Les sept membres d’un même corps
Au fil de notre échange, je comprends que le fait de composer à 14 mains (à l’aide des “vieilles machines et autres vieux synthés” qui peuplent leur sous-sol, m’indique Vic) les mène naturellement vers des créations dansantes et festives. “Quand t’es en groupe, t’es pas dans tes écouteurs, poursuit Vic. Tu te dis : ‘Ok, quel son je vais mettre pour faire kiffer les autres ?’ Et c’est dans cette énergie-là qu’on crée nos morceaux. On a à cœur de faire une musique sur laquelle tu peux danser, mais aussi planer.” Et Zoé de compléter : “Ça résume assez bien nos personnalités : vu qu’on est sept, on est toujours dans une dynamique assez rythmée, et en même temps… on est un peu foncedé [rires] ! Voilà, KLON, c’est ça.” D’ailleurs, pourquoi KLON, qui signifie “clone” en allemand ? “On a choisi ce nom pour illustrer cette unité, cette fusion qu’il y a entre nous”, explique Akra. “C’est un mot qui nous a tout de suite parlé, enchaîne Vic. Déjà, avec mon frère jumeau, il y avait cette idée de clone ; mais c’était aussi et surtout une façon de dire qu’on est tous les clones d’une vision commune, les sept membres d’un même corps.” Et Akra de renchérir : “Et puis, il y a aussi quelque chose de très ironique là-dedans : on s’appelle comme ça, mais on est totalement contre la standardisation de la société, le clonage des mentalités et des gens.” Cette dimension critique est intrinsèque à leur musique, qu’ils décrivent comme “une énergie” plutôt qu’une création figée. Le groupe en pose les bases avec le clip animé de “Noise”, son premier single sorti le 7 juillet 2020 — une date choisie avec le plus grand soin, explique Vic, pour faire écho à leur septuor et à leur feu groupe G20. Sur une production à la fois éthérée et inquiétante, les sept artistes livrent leur regard sur le monde alentour. Un monde à grande vitesse, qu’ils observent paisiblement depuis la fenêtre de leur royaume essonnien, et qui leur paraît parfois dénué de sens. “Le bip du réveil, la bouilloire qui siffle / La porte qui claque / Puis, les klaxons du périph’, la radio qui aboie / Le chien qui renifle, la rumeur des foules […] Une boucle qui se lasse sans issue de secours”, y chante Vic, qui souligne : “Ce titre parle des bruits de la ville et de la vie, et je trouve qu’il porte assez bien notre message et ce qu’on pense du monde extérieur. C’était une bonne entrée en matière.”