Crise sociale, sanitaire, climatique, écologique, économique ou politique : en ce début de xxie siècle, tout laisse à penser que l’époque actuelle a renoncé à l’utopie pour lui préférer la dystopie. Mais faut-il pour autant se contenter du monde comme il est et de l’Histoire comme elle vient ? Certainement pas. Le coronavirus et le confinement ont certes bouleversé les codes du monde dans lequel nous vivons, mais ils ont aussi permis des sursauts écologistes, féministes et antiracistes inédits dont l’ampleur nous a montré qu’une société sans pensée utopique était désormais inconcevable. Utopie au sens de désir d’un mieux. Car à y regarder de plus près, partout dans le monde, les femmes et les hommes se sont de nouveau mis à rêver de ce “mieux”, avec en tête la volonté de modeler l’image de la société à partir d’un idéal éthique, d’une certaine conception de la justice, du bonheur, de l’efficacité et de la responsabilité. Une société où les Noir.e.s et les personnes racisées pourraient vivre librement sans avoir peur de se faire tuer par la police. Une société où les jeunes LGBT+ pourraient exister sans craindre d’être agressé.e.s ou envoyé.e.s en thérapie de conversion. Une société où les femmes pourraient disposer de leur corps librement sans être harcelées ni gouvernées par des représentants politiques accusés de viol et d’agressions sexuelles. Une société où les soignants pourraient prodiguer des soins à tou.te.s sans que la santé ne soit vue comme un business rentable. Une société où l’urgence écologique et climatique serait enfin prise en compte sans être éternellement repoussée et mise de côté.