Balenciaga en mode cagole
Dans la pop culture américaine, quand on pense rose, on pense encore malheureusement trop souvent au genre féminin et par extension à des modèles de “blondes écervelées”, victimes constantes de sexisme et de bashing en tout genre (Paris Hilton, le film “La revanche d’une blonde”, Mean Girls et son fameux : “On Wednesday, we wear pink” etc). En France, on pourrait rapprocher cet archétype chromatique tenace à celui de la Cagole, cette figure mythologique du sud de la France qui catalyse nos représentations stéréotypées de l’exubérance, elle-même paraphrasant la vulgarité. Pas étonnant donc que Pamela Anderson, Barbie IRL souvent parée de mini looks roses, évoluera dans la sphère médiatique en tant que modèle de la cagole internationale. C’est sans doute pour mettre fin à cette injustice trop colorée mais aussi pour envoyer balader les clichés liés à la vulgarité comme notion subjective de classes et d’espaces géographiques, que Balenciaga a choisi d’y mettre son grain de sel. En mars 2022, la marque a sorti le sac « Le Cagole » (une ré-interprétation par Demna de l’iconique City Bag de la marque). Une fois n’est pas coutume, la marque a fait voyager, de Londres à Bangkok, son pop-up store entièrement rose dédié exclusivement au sac “Le Cagole”. Cette nouvelle boutique ambulante assumait d’ailleurs un merchandising 100% pink en matière moumoute, héritée des designs bon marché des 70’s. De cette matière légère imprégnée de rose, l’historien de l’art et de la mode Khémaïs Ben Lakhdar y voit un hommage à la robe du soir rose en plumes crée par Cristobal Balenciaga en 1965. Côté terminologie, du pop-up au nom du sac, Balenciaga exorcise la cagole en jouant sur le déterminant masculin pour brouiller les pistes du genre. La cagole devient “Le Cagole”, car on dit bien “le sac”.