“C’est bien joli d’afficher des rainbow flags, mais derrière, personne ne nous aide.” – intervient alors Ravel, 22 ans, jeune femme trans. “Cela fait un moment que je n’avais pas fait une Pride et les revendications politiques de celles-ci me paraissent importantes.” – Pour la jeune femme, les luttes anticapitalistes sont primordiales : “typiquement pour les transitions de genre, il y a des intérêts économiques derrière. Les produits hormonaux sont encore privilégiés pour les femmes cis ménopausées, on a souvent des produits sous-optimaux et derrière, on privilégie les intérêts des labos.”
Pour Bilal, pour qui c’était la première Pride Radicale, “le système capitaliste vise et défavorise les personnes précaires, et ce système va être d’autant plus violent dès lors que la personne va cumuler les discrimination.” – Selon lui, “la Pride Radical permet également de lier les discriminations LGBTphobes avec toutes autres discriminations, qu’elles soient sociales ou raciales, que cela concerne également l’égalité des chances dans la société.
“Je pense qu’il est important d’organiser une Pride anticapitaliste et de boycotter celle de l’Inter-LGBT dans laquelle on peut voir des chars Mastercard parce que le capitalisme est tout ce que nous combattons dans nos luttes”, nous raconte Angèle, femme trans.. On pourrait penser qu’il n’y a pas de lien entre capitalisme et LGBT mais en vérité je pense que le capitalisme se retrouve partout, qu’importe la lutte. Le capitalisme nuit au bien-être des personnes autant que celui de la planète. Donc nous sommes pour une Pride qui rompt avec tout cela, hors de question en 2022 de marcher à côté de ce que l’on combat.” Pour elle, L’hétéro-normativité est également un véritable moyen d’oppression : “Un papa, une maman, une fête chacun. Le papa fait des cadeaux, la maman fait le ménage. On le voit très bien dans les grandes surfaces ou dans les magasins en général. La fameuse taxe rose sur les filles, les produits bleus pour les garçons. Tout est hétéro. Les rares produits lgbt ne sont que du pinkwashing. Cette hétéro-normativité ne laisse pas la possibilité de sortir des cadres que l’on nous impose depuis notre naissance”.
Voilà, vous l’aurez compris. Être queer, ce n’est pas défiler avec le char de la police ou celui de grandes entreprises bancaires. Être queer, ce n’est pas acheter des vêtements de fast-fashion aux couleurs de l’arc-en-ciel uniquement quand le Pride Month pointe le bout de son nez en juin. Être queer, c’est un combat quotidien. Être queer, c’est être féministe, antiraciste, anticapitaliste, pro-trans, pro-migrant et pro-TDS. Tout ça à la fois. Être queer, c’est être radical.e. Let that sink in.