La mode, la nature et le sexe, c’est comme un banal plan à trois : au début, l’un se sent délaissé et mis de côté, l’autre a l’impression de monopoliser la situation et le troisième se retrouve coincé entre les deux. Mais passé le moment de “génance” et d’adaptation, le tout peut se transformer en un trio aussi harmonieux que les Destiny’s Child. La preuve avec la collection Printemps-Été 2020 de Christopher Kane. Lors de la dernière Fashion Week femme de Londres, le designer britannique a présenté une ligne baptisée Ecosex et avait même précisé son intention en définissant les écosexuels comme des personnes qui “adorent la planète, aiment faire l’amour avec elle, sont des naturistes, n’ont pas besoin de vêtements, veulent juste des fleurs, de la beauté, de la nature, du vent et de la spiritualité”. Le terme “ecosex” fait évidemment référence à une tendance et à un mode de vie qui pénètre de plus en plus notre société et particulièrement le milieu de la mode ces dernières saisons. Sans tomber dans les extrêmes d’une pratique qui voudrait que les gens s’accouplent avec des arbres, la collection de Kane nous invite certainement à faire une pause et à nous interroger sur tout ce qu’on pourrait vraiment entreprendre quand il s’agit d’aimer (littéralement) la Terre. Dans The Ecosex Manifesto, les auteures Annie Sprinkle et Beth Stephens décrivent toutes les variations de ce que peut être l’écosexualité : une identité sexuelle, une forme d’activisme, une sensualité ou un art. Mais par-dessus tout, l’écosexualité est d’abord une façon de traiter la Terre avec amour et respect. Un statement qui prend d’autant plus de sens à une période où l’impact écologique de la mode est vivement critiqué et où les marques s’efforcent de changer la donne comme elles le peuvent. Pour rappel, l’industrie du vêtement est responsable de 10 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète, soit plus que l’empreinte carbone des vols internationaux et des transports maritimes réunis, quand produire un jean nécessite par exemple l’utilisation d’environ 7 500 litres d’eau. Des faits alarmants, qui suscitent chez beaucoup d’acteurs I’envie d’un profond changement. Heureusement, les initiatives pour nous transformer en écosexuels épanouis se multiplient déjà. La preuve par sept.