Après trois ans d’absence et le succès retentissant de “The Joker”, l’acteur oscarisé Joaquin Phoenix revient sur grand écran dans “Nos âmes d’enfants”, nouveau film de Mike Mills qui traite, tout en douceur et en esthétisme, des liens familiaux, de la transmission et de l’héritage. 

  

La dernière image que l’on a de Joaquin Phoenix, c’est celle du Joker en 2019, un “fou” marginal et paria de la société errant dans un univers sombre et décadent. En 2022, changement de décor total pour l’acteur qui revient dans “Nos âmes d’enfants” (“C’mon, C’mon” en anglais), film d’auteur du réalisateur Mike Mills qui réussit ici le pari de parler avec douceur et esthétisme des relations familiales et de la transmission entre générations.

“Nos âmes d’enfants” suit le personnage de Johnny (joué par Joaquin Phoenix), un journaliste radio qui part interviewer des adolescents dans différentes villes américaines, et qui par un coup du destin, se retrouve à devoir s’occuper de son neveu Jesse, lorsque la mère de ce dernier, Viv, doit s’occuper de son ex-mari Paul atteint d’une maladie mentale. Une relation particulière et inattendue qui va permettre malgré elle de développer un lien très fort entre l’oncle et son neveu. Tous deux vont alors apprendre l’un de l’autre et se faire grandir. Les deux figures vont se faire du mal (les questions indiscrètes de Jesse, le travail qui pousse Johnny à renvoyer Jesse chez lui à un moment du film), mais aussi beaucoup de bien : Johnny va réapprendre à sourire, à être heureux, à s’émerveiller tel un enfant alors que Jesse va l’histoire d’un instant trouver en son oncle une figure paternelle ou tout du moins un ami.

Avec ce film, Joaquin Phoenix nous prouveune fois de plus, si on en doutait encore, son talent d’acteur et sa capacité à s’adapter à des productions plus intimes à la dimension plus humaine. Ici, son rôle de vieil ours fatigué et mélancolique fait mouche. Confronté à son neveu, le personnage de Johnny, rongé par son passé, se retrouve à reprendre goût à la vie et à l’émerveillement tout en découvrant la responsabilité de parent. Une relation notamment rendue crédible grâce à la superbe performance du jeune Woody Norman (Jesse), qui surprend par son naturel, son ton juste, et son jeu à la fois drôle et émouvant.

La force du film, qui est un véritable plus, reste dans doute l’esthétique et la cinématographie choisies par le réalisateur. Ici, les plans en noir et blanc dévoilent des paysages et des horizons superbement filmés et captent la beauté cachée de lieux urbains comme Los Angeles, New York ou la Nouvelle-Orléans. Au final, c’est comme si le film de Mike Mills, qui au travers de la relation filiale entre Johnny et Jessy, dépeignait le portrait actuel des États-Unis : un pays au passé lourd et parfois chaotique qui essaye d’assurer à sa descendance le meilleur des avenirs.

« Nos âmes d’enfants », de Mike Mills, actuellement en salles.