le fait d’avoir choisi la capitale italienne comme toile de fond pour ce défilé événement ?
P. P. Exactement. Les ateliers, qui sont toujours sur la Piazza Mignanelli, n’ont pas changé et les marches de la Piazza di Spagna voisine non plus. J’avais envie de présenter cette célèbre place comme une extension de nos ateliers, de placer le salon de couture dans la rue, mais pas d’en faire quelque chose de sublime ou d’imposant. L’idée était de montrer la place non pas comme un lieu iconique, mais comme un lieu de vie – qui existe bel et bien, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau – sur lequel on se promène en sortant du métro, où l’on va prendre un café. Je voulais en faire un lieu humain.
M. Un lieu de partage, aussi ?
P. P. Si on regarde les images du grand défilé Valentino qui avait eu lieu sur ces mêmes marches dans les années 1980, on ressent une idée de glamour, d’élégance, d’un style de vie exclusif. Cela faisait partie de ce que la mode signifiait à l’époque. Avec ce défilé, The Beginning, je veux faire basculer la maison de ce lifestyle vers l’idée de communauté. Trente ans plus tard, tant de choses ont changé, nous sommes des êtres humains porteurs de valeurs communes, et c’est important de l’exprimer. Avec cette collection, j’ai voulu raconter une histoire autour de l’humanité, la nôtre à tous.