PLUS DE PEUR QUE DE MAL ?
Les agences qui utilisent l’IA n’ont pourtant pas l’air d’y voir le moindre problème. Un des employés de l’une d’elles, qui préfère rester anonyme, voit en cet outil un photoshop 2.0, une aide artistique qui donnerait la possibilité aux marques de créer les projets les plus fous, ce que dément formellement Yann Morrison : “L’outil Photoshop reste relativement limité, il permet de corriger des détails dans une image existante, pas d’en créer une de toute pièce. Ce qui prenait des heures de travail sur Photoshop prend désormais deux minutes sur un logiciel d’IA. Les marques vont vite comprendre l’intérêt mercantile que cela représente et ne vont plus se donner la peine de produire des campagnes qui coûtent des dizaines de milliers d’euros et qui font vivre des dizaines de gens face à un outil d’IA qui pond une image répondant au brief en deux minutes chrono, qu’importe sa laideur” ; Dernièrement, de grandes marques telles que Levi’s, Calvin Klein ou Tommy Hilfiger ont annoncé utiliser l’IA pour générer des mannequins artificiels que l’on retrouve sur leur e-shop, justifiant l’emploi de cette nouvelle technologie par l’inclusivité, afin de créer des modèles de toutes morphologies, prônant la diversité des corps et des couleurs. Et qu’importe si toute une économie en pâtit, reléguant à la case chômage technique les agences de mannequins, les coiffeur·se·s, maquilleur·se·s, et bien entendu les photographes. Au point que la photographie deviennet petit à petit un art en voie de disparition ? “Même si les marques utilisent de plus en plus l’IA, ce qui est regrettable pour toute la profession, on ne pourra jamais enlever à la photo dite traditionnelle, un pouvoir dont elle seule à la secret, nous confie Claire Pathé. La sensation d’avoir un appareil entre les mains, d’appuyer sur le bouton, l’instant où on tente de tous sourire en même temps, de regarder là où le photographe nous dit de regarder, cette sensation lorsqu’on on entend le clic de l’appareil, aucune intelligence artificielle ne pourra nous enlever ça. Les gens aimeront toujours prendre des photos et partager ce moment de vie. Depuis que j’ai compris tout ça, j’ai arrêté d’avoir peur de cette nouvelle technologie”.