Avec son dernier défilé “Love Parade” organisé sur le fameux “Walk of fame” d’Hollywood Boulevard à Los Angeles, la maison Gucci a une fois de plus marqué les esprits et offert une collection qui fera date. Retour sur les moments marquants d’un show événement peut-être plus engagé qu’il n’y paraît.

Mardi 2 novembre au soir, la maison italienne Gucci s’est fait le petit plaisir de privatiser le “Walk of fame” du fameux Hollywood Boulevard à Los Angeles pour présenter son défilé centenaire baptisé Love Parade et rendant hommage à la culture californienne et à l’iconographie glamour du cinéma hollywoodien. Résultat, 115 mannequins (dont Phoebe Bridgers, Macaulay Culkin, Jared Leto ou encore Steve Lacy) se sont pavané.e.s sur le célèbre bitume étoilé en sortant du légendaire cinéma TCL Chinese Theatre alors qu’un parterre de stars (Gwyneth Paltrow, Billie Eilish, Salma Hayek, Miley Cirus, Diane Keaton…) assis sur des chaises pliantes de tournages les regarder marcher.

Autant dire que, rien qu’avec le décor et le front row, on était déjà au max de ce que Gucci pouvait offrir en termes d’opulence et de flamboyance. Mais c’était sans compter sur la collection elle-même qui a réinterprété avec brio et avec juste ce qu’il faut d’outrance les codes du cinéma hollywoodien et l’esthétique angeline : chapeau de cowboys, chemisettes californiennes, boas, robes à plumes, sequins, costumes trois pièces…

Mais au-delà des silhouettes ultra-élaborées qui, malgré leur forte différence, offraient ensemble une cohérence indéniable, la force du show résidait sans doute dans les subtils hommages que chacun des looks rendaient aux classiques du cinéma : les robes dramatiques de Jean Harlow dans Dinner at Eight (1933), le doré et le lamé d’Elizabeth Taylor dans Cléopâtre (1963), la robe serpent d’Anna May Wong dans Limehouse Blues (1934), la tiare et la prom dress de Sissy Spacek dans Carrie (1976), la combi workwear de Bill Murray dans Ghosbusters (1984), le cowboy hat de Maria Felix dans La Generala (1971), le manteau fourrure de Shirley Maclaine dans What a way to go! (1964), le tuxedo de Bette Davis dans Dark Victory (1939) ou encore le look chino + chemise hawaïenne de Jim Carrey dans Ace Ventura (1994).

Autre point fort : le casting. Si Alessandro Michele a décidé de faire défiler quelques non-models connus (Jared Leto, Macaulay Culkin) au sein d’une cabine de mannequin ultra-diverse (en témoigne notamment le passage de la mannequin indigène américaine Quannah Chasinghorse), le directeur artistique a aussi choisi de mettre sur le catwalk ce que l’industrie dénomme gentiment des “curve models”. Un parti pris rare assumé pour un grand mastodonte de l’industrie comme Gucci qui s’engage enfin pleinement dans le body positive afin de montrer que tout le monde, peu importe ses origines et/ou sa morphologie, a le droit de cité. Period.

Et histoire d’appuyer un peu plus le statement de cette “Love Parade” signée Gucci, c’est sur le classique “All is full of love” de la chanteuse Bjork que les mannequins ont fait le grand final. Tout est amour donc à en croire la horde de models qui, pour clôturer le show, ont foulé d’un pas déterminé le fameux Hollywood Boulevard. Boulevard sur lequel, grâce aux plans de caméra effectués par les drones, on pouvait encore voir inscrit sur le sol le slogan All Black Lives Matter (mêlé d’un rainbow flag LGBT) qui avait été peint lors des protestations de juin 2020 contre le racisme et les violences policières. Alors oui, c’est beau l’amour mais la justice c’est encore mieux. Comme le disait la militante américaine antiraciste Jane Elliot sur le plateau d’Oprah Winfrey en 1992 : “On a eu de l’amour dans ce pays pendant 500 ans. Ce qu’on doit avoir maintenant c’est la justice. C’est seulement quand on aura une société juste et qu’on se traitera équitablement les uns les autres qu’on pourra véritablement s’aimer”.