Mixte Magazine

Entre la maison Saint Laurent et le Maroc, c’est une histoire d’amour qui dure. Le pays du couchant n’a cessé d’inspirer esthétiquement son fondateur, Yves Saint Laurent, et a été son refuge, à tel point que celui-ci y avait installé une propriété au milieu des années 1960. C’est pour rendre hommage à ce lien indéfectible, et aussi pour célébrer la beauté du Maroc qu’Anthony Vaccarello, directeur artistique des collections Saint Laurent depuis 2016, a choisi de présenter sa collection Homme Printemps-Été 2023, au coeur du désert d’Agafay, près de Marrakech, quelques semaines après la clôture de la fashion week homme à Paris. Anthony Vaccarello confirme avec ce défilé sa volonté de se démarquer des autres maisons, en présentant une collection hors calendrier officiel et dans un lieux exceptionnel, une fois de plus. Il y a un an, la maison parisienne choisissait Venise pour dévoiler son défilé homme printemps-été 2022 sur l’île de la Certosa, au milieu de la lagune, dans une installation spécialement conçue pour l’occasion par l’artiste américain Doug Aitken. Pour ce défilé dans les plaines arides marocaines, la maison a fait appel à l’artiste et scénographe britannique Es Devlin – collaboratrice régulière de Beyoncé et Kanye West sur leurs tournées, rien que ça – qui a conçu au milieu du sable balayé par le chergui marocain une plateforme circulaire autour de laquelle cinquante modèles se sont succédés pour présenter le nouveau vestiaire masculin.

Un vestiaire Homme minimaliste

Au-devant de l’oasis qui semblait plus vraie que nature réalisée par Es Devlin, Anthony Vaccarello a donc présentait ce samedi 16 juillet une collection minimaliste très Saint Laurent. Il retravaille le smoking, étire les silhouettes, accentue les épaules et marque les tailles en hauteur. Les coupes des manteaux sont structurées et celles des pantalons évasées. Les silhouettes sont androgynes et se dessinent principalement en noir sur un fond de sable beige. « Le noir, pour moi, est la meilleure façon de voir une silhouette – surtout dans le désert, on la voit clairement, presque comme une esquisse », a déclaré Anthony Vaccarello avant le défilé. Côté chaussures, les mannequins portent des fines sandales en cuir, parfaites pour fouler le sable chaud du Sahara. Plusieurs ensembles satinées comportent des vestes longues ceinturées autour de la taille et des pantalons amples, quelque part entre le confort du homewear et la flamboyance d’une tenue imaginée pour aller danser toute la nuit.

Un show po-éthique

Qui dit défilé en grandes pompes, célébrités en front row (Catherine Deneuve et Béatrice Dalle, entre autres, ont répondu présentes) et décors grandioses ne dit pas forcément conscience écologique, a priori, on est bien d’accord. Pourtant, la maison Saint Laurent semble avoir mis un point d’honneur à mettre en action ses engagements environnementaux dans la réalisation de ce défilé. La marque a en effet déployé un important dispositif visant à limiter au maximum l’empreinte de l’événement, à commencer par la consultation d’experts locaux de la flore et de la faune, notamment les reptiles et les oiseaux. Le long des pistes parcourues pour emmener les invités sur le lieux du défilé, des systèmes de tuyaux spécifiques ont été mis en place pour permettre aux animaux de s’abriter. L’eau utilisée, non potable, servira ensuite à des projets d’irrigations dans le désert d’Agafay. Les assises et les tentes du défilé ont été commandées à des artisans de Marrakech, qui pourront récupérer certains matériaux afin d’être upcyclés en tapis et pour des projets de constructions locales. Saint Laurent s’est également associée pour ce projet avec plusieurs organisations, dont Amal (une ONG qui forme les femmes aux arts de la cuisine et de la table), ou encore la Fondation du Haut Atlas. A travers celle-ci, la maison défendra un projet de développement d’arbres fruitiers dans les villages aux alentours et des projets éducatifs pour les écoles des communes environnantes. De quoi réduire l’empreinte carbone de la maison Saint Laurent à néant ? Surement pas, mais il faut lui reconnaître le mérite de mettre en place concrètement ses engagements écologiques.