Bref, quand on sait tout ça, on comprend mieux pourquoi Clémence Sormani l’a de nouveau approchée quelques mois plus tard, à l’été 2022, en se glissant dans ses DM Insta pour lui proposer de devenir, à partir de septembre et pour une durée de deux ans, la nouvelle artiste associée au BNM. “Quand on m’a fait cette proposition, j’ai été honorée mais je n’en revenais pas. Ça m’a pris par surprise et je me suis vraiment demandé : ‘Pourquoi moi ?’”, reconnaît modestement Maryam, encore bouleversée et reconnaissante de l’opportunité qui lui a été offerte. J’imagine que le Ballet avait dû voir ce que j’avais fait auparavant, puisque je connais Marine Brutti (directrice artistique et l’une des fondatrices de (La)Horde, le collectif qui a pris la direction du BNM en 2019, ndlr). Mais, venant du milieu du sport, avec tout ce que ça implique comme problèmes de légitimité, c’est quelque chose que je n’aurais jamais envisagé.” Pourtant, Maryam n’a pas à rougir. Elle devrait même envoyer balader pour de bon et sans crainte ce syndrome de l’imposteur, qui revient malheureusement frapper de temps en temps à sa porte. Déjà parce qu’à bientôt 45 ans elle a accompli de grandes choses, mais aussi parce que cette nomination au BNM sonne à la fois comme un aboutissement et un retour aux sources.
Formée au ballet et à la gymnastique rythmique dès son plus jeune âge, puis au modern jazz, Maryam est devenue championne de France de GR à 14 ans en individuel, puis une nouvelle fois en duo à 16 ans (excuse you !). Après avoir obtenu son brevet d’Éducatrice sportive des Activités gymniques option GRS et métiers de la forme, elle sort diplômée en 2005 de l’Université Paris V en STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives, option sociologie du sport). Autant dire qu’elle a ça dans le sang, comme le reste de sa famille et en particulier sa sœur, Safi N’Diaye, six fois championne de France de rugby avec l’équipe de Montpellier et titulaire de 91 sélections en équipe de France avec laquelle elle a joué trois Coupes du monde et remporté deux grands chelems au tournoi des Six Nations. En 2014, pendant que sa sœur transforme l’essai, Maryam, qui à l’époque est coach sportive personnelle, décide de tout plaquer pour partir vivre à Rio de Janeiro au Brésil. “J’en avais marre de Paris. Le mood général, le climat, les gens… j’étais à bout. J’avais besoin de quelque chose de nouveau”, confesse-t-elle. Et elle va être servie. Comme cette fois en 2016 où, repérée par un chorégraphe, elle finit par danser dans le cortège officiel du carnaval de Rio 2017, devenant ainsi la première Française ever de l’Histoire à défiler en “comissão de frente” (cortège de tête).