Tory Burch SS24

Coincée entre New York et Milan, la fashion week de Londres tente d’exister tant bien que mal avec peu de grands noms à l’affiche (JW Anderson, Richard Quinn, Burberry, Simone Rocha). Cela dit, son véritable intérêt réside une fois de plus dans la jeune création fantasque londonienne (Mowalola, Harris Reed, Chet Lo, KWK by Kay Kwok, Sinead Gorey…) qui réussit à s’amuser des clichés de la mode et de la pop culture.

1. Les Highlights londoniens
JW Anderson SS24.

JW ANDERSON
Pour le Printemps/Été 2024, JW Anderson a continué de développer sa récente fascination pour les matériaux cimentés, puisqu’il a une nouvelle fois proposé des sculptures tridimensionnelles portables tirées d’une garde-robe casual. Le créateur a même proposé des t-shirts courts et shorts en jean moulés façon argile hydratée. Toujours avec sa pointe d’humour iconoclaste, le designer irlandais a aussi imaginé des Robes/vestes et pantalons façon Bombers XXL agrémentés de plumes d’autruches. Sans oublier les silhouettes semblant avoir été conçues avec des sacs plastiques. Bref, du grand JW Anderson. C’est ça qu’on veut.

Mowalola SS24.

MOWALOLA
Mowalola Ogunlesi a présenté sa dernière collection au milieu du buzz de la Fashion Week de Londres. Intitulée “Crash”, cette dernière était axée sur l’idée de vivre dangereusement . Normal quand on sait que la créatrice a eu l’idée de la collection après avoir regardé pour la première fois “Crash”, le thriller érotique de David Cronenberg sorti en 1995. Résultat, les vêtements ont été délibérément salis avec un maquillage pour les mannequins qui ressemblait à celui de contusions ou de cicatrices extrêmes, le tout complété par des pièces en jean sales, des pantalons tachés et du contenu intentionnellement explicite avec des micro-jupes et ventres apparent qui donnaient au défilé une vibe très “Diiirty” à la Christina Aguilera.

KWK BY KAY KWOK SS24.

KWK BY KAY KWOK
Designer chinois connu pour son approche futuriste, Kay Kwok a récemment fêté les 10 ans de sa marque avec une nouvelle collection SS24 proposant une silhouette d’athleisure intergalactique. Obsédé par le progrès technologique, il a a choisi de faire un défilé “qui utilisait la technologie de pointe et l’artisanat scientifique dans des collections émouvantes et expressives existant entre la terre et un endroit lointain dans un autre monde”. Okay. Du coup, ça donne des silhouettes over the top confectionnées avec des disques annulaires asymétriques reflétant ceux trouvés dans le système solaire et agrémentées de lunettes à larges montures ou d’antennes histoire de bien nous donner une vibe extraterrestre. Un vrai bon trip.

Harris Reed SS24.

HARRIS REED
Mercredi 13 septembre au soir, Harris Reed a donné officieusement le coup d’envoi de la Fashion Week de Londres qui ne démarrait en vrai que deux jours plus tard. Rompant avec les formats non conventionnels de ses précédentes présentations, le créateur a choisi de d’organiser un véritable défilé pour sa collection printemps/été 2024 pensée comme une méditation sur le glamour du vieil Hollywood. C’est d’ailleurs la top model Ashley Graham qui a ouvert le show avec une longue jupe noire et un bustier fait à partir de deadstock de velours. Le reste de la collection, principalement en noir et blanc, était marquée par la corseterie afin d’explorer la manière paradoxale dont les sous-vêtements féminins qui imposent structure et rigidité – des attributs classiquement définis comme masculins – dramatisent également les courbes dites féminines. Ovah et drama AF.

Richard Quinn SS24.

RICHARD QUINN
Suite à la récente disparition de son père, Richard Quinn a dédié sa collection printemps/été 2024 à sa mémoire. Sa famille était d’ailleurs présente dans le public pour assister à ce spectacle émouvant. « Je voulais célébrer mon père avec une collection éthérée et spirituelle, ainsi que des vêtements complexes ». Résultat, on a eu droit à du Richard Quinn sensationnel allant d’ornements somptueux aux imprimés botaniques, en passant par les robes ultra-féminines confectionnées en soie et en tulle. Point fort : les robes transparentes en 3D aux silhouettes semblables à celles d’une robe de bal, brodées à la main de motifs en velours et de motifs floraux.

2. Les “Debut shows3
Mains SS24.

MAINS
Pour info, Mains, qui présentait son premier défilé à la fashion week de Londres, est la marque du célèbre rappeur Skepta, conçue en partenariat avec son ami designer Mikey Pearce. Surprise, la marque n’a pas surexploité les codes du bling mais a plutôt choisi une collection se basant sur les codes du sportswear urbain avec technique, rythme et flair artistique : pantalons de survêtement, vestes avec incrustations graphiques, boardshorts et débardeurs impeccables, coupes volumineuses, tricots complexes et cuirs lisses prêts pour la moto. Bien joué.

Aaron Esh SS24.

AARON ESH
Aaron Esh, finaliste du prix LVMH, a présenté sa collection lors de la Fashion Week de Londres – et la marque de prêt-à-porter montante a livré l’une des meilleures shows de la saison. Dévoilée au sein du Tate Modern, la collection réunissait “la rigueur de la confection de tailoring de Savile Row avec l’esprit des sous-cultures britanniques”. Baptisée “Chaos et Contrôle”, la ligne symbolisait la coexistence de ces deux thèmes dans la vie quotidienne, canalisant cette dichotomie dans des vêtements conçus pour une génération qui se sent quelque part entre les deux. On point.

HARRI SS24.

HARRI
Le designer indien Harikrishnan Keezhathil Surendran Pillai a lancé sa marque éponyme HARRI à la Fashion Week de Londres. Au cours des dernières années, le créateur a acquis une réputation grâce à ses pantalons ballons gonflables et à ses tenues à dominante latex (coucou Sam Smith au Brit Awards). Pour le printemps/été 2024, HARRI a publié une collection intitulée “Chapter Three : Texture & Movement”, qui proposait des silhouettes en quatre dimensions basées sur les œuvres bulbeuses d’Isamu Noguchi et Peter Shelton. Outre les costumes en latex, les débardeurs et les ensembles coordonnés emblématiques, la collection présentait aussi des costumes en tissu froissé, à épaules pointues et des costumes métalliques.

Sinead Gorey SS24.

SINEAD GOREY
La créatrice montante londonienne et méga-fêtarde Sinead Gorey vient de faire ses débuts sur le catwalk de la Fashion Week de Londres. Conçue comme une lettre d’amour à Londres, sa collection SS24 infusée de Britpop célèbre tout ce que la Grande-Bretagne fait de mieux, du punk à la rave et tout le reste (Union Jack, Kate Moss à Glastonbury etc). En plus de marquer les débuts de Gorey sur le catwalk, la collection a également présenté sa toute première collection de chaussures : une collaboration avec Buffalo. So British.

JE CAI SS24.

JE CAI
Continuant ​​à remettre en question le statu quo avec son approche du design, Jiaen Cai s’est appuyé sur son système modulaire algorithmique pour sa dernière collection printemps-été. Oui, oui, vous avez bien, Je Cai a un système modulaire qui vise à inciter les clients à réfléchir à leurs habitudes de consommation et aux cycles de tendances éphémères. Ce système modulaire composé de couches de base, de composants coordonnés et de composants supplémentaires, permet, à celui ou celle qui porte la collection, une variété d’options pour un look personnalisé et unique, le tout dans un minimalisme géométrique assumé.

3. Au nom de la Rose

On est en Angleterre et forcément la rose est l’emblème de toute son histoire (la rose Tudor ça vous dit quelque chose ?). Anyway, pas étonnant qu’on la retrouve décliné partout, partout, partout. Vu chez Erdem, Simone Rocha, Richard Quinn, David Koma, Molly Goddard, Mains…

4. Victorian Dolls

Que serait devenue l’Angleterre sans la Reine Victoria et son esthétique bien poudrée, bien pocelainéee et bien “vous reprendrez bien une tasse de thé ?”. Certainement pas grand chose. L’esthétique Victoria Doll (cette petite poupée qui fait bien flippée dans le grenier de votre mère-grand) se décline à l’envi. Vu chez Bora Aksu, Yuhan Wang, Ashley Williams, Susan Feng, Ashish, Chopova Lowena, Simone Rocha…

5. Marié·e·s à tout prix

Londres semble s’être fait une obsession pour ce contrat qui s’inscrit dans le régime hétéro-patriarcal et dans l’exploitation des corps dans un système capitaliste : à savoir le mariage. Résultat, on a droit à des robes de mariées partout. À quand la divorce dress wesh ? Vu chez 16arlington, Molly Godard, Susan Fang, Simone Rocha, Bora Aksu, David Koma…

6. London Kidcore

Les britanniques sont taré·e·s. Dans le bon sens du terme. C’est leur excentricité et leur esthétique iconoclaste qui font qu’ils·elles sont ce qu’ils·elles sont. La preuve avec l’avènement du kidcore, cette tendance qui consiste à se fringuer n’importe comment, comme un gamin qui serait allé piquer des fringues dans le placard pour se déguiser entre deux séances de coloriage et de houla-hoop. Bien criard comme il faut. Comme un mioche quoi. Vu chez Susan Fang, Matty Bovan, Ashley Williams, Ashish, Chopova Lowena…

7. Faire (vieille) tapisserie

Quand on pense UK, on pense pas forcément punk. On pense aussi à quelque chose de plus rance comme la monarchie avec sa chasse à courre, ses salons de thés et ses motifs de tapisseries bien chargées et bien imposantes. Bingo ! Ça se retrouve aussi sur les fringues avec Burberry, Richard Quinn, Ashish, David Koma, Erdem…

8. My Tailor is laaaaaarge

Autre classique de la mode anglaise décliné cette saison, le tailoring qui devient ici oversize, large, décontract, chill, easy. Bref t’as capté on veut pas être engoncé dans cet habit élitiste. Du coup, il est agrandi et déclinée de façon plus casual comme chez Eudon Choi, Tove, Roksanda, Erdem, Holzweiler…

9. Psyché-délice

Certainement afin de faire hommage à la culture de la fête et de l’underground UK (avec tout ce que ça comporte de raves et de conso pas légales et acidulées), Certain·e·s designers ont choisi de mettre un peu de motifs psyché et fluo dans leur collection. Pourquoi pas, le monde est tellement misérable qu’il faut bien trouver des solutions pour l’égayer et ne pas se foutre en l’air. Vu chez Chet Lo, Matty Bovan, Masha Popova, Tove, Roksanda, Ahluwalia…

10. Les deux font la paire

À Londres, il faut mieux marcher à deux, si possible main dans la main, ou épaule contre épaule comme le prouvent Richard Quinn, Mowalola ou Ashish qui ont décidé de voir double. Pourquoi pas.