Texte :  Antoine Leclerc-Mougne 

Comme chaque saison, New York ouvre le bal du big four des capitales de la mode. Si elle reste sans doute la semaine la plus commerciale, la fashion week de New York aura moins eu le mérite de se positionner une fois de plus comme un étendard de la diversité mais aussi de la jeune création. Avec, cette saison, un penchant prononcé pour le fun, le weird et le kink. Récap’ en 8 points.

La mode à New York, c’est le business, le profit, la consommation, le star system. Le capitalisme en somme. Il suffit de voir les front rows remplis de célébrités et les silhouettes des marques jouant majoritairement sur le tailoring, le casualwear et/ou l’eveningwear pour le comprendre (coucou Michael Kors, Coach, Prabal Gurung, Proenza Schouler, Tory Burch, Gabriela Hearst). Cependant, cette saison, certaines marques se sont démarquées de ces classiques new-yorkais en choisissant d’apporter un peu plus de diversité, de poésie, de fun, de flamboyance et d’étrangeté. C’est le cas de Thom Browne (nouveau chairman du CFDA) qui a réintégré le calendrier officiel de la grosse pomme en proposant une collection magnifique inspirée du Petit Prince de Saint-Exupéry. Plusieurs autres marques ont aussi choisi de développer un univers fun, onirique et fantasmé (tenues flamboyantes, silhouettes déformées, masques d’animaux, références enfantines ou carnavalesques) comme Rodarte, Area, Collina Strada, Palomo Spain. D’autres ont préféré jouer la carte du kinky et du sexy à outrance avec du latex, de la peau apparente et des échancrures comme Dion Lee, Laquan Smith, Elena Velez ou encore le très en vogue Luis de Javier qui a présenté son premier défilé en collaboration avec Pornhub. Mention notable : le défilé de la marque Khaite, titulaire du prix “designer de l’année” dans la catégorie mode féminine au CFDA Fashion Awards en novembre 2022, qui a présenté l’une des meilleures collections de la semaine entre élégance, minimalisme et exubérance. Point commun à quasi toutes les marques du calendrier : leur volonté de proposer la sélection de mannequins la plus diverse de l’industrie, que ce soit en termes de corps, d’origine ou d’expression et d’identité de genre. Et ça c’est un grand oui.

1. C’EST LE CARNAVAL OU QUOI ?
Christian Cowan FW23, Collina Strada FW23, Luis de Javier FW23, Thom Browne FW23, Private Policy FW23, Area Couture SS23.

Cette saison à New York, c’est comme si on avait décidé de se déguiser et de faire fi des codes vestimentaires sociaux les plus basiques (masques d’animaux, références aux fruits, influences carnavalesques…). Osef du politiquement correct. Prônons le retour à l’enfance, à la désinvolture, à la fête et au fun. C’est carré. Vu chez Christian Cowan, Private Policy, Thom Browne, Collina Strada, Area, Rodarte, Luis de Javier…

2. LA POLITIQUE DE LA TRANSPARENCE
Kim Shui FW23, Heron Preston FW23, Tia Adeloa FW23, Jason Wu FW23, Sandy Liang FW23, Laquan Smith FW23.

Ça a beau être l’hiver avec le froid qu’on lui connaît, il va pourtant falloir dévoiler de la peau et surtout jouer la carte de la transparence (pas comme le gouvernement vis à vis de la réforme des retraites si vous voyez ce qu’on veut dire…). Vu chez Kim Shui, Heron Preston, Tia Adeola, Eckhaus Latta, Jason Wu, Tia Adeola, Sandy Liang, Area, Rodarte…

3. LIBERTÉ, ÉGALITÉ, DIVERSITÉ
Elena Velez FW23, Luis de Javier FW23, Puppets and Puppets FW23, Coach FW23, Eckhaus Latta FW23, Collina Strada FW23.

Comme à son habitude, New York a proposé une cabine de mannequins ultra-diverses. Un positionnement à souligner et à célébrer quand les autres fashion weeks sont encore trop frileuses à représenter la société telle qu’elle est. C’est-à-dire pas uniquement blanche, cis, jeune et maigre. Vu chez Puppets and Puppets, Collina Strada, Tia Adeola, Palomo Spain, Coach, Elena Velez, Luis de Javier…

4. LET’S TALK ABOUT SEX
Luis de Javier FW23, Christian Cowan FW23, Dion Lee FW23, Elena Velez FW23, Kim Shui FW23, Laquan Smith FW23.

Comme une suite logique de la transparence, l’univers du sexe a tenu une place hyper forte pendant cette fashion week new-yorkaise. Qu’il soit suggéré, frontal, kinky, raffiné, l’appel au Q est partout. Vu chez Luis de Javier, Christian Cowan, Elena Velez, Dion Lee, Laquan Smith, Kim Shui, Head of State…

5. PAS LASSÉ·E DES LACETS
Proenza Schouler FW23, Elena Velez FW23, Kim Shui FW23, Heron Preston FW23, Rodarte FW23.

Que ce soit en cordage, en ceinture, en attache ou en laçage (logique), le lacet est partout cette saison à New York. On espère que vous savez faire vos noeuds. Vu chez Kim Shui, Heron Preston, Proenza schouler, Dion Lee, Rodarte, Palomo Spain, Elena Velez…

6. T’IMPRIMES OU BIEN ?
Prabal Gurung FW23, Thom Browne FW23, Altuzarra FW23, Ulla Johnson FW23, Cinq a Sept FW23.

Histoire que vous imprimiez bien ce qu’on vous raconte, les marques ont choisi l’option premier deg’ : vous faire porter des imprimés all over. Vu chez Ulla johnson, Thom Browne, Cinq à sept, Prabal Gurung, Altuzarra…

7. LA COUTUME DU COSTUME
Tory Burch FW23, Gabriela Hearst FW23, Proenza Schouler FW23, Michael Kors FW23, Laquan Smith FW23.

N’oublions pas que nous sommes dans l’antre du capitalisme, la ville où les loups de wall street sont prêts à tout pour faire spéculer quelques dollars. Et qui dit spéculation, dit business et dit costume et tailoring. Bitch better have my money sans doute. Vu chez Tory Burch, Proenza Schouler, Gabriela Hearst, Laquan Smith, Michael Kors…

8. DRAMA QUEEN
Michael Kors FW23, Area Couture SS23, Carolina Herrera FW23, Adeam FW23, Rodarte FW23.

Que serait la fashion week de New York sans ses “evening gowns” de red carpet pour real housewives au bord de la crise de nerfs ? Probablement pas grand chose. Vu chez Michael Kors, Carolina Herrera, Adeam, Area, Willy Chavaria, Rodarte…