Tu es originaire de Rio de Janeiro et tu vis actuellement en France. Pourrais-tu te présenter et raconter un peu ton histoire, pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Je suis la fille d’une mère native brésilienne et d’un père capoeirista afro-brésilien. J’ai depuis toujours un lien très fort avec cet art martial qui mêle la danse et la musique et reflète l’histoire, la culture et le passé du Brésil. Autant dire que je suis très attachée à mon identité, à mon quartier et à la ville de Rio. J’ai vécu toute ma vie là-bas, entourée par la présence de la forêt située au cœur même de la ville, et par la mer qui baigne tout le littoral. Cette ville a un côté puissant, viscéral et radical, qui a beaucoup influencé la personne que je suis.
Aujourd’hui tu habites en France. Comment as-tu vécu la rencontre avec cette nouvelle culture ?
J’ai débarqué en France il y a 5 ans maintenant et j’ai d’abord habité à Paris. La première année, tout a été une découverte : le contact avec une culture différente, l’exotisme du froid, du temps gris, la vie parisienne, les rencontres qui m’ont apporté des nouve.aux.lles ami.e.s. Mais le temps a commencé à passer et le soleil et la mer ont commencé à beaucoup me manquer. Donc, après quelques allers-retours à Marseille, et le constat qu’à chaque fois le retour était plus dur, j’ai choisi de déménager là-bas. Je suis tombée amoureuse de la belle lumière de Marseille, de la couleur bleu du ciel et de la mer accueillante à chaque passage sur la corniche.
Comment expliquerais-tu ton envie de dessiner, de peindre ? De t’exprimer artistiquement ?
Je crois que nous avons tous dès notre enfance une tendance à peindre ou à dessiner. Cela ne fait pas de nous d’excellents peintres mais la curiosité et la volonté de toucher un pinceau, de colorier une page blanche, de gribouiller une feuille, est d’une certaine manière une forme de communication avec l’autre. Mon père, à sa façon, m’a influencée : il avait un énorme talent caché pour le dessin. Dès petite, je le voyais dessiner et cela m’inspirait. Je restais à l’observer en silence pendant qu’il travaillait. Je me rappelle que quand j’étais toute petite, un dessin d’un troupeau d’éléphants fait au crayon m’a comme réveillée. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à vouloir dessiner.
Comme j’étais une enfant qui aimait beaucoup jouer toute seule, je créais mes propres univers. Quand j’étais seule, j’aimais dessiner, et sans même m’en rendre compte, j’ai gardé cette habitude jusqu’à ma vie d’adulte. À un moment j’ai commencé à m’éloigner et à me connecter avec la photographie, en gardant la volonté de créer ma propre réalité des choses. Je suis restée des années sans toucher un pinceau ou un stylo. Mais mon coeur est plus complet quand je dessine. Quand j’étais à Paris, je me suis retrouvée avec ma solitude et c’est à ce moment que je me suis reconnectée au dessin de façon naturelle, sans obligation. Me sentant libre, j’ai recréé cette habitude. Puis j’ai commencé à avoir envie de montrer ce que je faisais et petit à petit les choses ont pris forme. J’ai déménagé à Marseille et c’est dans cette ville que je me suis réellement envisagée comme artiste et que j’ai fait mes premiers pas. Ça a encore plus renforcé ma relation avec la ville.