Il aura fallu cinq ans à la designer et son équipe pour admirer l’aboutissement de ce projet d’envergure, une exposition des plus belles pièces – une centaine – signées Iris Van Herpen mais aussi de son travail d’atelier, de recherche et de son art de sculpter les sens et les matériaux inédits qui confèrent à ses créations des airs de chimères plus oniriques les unes que les autres. L’eau, le squelette, les champignons ou encore les vibrations, l’exposition est construite autour de sept thèmes chacun relié à un artiste contemporain. Les œuvres d’une douzaine de talents triés sur le volet accompagnent les robes iconiques de la maison, leur donnant une résonance toute particulière. Lorsqu’on passe le pas de la première salle, l’effet immersif est immédiat grâce au travail de l’artiste sonore qui accompagne Iris Van Herpen depuis des années, notamment pour la musique des défilés. Ces onomatopées minéraux un peu flottantes tintent tout le long de la visite et de l’interview faisant échos au charisme placide de la créatrice dont le phrasé sonne presque comme une séance d’ASMR. Nous abordons notamment son rapport à la nature, aux nouvelles technologies, au rêve et au féminisme, tout ce qui en somme construit l’univers d’Iris Van Herpen.
Mixte. Vos créations sont toujours très organiques, la nature est très présente dans votre travail. De quel élément tirez-vous le plus d’inspiration en ce moment ?
Iris Van Herpen. J’ai grandi dans une très belle région, un petit village des Pays-Bas, Walem, et la nature m’entoure depuis mon enfance. L’eau, la mer, mais aussi les montagnes et les éléments microscopiques m’inspirent beaucoup. La nature recèle de nombreuses beautés cachées comme les algues ou le mycélium qui poussent sur le sol et dont la structure de croissance est magnifique. Le livre Entangled Life m’a vraiment influencé, il explique le système de croissance dans la nature. Et en fin de compte, c’est elle la plus grande artiste.
Tout ce que notre cerveau peut imaginer existe déjà dans la nature d’une manière ou d’une autre, donc en la regardant très attentivement, on alimente notre imagination. C’est aussi un moyen de se reconnecter. Je pense que nous vivons à une époque où il est crucial d’interroger notre relation à la nature. L’approche durable est un élément très important de mon travail et j’espère qu’en le découvrant, les gens auront envie de se reconnecter. Il faut absolument savoir observer la nature, s’en rapprocher pour mieux la comprendre.