2. Polanski, Allen, Besson : bienvenue au bal des monstres
La triple sélection de The Palace de Roman Polanski, Coup de chance de Woody Allen (tous deux hors compétition) et DogMan de Luc Besson (en compétition internationale) sonnait déjà en amont du festival comme une faute grossière de la part du directeur artistique Alberto Barbera. Après la présentation de ces trois films à un public majoritairement sidéré par leur piètre niveau, cette grille de bingo du cinéaste accusé de viol n’apparaît plus que comme ce qu’elle est probablement : une basse provocation, la plus hermétique séparation de l’homme et de l’artiste ne suffisant pas vraiment à justifier à elle seule la programmation de trois films aussi unanimement démolis par la presse et les festivaliers.
Même s’il convient de rappeler qu’aucune poursuite n’est engagée contre Woody Allen et que Luc Besson a bénéficié d’un non-lieu dans l’affaire Sand Van Roy, il est tout de même permis de supposer que cette triple programmation peu justifiée artistiquement a donc pour le festival une valeur de symbole. Celui d’un soutien indéfectible aux cinéastes accusés de viol, qui cohabite assez paradoxalement avec des velléités progressistes, la Mostra ne loupant pas une occasion de se mettre en scène comme un lieu de balayage des vieux ordres patriarcaux, à travers notamment les multiples palmarès féminins de ses dernières années (profitant à Audrey Diwan, Chloe Zhao, Alice Diop, Laura Poitras…). Plusieurs actions du collectif Tapis rouge, colère noire ont émaillé le festival et le jury s’est heureusement abstenu d’aggraver le tableau avec un prix.