Résultat, le jeune et ultra-talentueux styliste Imruh Asha (tout juste nommé Fashion Editor au magazine Dazed, big up !) a réalisé neuf sculptures faites de textiles communément considérés comme des déchets et récupérés dans les stocks dégueulant monstrueusement de fringues de l’ONG Le Relais, ce réseau de coopératives membre du mouvement Emmaüs qui en 2018, a collecté à lui seul, 150 000 tonnes de déchets textiles, soit l’équivalent du poids de 15 Tour Eiffel… Mais ce n’est rien quand on sait que 80% des textiles jetés dans le monde finissent directement à la décharge ou à l’incinération.
Après deux jours de fouille et de tri pour trouver les textiles nécessaires à la réalisation des sculptures, le résultat final a été immortalisé par le photographe Thibaut Grevet au travers d’une série de clichés dans laquelle Nella Ngingo, mannequin et activiste, alors coiffée des créations recyclées de Yann Turchi et maquillée par Marie Duhart, portait les oeuvres fascinantes d’Imruh. Une façon de donner une nouvelle forme de vie à ces bouts de tissus mais aussi d’incarner une manifestation surréaliste du monde de la mode; un monde où malheureusement aujourd’hui le textile n’est plus que le véhicule du profit, détaché de la créativité ou de la nécessité.
Histoire d’amplifier le propos tout en rappeler la gravité et le sérieux du problème (on va arrêter de se voiler la face, on va clairement droit dans le mur), le scénographe Julien Cavallina a pour l’occasion créé un décor fascinant en utilisant des matériaux trouvés sur place, construisant une fine couche entre la création des stylistes et la dure réalité des masses de vêtements qui entouraient l’équipe créative lors du shooting au sein des allées du stock du Relais.