Une fois de plus Paris vient de clore la saison masculine pour le printemps-été 2024. Une saison riche et émouvante où chaque maison s’est un peu plus affirmée, en décidant pour la plupart de renforcer leur story-telling à coup de défilés-spectacles, qu’ils soient intimes, monumentaux, poétiques, politiques ou performatifs. C’est sûr qu’à l’heure où le monde semble courir à sa perte (le canicule estivale parisienne nous l’a bien rappelé), il vaut mieux qu’on continue de se raconter des histoires pour ne pas trop se confronter aux véritables problématiques. Mais jusqu’à quand ? Récap’ en 13 points.

Que retenir de cette fashion week parisienne printemps-été 2024 ? Malgré un sentiment de frénésie et de démesure avec un nombre toujours aussi ahurissant de défilés et de présentations (42 shows et 38 présentations), il s’est aussi dégagé une certaine forme d’insouciance et de joie de vivre pendant cette semaine parisienne. Comme si chaque marque voulait proposer un véritable moment suspendu, presqu’onirique, histoire de continuer à nous faire rêver grâce à la fringue, à l’image de Louis Vuitton, Dior, Loewe, Dries van Noten, Marine Serre, 3.Paradis ou encore Issey Miyake. Car après tout, c’est bien ça le rôle de la mode. Nous faire rêver, désirer. Puis finalement acheter car il faut bien consommer (hello capitalism !). Mais comment réussir honnêtement à se projeter dans le rêve et l’insouciance quand on continue délibérément de fermer les yeux sur l’urgence sociale et climatique de notre monde ? Ce paradoxe s’est sûrement illustré avec Louis Vuitton qui a privatisé le Pont Neuf et tout l’hyper-centre de Paris (voies et accès bloqué·e·s, police mobilisée etc) uniquement dans le but de dévoiler la première collection réalisée par son nouveau directeur artistique Pharrell Williams. Un show gigantesque marqué par l’opulence et la richesse pendant que quelques centaines de mètres plus loin, au même moment, sur la place du Palais Royal, la police délogeait à grands coups de matraques des migrants mineurs venus faire un sitting et manifester avec leur tente installées à même le bitume pour demander à la ville de Paris et au gouvernement français leur droit à être logés et accueillis dignement au sein de la patrie des Droits Humains. Comme un coup du destin, le climat nous a aussi bien fait sentir qu’on était pas loin de la fin avec des défilés organisés pendant une semaine caniculaire (coucou les défilés en plein cagnard comme Koché ou Sacai et ceux sans clim’ comme Loewe) et que, alors qu’on essaye tou·te·s de déconstruire les représentations masculines au-delà du vêtement, AMI a fait ouvrir son défilé avec Vincent Cassel qui, il y a seulement quelques mois, vanter encore les propos d’Andrew Tate, un masculiniste LGBTphobe accusé de viol, de traffic d’êtres humains et de proxénétisme. Bref, on a encore du boulot. En attendant, on peut quand même continuer à regarder de la belle sape, histoire de pas trop déprimer. Récap’ en 13 points, c’est parti !

1. Les Highlights de la semaine
Louis Vuitton SS24

Le démonstration de force de Pharrell chez Louis Vuitton
Show majeur de cette semaine de la mode masculine printemps-été 2024, Louis Vuitton a tout écrasé sur son passage. Pharrell Williams oblige. Pour marquer son arrivée à la direction artistique de Louis Vuitton homme, le musicien/artiste/créateur/producteur a vu les choses tout en démesure, en présentant une collection de 75 silhouettes sur le Pont Neuf en plein Paris (ce qui lui a valu pas mal de critiques de la part de médias et d’associations écologiques). Peu importe, car sa collection se voulait être une célébration de la joie et de l’amour, comme l’a si signifié l’invitation siglée d’un “LoVers” et comme l’a si bien aussi chanté le chœur de gospel invité à performer pendant que les mannequins déambulaient sur le runway. Un chœur et des mannequins qui ont d’ailleurs été merveilleusement dirigés par Nick Coutsier, movement director en or de cette performance unique en son genre. Alors, certes il y a eu un front row à faire pâlir n’importe quelle A-list de cérémonie de remise de Prix (Jay-Z, Beyoncé, Rihanna, Zendaya etc), mais au-delà de ce m’as-tu-vu opulent, Pharrell a tout de même tenu la route niveau vêtements. Et ça tombe bien parce que c’est ce qu’on lui demande avant tout. Résultat, on a pu voir les classiques de Louis Vuitton revisités (le damier, le monogramme, la maroquinerie) le tout avec une esthétique propre à Pharrell (silhouettes loose ou près du corps, imprimés all over damier ou camouflage pixélisé, bonnet, casquette, skort, tailoring, sneakers…) qui n’a pas non plus hésité à aller piocher dans les références de Marc Jacobs et de feu Virgil Abloh. Bref, une excellente entrée en matière. Pharrell a réussi son pari haut la main.

Loewe SS24

Le sans faute de JW Anderson pour Loewe
S’il y a bien un créateur qui a mis tout le monde d’accord cette saison, c’est sans doute JW Anderson qui a probablement réalisé pour Loewe l’une de ses plus belles collections à ce jour. Pour le printemps/été 2024, il a clairement fait briller Loewe comme un diamant (oui okay, les diamants ne brillent pas, il réfléchissent, mais allez dire ça d’abord à Rihanna). D’abord, Loewe a choisi d’organiser son défilé SS24 dans l’arène équestre de La Garde Républicaine et avait fait construire pour l’occasion des structures fontaines de l’artiste Lynda Benglis. Dans ce décor où l’eau jaillissait et reflétait le soleil qui entrait dans le lieu, les mannequins ont arboré des tenues scintillantes : des hauts et pantalons pailletés, des tops torsadés, de gros pulls en maille à blocs de couleurs et des pantalons à taille ultra-haute. Et parfois, ici et là, des tops en forme de tube/grosse taie d’oreiller en cuir lisse, de longs manteaux qui trainent sur le sol, des grands sacs à main ou encore des chaussures à bout rond. Du fun et du chic : du JW Anderson tout craché, quoi.

Dior Homme SS24

Le classique audacieux de Kim Jones chez Dior
Comme n’importe quelle grande marque qui mise sur l’influence des célébrités, Dior n’a pas pu échapper à l’appel d’un méga front row (Demi Moore, Offset, Winnie Harlow). Mais ce ne serait pas rendre service à Dior que de s’attarder là-dessus tant la collection et le set pensé·e·s par Kim Jones pour la maison française étaient d’une créativité folle. Pour ses cinq ans chez Dior Homme, Kim Jones semble avoir atteint la quintessence de son art. Déjà, les mannequins sont tous sortis du sol par des trappes installées sur le catwalk (tu gagues). Un performance qui a fait applaudir le public dès le début du show (assez rare pour être mentionné). Et de là, on a pu observer une collection à la fois ultra portable mais aussi axée très couture avec des silhouettes tailoring assez classiques mais twistées avec par exemple du tweed texturé, des chapeaux fantaisies, des pantalons feu de plancher, des touches de fluo, d’imprimés léopard ou pied de poule le tout dans une palette généralement neutre (gris, bleu marine, beige, marron). Un focus juste et “on point” sur les vêtements et le savoir-faire de la maison. Ultra-désirable, une fois de plus.

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Dries van Noten SS24

L’élégance discrète et désinvolte de Dries van Noten
​​Peu importe la collection que produit Dries van Noten, ce dernier est toujours loué pour sa créativité et son sens du beau. Et ce défilé SS24 n’a pas échappé à la règle mais a d’autant plus marqué les esprits grâce à des silhouettes super élégantes et axées sur la nonchalance et la fluidité. Soit une sorte de chic cool et désinvolte (dont seul Dries à le secret) rendu possible grâce à des trenchs soyeux, de longues parkas, des tricots troués, des pantalons cargos amples, des blazers à épaules larges ; le tout dans une palette de couleurs ultra-recherchée allant du rouille au doré, en passant par le beige sable, le mauve ou le vert d’eau. En gros, c’était comme de contempler ce genre de coucher de soleil d’été qui t’en mets plein la vue et te donne la sensation d’un moment suspendu et éternel. Ovah.

Givenchy SS24

L’affirmation de Matthew M. Williams chez Givenchy
​​D’habitude Matthew Williams nous propose des collections qui regorge de détails et de fioritures, avec un mélange des genres qui frôle parfois l’overdose et l’incompréhension. Mais on doit reconnaître que cette saison, il a step-up son game en proposant probablement l’une de ses collections homme les plus matures et les plus recherchées depuis son arrivée à la tête de la maison française. Dans une gamme de couleurs composée de blanc, de noir, de gris, de vert et de touches de bleu marine, de jaune et de rose, la collection a mis l’accent sur le tailoring et un aspect plus couture, jouant parfois avec l’amplitude des silhouettes. Mais Williams n’en oublie pas moins son dada qu’est le sportswear en ajoutant ici et là quelques éléments workwear et techwear qui pour une fois matchent parfaitement avec l’ensemble. Méga encouragements ! Croyez-nous, ça sent les félicitations données à l’unanimité au prochain conseil de classe.

2. Cachez ce luxe que je ne saurais voir
Hermès SS24

Dans la famille “quiet luxury”, je demande les collections de l’été 2024 avec des basiques ultra bien coupés aux couleurs neutres (gris, blanc cassé, taupe, bleu ciel, beige…). Gagné !  La preuve avec toute la collection Hermès ou la majorité de la collection AMI. Une vibe luxe low key et down low qu’on retrouve à travers des matières luxueuses comme l’emblématique plissé Issey Miyake ou l’alliage de mailles fines et de crêpe fluide chez Ludovic de Saint Sernin. En gros, pas besoin de s’embrouiller avec tous les membres de sa famille pour adopter le style du personnage de Kendall Roy dans la série Succession (interprété par Jeremy Strong). Eh oui, en période de crise où de plus en plus de monde commence légitimement à vouloir taxer les riches, ces dernier·ère·s ont bien compris qu’il fallait le plus possible passer inaperçu·e·s dans l’espace public (le luxe, mais quel luxe ?). Et pour survivre à l’été et ses températures désormais systématiquement au-delà des normales de saison, autant miser sur des tongs ou des sabots en cuir comme chez Auralee et Lemaire ou un ensemble pantalon fluide et grand t-shirt gris chiné ample comme vu chez Givenchy. Bref, un retour aux basiques mais de qualité, un peu comme cette frivole de Marie-Antoinette et son trip retour à la ferme du Trianon dans sa simple robe en coton. Cela dit, attention, la révolution n’est jamais très loin…

Lemaire SS24, Steven Passaro SS24, Givenchy SS24, Homme Plissé Miyake SS24, Auralee SS24, AMI SS24
3. Les shows performance
Marine Serre SS24

Marine Serre
Il y a une chose sur laquelle tout le monde est d’accord concernant Marine Serre. C’est qu’elle sait nous faire vibrer. Et cette saison, elle a particulièrement montré en choisissant d’honorer le monde de la musique pour son défilé qui a vu marcher Teyana Taylor, Yseult, Miguel, Sevdaliza etc… Vous l’aurez compris, la collection est une ode à la vie nocturne, à la fête, au lâcher-prise et à la défonce (let’s be honnest). C’est peut-être pour ça que les mannequins ont tous et toutes été invité·e·s en fin de catwalk pour immortaliser ce moment de communion optimiste.

Ouest Paris SS24

Ouest Paris  
Créé par Arthur Robert (finaliste de l’Andam 2023 et ancien stylist de chez AMI), Ouest Paris se démarque de plus en plus chaque année grâce à un vestiaire de basiques ultra bien pensés et coupés qui surfent sur le fil de la vibe queer/crypto-gay (Arthur fait par exemple des jockstrap et des cockrings, oui, oui…). Ce qui n’est absolument pas pour nous déplaire ici chez Mixte. D’autant plus qu’Arthur a toujours le don de faire un casting sauvage qui regroupe les meilleurs gueules de la scène parisienne, le tout avec une diversité des corps et des profils qui fait un bien fou. Summum de cette saison : sa présentation ayant eu lieu le jour de la fête de la musique et qu’il a organisé au sein d’une aile des Arts et Métiers de Paris. Sur une estrade, au milieu de laquelle le Dj Cocko mixait ses meilleurs sons, on pouvait donc voir la cabine de mannequins se déhancher comme lors d’une bonne après-midi de danse et de défonce à la Station. On fleek.

3.Paradis SS24

3. Paradis 
Créé par Emeric Tchatchoa, 3.Paradis a cette saison fêté ses 10 ans et a pour l’occasion véritablement choisi de marquer le coup. D’abord en choisissant de défiler en off du calendrier dans les jardins situés en bas des immeubles de la cité où il a grandi dans le 15e arrondissement de Paris. C’est là, dans ce lieu symbolique, au milieu de l’herbe, qu’il a placé un catwalk onirique bleu ciel, couleur signature de sa marque, histoire de présenter une collection qui a mêlé streetwear et tailoring et qui a enchaîné les collaborations : J.M Weston, Edgar Plans, le Paris Saint-Germain Football Club, Jordan Brand et enfin Rimowa. Le directeur créatif de 3.PARADIS, Emeric Tchatchoa a expliqué : “Cette collection est le reflet de notre voyage vers les rêves dans la construction de 3.PARADIS au cours des 10 dernières années. C’est à la fois une réminiscence du passé et une célébration passionnante de ce qui nous attend. Nous sommes reconnaissants d’être en vie, alors nous avons choisi de voler”. Bonus : c’est le formidable Nick Coutsier qui a encore été choisi comme movement director du show. La cerise sur le gâteau vestimentaire.

Henrik Vibskov SS24

Henrik Vibskov
Autre anniversaire de taille cette saison : les 20 ans de Henrik Vibskov concrétisée par une collection inspirée par l’univers de la boxe et du sport, ainsi que par la boîte en tant qu’objet de livraison protecteur. Résultat, le créateur a présenté au milieu d’une cour et d’un set design en forme de ring de boxe drapé et orangé, une collection composée de robes et de chemises inspirées des livraisons, de textiles inspirés du papier bulle ou encore de collages dynamiques de rings de boxe et de fleurs de gant de boxe. Unique.

C.R.E.O.L.E SS24

C.R.E.O.L.E  
Fondateur de la marque C.R.E.O.LE, Vincent Frédéric Colombo vient d’intégrer le calendrier officiel de la fashion week de Paris au sein de Sphère, l’organisme qui met en avant les jeunes talents de la scène parisienne. Pour cette nouvelle collection, il a organisé une présentation au sein du Palais de Tokyo pendant laquelle des musiciens se sont produits alors que les mannequins posaient nonchalamment derrière eux. Pour le printemps-été 2024, C.R.E.O.L.E propose donc un hommage au film du réalisateur guadeloupéen Christian Laura, COCO LA FLEUR, CANDIDAT (sorti en 1979), le tout premier film antillais de l’histoire du cinéma français réalisé par un Guadeloupéen en Guadeloupe. Cette oeuvre confronte les rêves populistes face à l’élite technocrate, laissant planer un élan de révolution durant les élections. Pas si différent d’aujourd’hui au final. Côté fringues, du coup ça donne du workwear revisité avec quelques touches de brillance et de symboles tropicaux. Un tableau magnifique et ultra-maîtrisé. On attend impatiemment de voir ce que le créateur nous proposera les saisons prochaines.

Rick Owens SS24

Rick Owens 
Soyez prévenu·e·s, quand on débarque chez Rick Owens, mieux vaut ne s’attendre à rien et se laisser la possibilité d’être surpris. Et c’est encore ce que le créateur a fait cette saison. Alors que récemment, il nous avait habitué à un peu plus de couleurs et de variations de matière, le créateur est revenu à ses basiques et ses classiques avec une collection totalement noire qui a surjoué la déformation et l’allongement des silhouettes (épaules padding, taille ultra-haute, drapés etc). Mais le clou du spectacle a sûrement été ses chaussures aux allures de shoes médicales orthopédiques dans lesquelles les mannequins déambuler pendant que le set du show explosait littéralement de pétards et de fumigènes. Bref, on pouvait pas faire plus Owens que ça.

Issey Miyake SS24

Homme Plissé Issey Miyake 
C’est au sein du Musée des Arts Décoratifs de Paris que la marque Issey Miyake a décidé de présenter sa nouvelle collection homme. Connu pour ses shows performance super poétiques, la label japonais n’a pas manqué à l’appel. Au début du show, des chemises à plis plats étaient posées au sol sur des masses de papier blanc lui-même plissé et envahissant tout le catwalk. C’est là que quelques mannequins sont entrés accompagnés de l’équipe de conception de la marque pour commencer à littéralement créer les premières silhouettes devant les invités. Après avoir coupé le papier avec de larges ciseaux, l’équipe à habillé une poignée de modèles sous un plafond drapé de divers autres vêtements de la saison SS24, tous portant le plissage signature d’Issey Miyake. Au final, on va vu défiler le meilleur d’Issey Miyake pour l’homme : des collants, des vestes, des jupes et bien sûr des chemises dans une palette de couleur vive, douce, estivale et ultra-désirable.

4. L’Homo-Romantico-Érotico
Arturo Obegero SS24

S’il y a bien un maître de l’esthétique érotico-romantique parmi la jeune génération de designers, c’est sans doute l’espagnol Arturo Obegero qui cette saison a une fois de plus habilement mêlé la théâtralité, le romantisme et la sensualité au travers de drapés, dentelles, jeux de transparence et coupes racées. Un style qu »il a imposé depuis maintenant quelques saisons et qui semble avoir infusé les collections d’autres marques comme Egonlab, Ludovic de Saint Sernin, Burc Akyol, Loewe, Louis Gabriel Nouchi, Steven Passaro voire même Courrèges ou encore Walter van Bierendonck. Après tout, l’homme est une slut comme les autres qui n’hésite plus à dévoiler sa peau en se réappropriant sa sexualité, le tout en faisant fi des injonctions vestimentaires liées au genre. Werk !

Burc Akyol SS24, Egonlab SS24, Loewe SS24, Louis Gabriel Nouchi SS24

Le drapé torsadé
Ainsi, l’homo romantico-érotico s’illustre à travers tout une série de silhouettes sur lesquelles les matières semblent avoir été comme drapées et/ou torsadées. Vu chez Burc Akyol, Egonlab, Louis Gabriel Nouchi ou encore Loewe.

Mr Saturday SS24, Walter von Bierendonck SS24, Steven Passaro SS24, Courrèges SS24

La politique de la transparence
L’homme a bien compris que pour paraître honnête et sain, il fallait jouer la carte de la transparence. Pas comme certain·e·s de nos politiques (suivez mon regard). Résultat, pour le printemp-été 2024, la peau se devine ou est carrément dévoilée sous des tissus qui ont dit à l’opacité d’aller se faire voir ailleurs. Vu chez Courrèges, Mr Saturday, Steven Passaro et Walter van Bierendonck.

Courrèges SS24, Burc Akyol SS24, Egonlab SS24, Ludovic de Saint Sernin SS24

Le décolleté inversé
Petite nouveauté à ne pas négliger : cette saison l’homme adopte le décolleté d’habitude réservé aux personnes ayant une poitrine. Bref, c’est l’inversion des codes. Chez Courrèges, ledit décolleté part du bas du ventre pour remonter et se resserrer vers le téton alors que chez Ludovic de Saint Sernin, il est droit, ouvert et ultra plongeant. Enfin chez Egonlab et Burk Akyol, il tombe sur les épaules. Easy.

5. Une fois n’est pas costume
3.Paradis SS24, Hed Mayner SS24, Botter SS24, Sean Suen SS24, Études SS24, Songzio SS24

Note pour l’été 2024 : le tailoring est en roue libre. Des empiècements chez Kolor ou surpiqures chez Steven Passaro, un habillage en macramé chez Kidsuper, le combi-tailoring dégradé de Taakk, les pantalons feu de plancher chez Dior et Issey Miyake, les vestes ultra longues de Yohji Yamamoto et de Sean Suen, la tendance est à la créativité et aux proportions hors normes. Si certains préfèrent les jeux d’épaules comme Egonlab, Walter Van Bierendonck avec des empiècements en cuir ou Comme des Garçons où elles sont parées de tartan, d’autres jouent la carte du XXL, pour mieux imposer leur style. Maison Mihara Yasuhiro, 3 Paradis, Études, Givenchy, Hed Mayner, Louis Gabriel Nouchi, Rick Owens, Songzio ou encore Ziggy Chen, tous veulent nous faire vivre les choses en grand. L’été prochain, sera cousu main comme dirait si bien Julien Tanti des Marseillais.

Taakk SS24, Walter von Bierendonck SS24, Maison Mihara Yasuhiro SS24, Steven Passaro SS24, Homme Plissé Issey Miyake SS24, Dior Homme SS24
6. Du bleu au violet : l’indigo à gogo
Sankuanz SS24, White Moutainering SS24, Lemaire SS24, Jeanne Friot SS24, Sacai SS24, Louis Gabriel Nouchi SS24, Rains SS24

La tendance est au blues ambiant et pas seulement dans l’actualité. Sur les podiums, le prisme colorimétrique traverse toutes les nuances de bleu et de violet. Du costume lilas de Paul Smith au costume violet de Botter, en passant par les silhouettes violette indigo de Lemaire ainsi que les touches bleu persan de Doublet, le bleu roi de Louis Gabriel Nouchi et de Rains, ou encore le parme swag de Gunther et le tailoring indigo d’Officine Générale, la couleur mixte par excellence est la seule qui s’impose parmi toutes ces silhouettes noires et blanches. Si le gorpcore de White Mountaineering est d’un violet tranchant, le mauve chez Sankuanz se diffuse par touches et celui de Sacai tire clairement vers le bleu tout comme chez Marine Serre où le denim est roi.

7. Séoul au Tranoï
Sling Stone SS24, Ulkin SS24, Sling Stone SS24, Beyond Closet SS24, Beyond Closet SS24, Ulkin SS24

En marge de la Fashion Week parisienne, le Tranoï a hosté la première Fashion Week de Séoul dédiée à l’homme à la Gaîté Lyrique. Parmi les labels représentés, Blr Bluer, Ajobyajo, Acceptance Letter Studio ou encore Beyond Closet, Sling Stone et Ulkin qui ont tous les trois présenté un défile. Le résultat : un esprit sporty riviera chez Beyond Closet, une ambiance plutôt « poetic lover » chez Sling Stone à base de silhouettes noires et blanches, de jeux de transparence et de chockers à fleurs quant à Ulkin, on arrive en teuf en imperméables, piercings aux joues et débardeurs en macramé, la rave à la Seoul way.

8. Faire forte impression
Études SS24, Kenzo SS24, White Mountaineering SS24, Gunther SS24, Louis Gabriel Nouchi SS24, Louis Vuitton SS24

Cette saison, les collections hommes y vont fort sur les imprimés. La team mix and match se distingue par l’audace, comme chez Dior où une sorte de jacquard géométrique rejoint le pied-de-poule. Chez Facetasm, on mélange les rayures se mélangent aux carreaux et chez Kidill, le tie and dye au tartan. Si d’autres se la jouent all over comme Feng Chen Wang avec ses combo chemisettes-shorts, Louis Gabriel Nouchi et Gunther avec leur ciel gris ou bleu façon tie and dye, Kenzo et ses carreaux, assortis aux pantalons ou Rhude et sa vibe nautico-riviera, d’autres optent pour l’imprimé figuratif. Chez Undercover, White Mountainering ou Études, c’est l’art pictural abstrait qui est mis à l’honneur. Enfin, chez Paul Smith, l’été se vit à l’ombre des persiennes avec ces costumes striés d’ombres dégradées. Vous pouvez passer à l’impression.

9. You better work bitch
Junya Watanabe SS24, Dries van Noten SS24, Études SS24, Givenchy SS24, Kenzo SS24, Hed Mayner SS24

Préparez-vous car l’été prochain, il va falloir mettre la main à la pâte. Ou plutôt à la scie ou la tronçonneuse. Comme un prolongement de Fendi au Pitti Uomo qui avait grave axé sa collection sur le workwear et l’artisanat avec des tabliers et d’autres pièces composées de grandes poches qu’on voit d’habitude sur des uniformes d’ateliers, les marques défilant à Paris ont aussi proposé une vibe plombier/électricien/menuisier/bricoleur du dimanche. En gros, on a vu partout des grosses poches pour ranger des gros outils… Attention, chérie ça va trancher. Vu chez Junya Watanabe, Dries van Noten, Études, Givenchy, Kenzo, Hed Mayner…

10. Liberté, égalité, diversité ?
Ouest Paris SS24, Gunther SS24, Liberal Youth Ministry SS24, Mr Satruday SS24, Louis Gabriel Nouchi SS24, Julien Bodart SS24 (IFM)

En terme de diversité (corps, taille, âge etc), les cabines de mannequins parisiennes laissent encore à désirer. Cela dit, cette saison on a observé un effort dans le choix des castings. Avec surtout un parti pris fort chez les jeunes marques et/ou les jeunes créateurs qui ont bien compris qu’on en avait ras le bol du twink imberbe d’1m85. Vu chez Ouest Paris, Liberal Youth Ministry, Gunther, Mr Saturday, Louis Gabriel Nouchi et surtout lors du défilé des étudiants diplômées de l’IFM. Big up !

11. Trou Story
Dries van Noten SS24, Sean Suen SS24, Amiri SS24, Givenchy SS24, Taakk SS24, Botter SS24

Que les vêtements soient parés de découpes circulaires cerclées de cuir ou de métal façon œillets de rideaux comme chez Givenchy, ajourés comme les tops de Fen Chen Wang et Amiri ou encore faussement troués comme chez Dries Van Noten et Egonlab, voire en mode macramé chez Taakk ou mode filet chez Botter et Sean Suen, l’une des trends de la saison est d’avoir le look de la sécu ou de la couche d’ozone : avec des trous ici et là. Une belle parade pour les températures estivales qui s’annoncent cataclysmiques.

12. Des paillettes dans nos vies
Bed J.W Ford SS24, 3.Paradis SS24, Loewe SS24, Ami SS24, Amiri SS24, Dries van Noten SS24

Le monde court à sa perte. La fin est proche. Alors autant essayer d’égayer un peu notre quotidien morose avant que l’apocalypse climatique nous tombe dessus. C’est sans doute pour cette raison que plusieurs marques ont choisi de pimper leur collection avec quelques touches de glitter ou de sequins. On fait comme on peut. Vu chez Bed J.W Ford, 3.Paradis, Loewe, Ami, Amiri, Dries van Noten…

13. Eskirt boys
Marine Serre SS24, Louis Vuitton SS24,  Sacai SS24, Jeanne Friot SS24, Homme Plissé Issey Miyake SS24, Songzio SS24

On a beau remettre en cause les normes de genre, le combat n’est jamais gagné. Alors heureusement que la mode continue à contribuer au démantèlement des codes stylistiques patriarcaux en imposant une fois de plus les jupes ou skorts (mélange de skirt et short) sur les podiums. Franchement, soyons honnêtes, il n’y a rien de plus bandant que de voir une paire de jambes thique et poilues en train de marcher avec un jupe. C’est un grand oui. Vu chez Marine Serre, Louis Vuitton, Sacai, Jeanne Friot, Homme Plissé Issey Miyake, Songzio…

13. Les diplômé·e·s de l’IFM
Andrea Albrizio SS24, Jeanne Ancel SS24, Jiawei Han SS24, Zixiang He SS24, Jules Petit Degos SS24, Clémentine Chabuel SS24

Depuis 2021, l’Institut Français de la Mode (IFM) est inscrit au sein de la Semaine de la mode avec le show expérimental de ses étudiant·e·s. Un évènement soutenu par le Défi et maintenant considéré comme une sorte de rituel d’entée en la matière puisqu’il ouvre le calendrier officiel. Autant dire que ce show et cette école n’ont désormais plus rien à envier aux fameuses Central Saint Martins ou Parsons School. Grâce à eux, Paris s’affirme de plus en plus comme une place forte de la mode en terme de formation et d’éducation comme en témoignent les 200 silhouettes riches et effervescentes qui ont défilé et qui ont été créées par une quarantaine d’élèves. Le futur de la mode, c’est là que ça se passe.

13. Serez-vous de tie ?
Egonlab SS24, Louis Vuitton SS24, Botter SS24, Sulvam SS24, Louis Gabriel Nouchi SS24, Givenchy SS24

Dernière tendance mais pas des moindres, la cravate refait un comeback assumé pour le printemps-été 2024. Mais vu qu’on est des gens avec un minimum de jugeote et de style, on ne va certainement pas la porter avec un tuxedo complet. Vu chez Egonlab, Louis Vuitton, Botter, Sulvam, Louis Gabriel Nouchi, Givenchy…