3. LA PRESTATION MAGISTRALE DE NICK COUTSIER
L’un des moments les plus forts et les plus émouvants du festival reste sans doute la prestation du danseur contemporain belge Nick Coutsier. Proche de la Villa Noailles (on sait qu’il y a déjà passé des petits week-ends entre ami·e·s…), Nick a été engagé cette saison pour produire et performer une chorégraphie de sa propre création le troisième jour du festival. Au passage, si vous ne connaissez toujours pas Nick, vous passez vraiment à côté d’un des danseurs les plus doués et les plus prolifiques de sa génération. D’ailleurs, si vous voulez en savoir un peu plus sur lui, on vous invite vivement à lire le portrait qu’on avait réalisé à son sujet dans le numéro Utopia de Mixte sorti en septembre 2020. Un portrait dans lequel on vous explique qu’il a notamment travaillé avec Sidi Larbi Cherkaoui, Marine Serre, le Ballet Royal de Flandre ou encore Beyoncé (rien que ça).
Autant dire qu’avec cette liste de collaborateur·rice· s de renom qui ont déjà fait appel à lui, on ne pouvait s’attendre qu’à une performance remarquable de sa part. Et encore, le mot est faible. On pourrait aussi qualifier cette dernière d’hypnotisante, inspirante mais surtout de bouleversante. Car pour sa prestation, Nick a choisi une chorégraphie itinérante dans les jardins de la Villa Noailles interrogeant son rapport à la virilité, à la masculinité, à la fragilité mais aussi à sa volonté de se libérer d’un certain carcan social.
Tout a commencé sur une cloche installée sous l’ancien pigeonnier de la Villa. Là debout, les membres inférieurs immobiles, il a commencé à contorsionner uniquement le haut de son corps, à s’enlacer, à se cambrer, rentrant petit à petit dans son personnage avec un râle et un souffle prenant et intriguant — comme s’il entrait en transe — avant de taper dans ses mains, de descendre de la cloche et d’entamer, recouvert d’un long drap rouge diaphane, une marche itinérante qui invitait littéralement le public à le suivre dans son évolution créative.
Et c’est là, sur une estrade rouge installée sur le parvis de la Villa Noailles (qui offrait par la même occasion une vue imprenable sur la mer et la ville de Hyères, avec en option une lumière magnifique offerte par le début de la golden hour), que Nick a commencé à devenir plus énergique, bougeant un peu plus toutes les parties de son corps sur un audio reprenant un discours de l’artiste et activiste américain·e non-binaire Alok Vaid-Menon, connu pour militer et éduquer sur le racisme, les questions de genre et la culture queer. Puis histoire de finir en beauté pour la dernière partie de sa performance, Nick a fini dans une explosion de mouvements libérateurs et exultants mêlant hip-hop et contemporains sur le morceau Gangsta’s Paradise de Coolio. Inutile de vous dire que la foule présente, transportée par l’intensité de la performance, a fini en larmes avant de lui offrir une standing ovation. On a encore du mal à s’en remettre.