DRAPED, 2017, DE LA PHOTOGRAPHE LISETTE APPELDORN

Et si la mode était sur le point de faire son coming-out écosexuel ?
Retour sur les nouvelles préoccupations et initiatives écologiques d’une industrie qui fantasme un rapport torride, passionné et plus respectueux avec la nature.

Au début des années 2000, quand vous avez vu Tom Cruise dans une scène de Minority Report entrer dans un magasin Gap et se faire scanner les yeux pour valider son identité et pouvoir ensuite procéder à ses achats, vous avez sûrement cru à une dystopie aussi improbable que celle décrite dans les séries Black Mirror ou Years and Years.

Et pourtant, ce scénario n’est déjà plus de la science-fiction. Aujourd’hui, l’utilisation de la reconnaissance faciale dans notre quotidien est devenue aussi commune que les mauvaises blagues de boomer faites par Laurent Ruquier sur le plateau d’ONPC. Que vous le vouliez ou non, votre visage relève maintenant du domaine public. Dans une interview au Monde en juillet 2018, la critique d’art Marion Zilio, auteure de Faceworld, le visage au xxie siècle (éd. PUF, 2018) alertait déjà : “Le visage ne nous appartient plus : il est la propriété de plates-formes capitalistes”.

“AUJOURD’HUI, LA TECHNIQUE DE LA CONTESTATION PAR LE VÊTEMENT A TRAVERSÉ LES ÉPOQUES ET FAIT DE NOUVEAUX ADEPTES.”

ROBE ET VISIÈRE COLLECTION IP/PRIVACY NICOLE SCHELLER

Au début des années 2000, quand vous avez vu Tom Cruise dans une scène de Minority Report entrer dans un magasin Gap et se faire scanner les yeux pour valider son identité et pouvoir ensuite procéder à ses achats, vous avez sûrement cru à une dystopie aussi improbable que celle décrite dans les séries Black Mirror ou Years and Years.

“AUJOURD’HUI, LA TECHNIQUE DE LA CONTESTATION PAR LE VÊTEMENT A TRAVERSÉ LES ÉPOQUES ET FAIT DE NOUVEAUX ADEPTES.”

Et pourtant, ce scénario n’est déjà plus de la science-fiction. Aujourd’hui, l’utilisation de la reconnaissance faciale dans notre quotidien est devenue aussi commune que les mauvaises blagues de boomer faites par Laurent Ruquier sur le plateau d’ONPC. Que vous le vouliez ou non, votre visage relève maintenant du domaine public. Dans une interview au Monde en juillet 2018, la critique d’art Marion Zilio, auteure de Faceworld, le visage au xxie siècle (éd. PUF, 2018) alertait déjà : “Le visage ne nous appartient plus : il est la propriété de plates-formes capitalistes”.

Bingo cow-boy ! La reconnaissance faciale est aujourd’hui commercialisée par les GAFAM en tant que dispositif de sécurité ou comme simple outil de validation d’identité. Pour rappel, Apple se sert déjà de notre visage pour déverrouiller l’iPhone, et Facebook nous tague automatiquement sur les photos que nous postons sans qu’on n’ait rien demandé (en août dernier, la cour d’appel de San Francisco avait d’ailleurs condamné le réseau social pour avoir illégalement collecté et stocké des données biométriques de millions de ses utilisateurs sans leur consentement). Mais ça, ce n’est rien comparé à Amazon qui a annoncé l’été dernier que sa technologie controversée de reconnaissance faciale baptisée Rekognition était désormais capable de déceler huit émotions faciales humaines comme la joie, la tristesse, la colère, la surprise, le dégoût, la quiétude, la confusion et la peur…

Pas étonnant donc que la reconnaissance faciale soit devenue le joujou préféré d’organismes d’État et de gouvernements qui ont fait de la surveillance leur nouveau dada. Selon l’étude “The perpetual line-up – Unregulated police face recognition in America”, réalisée en octobre.

DRIP, 2017 DE LISETTE APPELDORN