Article publié
le 15 septembre 2022
Lancée sur fond de drama historique (le décès de Queen Elizabeth II), la Fashion Week new yorkaise a donné le 9 septembre dernier, le coup d’envoi des défilés printemps-été 2023. Au programme de ces collections, du sex appeal fierce, une montée en puissance du Y2K et des shows historiques comme celui célébrant les 25 ans du célèbre sac Baguette de Fendi.
Si le défilé Fendi comptait parmi les événements les plus attendus de cette Fashion Week new yorkaise, il a rempli sa mission de “starter boost”. Le combo gagnant : une collaboration de designers superstars (Kim Jones et Marc Jacobs) – ou la nouvelle valeur refuge de la mode -, des pièces iconiques issues des archives de la maison, revisitées à la sauce tacky (comme le fameux sac baguette qui fêtait son quart de siècle, orné de strass) et un front row, t’as peur (Kim Kardashian, Sarah Jessica Parker, Kate Moss). Clou du spectacle : la (ré)apparition de Linda Evangelista. L’icône déchue des podiums depuis des ratés chirurgicaux a clôturé le défilé tel un ange venu du ciel, tout en drama dress et salut princier.
Après l’annonce de son partenariat avec SM Entertainment, société qui le fera travailler avec la longue liste de stars de la K-pop sous contrat avec l’entreprise coréenne de divertissement (et après avoir habillé Johnny Suh, membre du boys band sud-coréen NCT, pour le Met Gala 2022), Peter Do, le créateur d’origine vietnamienne, basée à New York, a officiellement lancé pendant son dernier défilé sa première collection pour homme. Histoire de marquer le coup, le créateur, adulée par toute une partie de la fashion scene comme l’une des nouvelles figures montantes de l’industrie, a ouvert le show avec un look porté par Lee Jeno, membre du groupe K-Pop NCT. Comme à son habitude, la collection a installé un peu plus Peter Do comme le maître du tailoring élégant, décontracté et juste ce qu’il faut de kinky. Un début plus que prometteur.
Après Fendi (qui célébrait les 25 ans de son sac Baguette le 9 septembre 2022), c’est Marni qui a choisi d’investir les rues de New York pour son défilé printemps-été 2023. C’est sous le pont de Brooklyn et sur une musique signée Dev Hynes (aka Blood Orangee) et interprétée par le String Orchestra of Brooklyn (rien que ça) que Francesco Risso, directeur artistique de la maison italienne depuis 2016, a présenté une collection aux tonalités évoquant les magnifiques couchers de soleil printaniers et estivaux de la campagne italienne, le tout principalement inspiré de l’artiste Flaminia Veronesi pour les imprimés psychédéliques qu’on retrouve sur des pièces en mailles, des robes et jupes en satin, quelques vestes et manteaux en cuir vitaminé ou des costumes en velours.
Pièce phare des années 2000, le cargo pants est de retour sur les podiums. Rose poudré chez Collina Strada, rose satiné chez Tibi, combi turquoise du côté de Fendi ou encore version taffetas Y2K chez Laquan Smith, ce baggy multipoches imaginé dans les années 40 pour que les soldats de l’armée britannique puisse transporter le maximum d’affaires, s’affranchit de son ancêtre militaire en se parant de couleurs sucrées. C’est le moment de réviser les chorés de TLC et d’enfiler un pantalon cargo, idéal pour la liberté de mouvements. C’est dans les poches.
Pourquoi trancher entre le court et le long quand on peut avoir les deux ? Les robes à traînes ont peuplé les podiums. Ambiance tapis rouge pour Carolina Herrera et Badgley Mischka, punk immaculé pour Batsheva et super fluide chez Peter Do, ces robes “cock-tail” se portent aussi le jour. On apprécie les volumes amples pour mieux tracer sa route et occuper l’espace. L’été prochain, ce sera cool d’être à la traîne.
Esprit punk, es-tu là ? Le 11 septembre dernier, Tommy Hilfiger rendait hommage à la Factory d’Andy Warhol et présentait un nouveau logo sous une pluie battante et devant un parterre de célébrités et de parapluies. Côté mode : on retient une collection inspirée des années 80, du college teen spirit Hilfiger infusé au punk du Richard Quinn, designer britannique expert es imprimés, invité pour une collaboration (and again). Dans la collection de Coach, dont Lil Nas est l’égérie, les polos college côtoient des shorts en cuir à grosses boucles et les pulls écossais sont tachés de peinture. Chez Puma, les tenues d’étudiantes embrassent la thug life et prennent en volume avec mention layering de doudounes et de baggy en velours côtelé. Punk is not dead.
Cette saison, le costume se déconstruit à l’image du monde du travail et de la vague du “Big Quit” qui règne aux US. Des éléments street et des vestes retournées chez Luar, des découpes à l’envers chez Ashlyn, le costume devient l’incarnation du mouvement. Idem chez Peter Do qui ajoute pour la première fois à sa collection des créations pour l’homme même s’il confesse créer “pour les gens, point.” Sa collection intitulée “Time” inspirée par la placidité de son chien, évoque la volonté du créateur de s’ancrer dans le présent, savoir prendre le temps. Elle propose des costumes ornés de traînes amovibles en soie ou en mousseline, qui ajoutent de la versatilité à l’allure stricte des costumes cintrés. Comme une métaphore de la liberté à laquelle aspire ce nouveau monde du travail ?
Après les strass et les paillettes, l’été brillera sous les ondulations du satin. Décliné sur des jupes midi, des blazers extra larges chez Khaite ou trois quart chez Tory Burch, sur les robes du soir chez Fe Noel et Michael Kors et les pantalons cargo chez Tibi et Fendi, le satin redonne vie et visibilité aux formes du corps. Riche sans être élitiste, cette matière met aussi en lumière l’envie furieuse qui gagne la mode depuis le déconfinement : en découdre avec la fête et les mondanités.
Les nipples seraient-ils enfin free ? Cette saison, les designers semblent lancer à nouveau l’appel du téton libre (poke Meta) notamment à l’aide de jeux de transparence, plus directe et incisive que le cut out qui fait deviner sans réellement dévoiler. C’est ainsi que les tétons se révèlent sous la mousseline ou la maille fine, y compris ceux des hommes chez Monse et un peu partout ailleurs : Jason Wu, Tory Burch Kim Shui, Maryam Nassir Zadeh ou encore Prabal Gurung. Chez Marni les poitrines se révèlent sous une toile tribale quant à Proenza Schouler, on préfère la dentelle preppy. Peu importe la matière tant qu’on a le sein.
Nouveau prodige de la mode adoubé par toute la profession, Peter Do surprend par sa maturité et son honnêteté. Enclin à remettre l’émotion et le vêtement au centre des discussions, le jeune designer low-key à la tête de sa propre marque — et récemment nommé à la direction artistique d'Helmut Lang — s’annonce déjà comme la figure de proue d’un renouveau minimaliste assumé.
Si vous aviez encore des doutes sur l’hégémonie mode parisienne, il suffit de jeter un coup d'œil à cette dernière fashion week SS24 qui aura été l’une des plus riches, diverses et poétiques de l’histoire (oui, oui). Entre l’affirmation des grandes maisons (Louis Vuitton, Miu Miu), le retour tonitruant de marques emblématiques (Mugler, Carven) et l’arrivée plus que prometteuse de petits labels (Zomer, Duran Lantink), on n’a qu’une chose à dire : ici c’est Paris !
Le coup d’envoi du “Big Four” de la Fashion Week SS24 a été donné à New York le 8 septembre dernier et le bilan est comment dire… mitigé. Retour sur une fashion week qui, certes, fait le boulot mais n’offre rien de très engageant, excepté les classiques Tory Burch et Michael Kors, ainsi que les cool kids Area, Luar et Palomo Spain. Récap' en 7 points.