Figures romanesques et maternelles
Bien qu’aujourd’hui controversé, compte tenu des accusations d’exploitation financière des stars du film par la réalisatrice – blanche –, Paris Is Burning braque les projecteurs sur des personnages romanesques, leurs rêves et leurs luttes au quotidien. Des femmes trans, des jeunes hommes gays et de véritables figures maternelles, à l’instar de Dorian Corey et Pepper LaBeija. Bien plus que des équipes calibrées pour la compétition, les Houses sont surtout des refuges, de nouvelles familles pour les jeunes personnes queers, rejetées par leurs parents à cause de leur identité ou de leur orientation. Dans la culture ballroom, des mères et des pères de substitutions, des “Mothers” et des “Fathers”, vont alors s’assurer du bien-être et de l’épanouissement de leurs “kids”, construire des foyers à part entière. “La ballroom m’a permis de trouver une famille que je n’avais plus. Et, d’avoir le soutien indéniable pour m’élever, être moi-même”, me confie Nikki Gorgeous Gucci, Queen Mother de la House du même nom. Au début des années 2010, c’est elle et Lasseindra Ninja qui développent la culture ballroom en France. À différents moments, toutes les deux en ont fait l’expérience à New York. Pour Nikki, c’était il y a 25 ans. Elles transmettent alors le savoir, le fonctionnement, enseignent la danse et ses technicités, structurent la scène et organisent les premiers événements dans l’Hexagone. “Je savais que ce qu’on faisait était plus grand que nous, me glisse Nikki. Que ça allait prendre de l’ampleur et aider beaucoup de personnes à se trouver, à s’accepter et à prendre leur essor.” Aujourd’hui, après plus d’une décennie d’existence, la scène ballroom française avec des centaines de membres et des figures de proue telles que l’artiste, DJ et personnalité TV, Kiddy Smile, International Mother de la House of Gorgeous Gucci, n’a rien à envier à celle de New York. Les Balls et autres événements en lien avec la scène sont de vraies espaces d’expression, de libération et d’exploration de leur identité pour les personnes queer. Elles y trouvent aussi de nouvelles familles, des “support systems” dans des Houses, comme House of Revlon, House of Oricci ou encore House of Ladurée, la première d’origine française, fondée en 2013 par Mother Rheeda Ladurée.